J’ai loooooongtemps hésité :
Sexless,
Permanence ?
Permanence,
Sexless ? Entre ces deux sorties millésime 2021, mon cœur balançait sérieusement. Mais par quelle corne saisir DEMON GOAT pour l’agiter sous le nez des lecteurs de Thrashocore en guise de prise de guerre à découvrir de toute urgence ? Avant toute chose, une courte présentation s’impose : derrière le projet Black/Doom DEMON GOAT se cache l’insaisissable et solitaire Dan Barnett, originaire de Denver dans le Colorado et éphémère batteur (2012) du groupe de Doom KHEMMIS… c'est tout. Nous voilà bien avancés, mais encore une fois, quelle importance ?
D’abord intriguée et irrésistiblement attirée par cette troublante photo, ce geste de supplication (?) d’une femme (peut-être) marquée dans sa chair du monogramme de DEMON GOAT, l’écoute de ces deux titres m’a immédiatement fait chavirer et l’évidence s’est imposée : avec DEMON GOAT, tout est affaire de cœur, de corps et d’esprit, tout ce que j’aime, en somme !
Les deux titres de
Sexless ne sont autres que le télescopage exalté de trois couches sonores distinctes : le minimalisme et le dépouillement d’une rythmique répétitive et glaçante, des cordes vocales à vif, écorchées, attaquées par les maux qui les parcourent et, en guise de mince lueur d’espoir, ce clavier omniprésent, lumineux, presque chaleureux. La lenteur lénifiante de "Ridden", l’austérité solennelle de "Chamber of Psychosis" sont magnifiées par la froideur anesthésiante d’un son aux perceptibles touches d’Ambient et d’Indus, créant ainsi une atmosphère sinistrement belle et particulièrement enveloppante. L’instrumentation de DEMON GOAT se met au diapason des corps meurtris, des âmes fragilisées par l’abandon, les ambiances soufflent le chaud mais surtout le froid dans l’esprit de ceux qui hésitaient à se dévoiler et ainsi mettre à nu les tourments de leur intimité et qui, finalement, se sentant moins seuls, se reconnaîtront dans ce désespoir du lointain souvenir de la peau. Maigre consolation, mais consolation quand même, dirons-nous. L’engourdissement des sens, l’austérité désolante de l’abstinence, la douleur lancinante de l’absence et de la solitude, voilà ce que retranscrit à la perfection
Sexless.
Oh… et puis zut ! Je m’autorise à ajouter quelques mots sur
Permanence, l’EP sorti quelques mois plus tôt, parce que je le trouve finalement indissociable de
Sexless qu’il précède : ses trois titres se sont échappés de la même imagination tortueuse et torturée, sont issus du même univers terriblement sombre et à la fois bouleversant, recèlent la même mélancolie à fleur de peau qui prend aux tripes et les retourne, bien que moins abrupt et plus flamboyant ("Projection of the Detested Self"), ce qui ouvre encore d’autres perspectives. En tout cas, il serait bien dommage pour vous de ne pas y jeter une oreille dans la foulée et pourquoi pas, si votre curiosité est piquée, remonter encore plus haut dans la discographie, loin d’être aussi homogène, mais je n’en dirai pas plus. A vous de choisir !
Magritte aurait dit que ceci n'est pas la pochette de Permanence.
Pour dire la vérité, je n’avais que l’embarras du choix pour lever le voile sur l’œuvre profuse de DEMON GOAT, celle-ci ne comprenant pas moins de cinq albums et vingt-cinq EPs auxquels s’ajoutent un single et une demo - celle justement mise à l’honneur aujourd’hui - sortis sur une courte période de six années seulement. Mais comme je suis loin d’avoir fait le tour complet de cette riche discographie, que mon cœur a palpité encore plus vite que d’ordinaire lors de mes écoutes inlassables de
Sexless et que je tiens à faire figurer le travail de Dan Barnett dans mon bilan de l’année 2021 dans la catégorie « Découvertes », autant commencer, en vertu d’une logique plus que discutable, par sa dernière réalisation. Cette demo (et l’EP
Permanence, si si, j’insiste, écoutez-le aussi) s’avère être, malgré sa brièveté, une admirable introduction à l’univers de DEMON GOAT, qu’il est finalement plutôt judicieux de découvrir à rebours.
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