Our Survival Depends on Us - Scouts on the Borderline Between the Physical and Spiritual World
Chronique
Our Survival Depends on Us Scouts on the Borderline Between the Physical and Spiritual World
Avez-vous déjà visité Salzbourg ? La ville natale de Mozart tire sa fierté de son prodigieux natif, de son architecture baroque jusqu’à l’indigestion, et de ses pâtisseries à se damner. Et non l’inverse. J’ai bien du mal à me figurer cette cité guindée et assoupie dans son illustre passé comme le berceau d’un groupe tel qu’OUR SURVIVAL DEPENDS ON US dont les membres ressemblent plus à une bande de hippies s’en revenant de Katmandou qui auraient croisé en chemin une faune sauvage, des sorciers de tous poils et des esprits de tous bords. Je les imagine plus volontiers s’enfoncer dans les denses forêts et escalader les féeriques montagnes du Salzkammergut tout proche pour y puiser leur inspiration au cœur d’une nature foudroyante de beauté. Cependant, nous aurions tort de railler leur allure de bohémiens dépenaillés mendiant devant le Nature et Découvertes du coin, car s’il y a bien un groupe qui évite le piège à loup de la mascarade tribale à deux balles, c’est bien OUR SURVIVAL DEPENDS ON US, OSDOU pour les intimes (avouez que l’acronyme est plutôt approprié en langue française !), en raison d’une authenticité qu’il serait bien difficile de prendre en défaut. Chez eux, rien n’est feint, encore moins surjoué, tout est ici question de justesse dans l’interprétation, de générosité dans la transmission, d’émotion dans le partage.
Alors, OSDOU serait-il un énième "groupe inclassable à l’univers très personnel" ? Je vous vois venir en me jetant à la figure qu’il s’agit là de l’argumentaire de celui qui se trouve à court d’idées pour encenser un projet musical sortant des sentiers battus. C’est fort possible pour bien d’autres formations qui tentent désespérément de se démarquer qui par le visuel, qui par la thématique, sans réelles convictions chevillées au corps, mais ce n’est pas le cas d’OUR SURVIVAL DEPENDS ON US. Impossible de ne pas croire à la sincérité en la foi païenne qui anime chaque minute des huit titres que contient le troisième album des Autrichiens, dont on s’imprègne presque instantanément si tant est que l’on soit sensible à ce message à la vocation universelle : la beauté et la bonté de ce monde se nichent dans les ruisseaux, les rochers et les brumes des forêts, dans chaque élément de la prodigieuse nature qui nous entoure.
En témoigne cette plongée immédiate dans un univers mêlant spiritualité et chamanisme avec "Tunes of Judgement" sur fond d’écoulement d’eau cristalline, d’agitation de crécelle et de colifichets, de percussions artisanales et de chant diphonique. Le rituel se poursuit avec un titre plutôt détonant, une cover surprenante mais néanmoins très réussie, presque joyeuse, de "Let my People Go" de Diamanda Galás, artiste d’avant-garde surnommée la Diva des Possédés, que je ne peux que vous inviter à découvrir si vous ne la connaissez pas encore. S’ensuit alors le "Sacré Coeur" de ce merveilleux album, cinq morceaux frôlant la perfection, avec en point d’orgue le sublime "My Sons and Daughters" au cours desquels éclate au grand jour l’excellent travail sur le chant ou plutôt les chants, que se partagent Thom, Mucho et Barth. Leurs voix, aux tessitures différentes s’entrecroisent et se superposent sur de magnifiques lignes de chant, mélodieuses, délicates, désarmantes, parfois fougueuses. Suave sur "We Are Children of the Dawn", poignante sur "The Bloody Path", profonde sur "The Mountains of my Home" avec pour seul accompagnement un piano (chair de poule garantie), gutturale sur "A Sacred Heart", sans oublier le choeur féminin de toute beauté sur "My Sons and Daughters", les voix se révèlent de puissantes pourvoyeuses d’émotions portées par des textes simples mais sincèrement touchants. Simple aussi, l’instrumentation, parfois même minimaliste, mais non dénuée de qualités, servie par un son clair et massif et des arrangements particulièrement soignés, qui ne nuisent pas, bien au contraire, à la portée du message véhiculé par les Autrichiens : il n’y a qu’un culte qui vaille, celui de la terre qui nous a vus grandir, celui de l’air que l’on respire, qu’une seule source de chaleur pour l’Humanité, celle du soleil qui darde ses rayons sur notre peau.
Plus sensible et chaleureux que ses prédécesseurs, plus passionné et instinctif que son successeur Melting the Ice in the Hearts of Men, Scouts on the Borderline Between the Physical and Spiritual World est sans conteste la plus belle offrande qu’OUR SURVIVAL DEPENDS ON US ait déposé sur l’autel dédié à Dame Nature, le plus bel accompagnement musical qui soit pour communier au nom de Gaïa.
L’excellent label Ván Records a encore eu le nez creux en signant en 2015 et pour la première fois ce groupe dont on vient d’apprendre les départs regrettables de son membre fondateur Mucho (guitare et chant), de Thomas (batterie) et Hajot (clavier). Espérons que Thom et Barth, seuls maîtres à bord désormais, puissent continuer à nous convier à d’autres cérémonies tout aussi contemplatives.
| ERZEWYN 13 Novembre 2021 - 824 lectures |
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