Ossuaire - Triumvirat
Chronique
Ossuaire Triumvirat (EP)
Depuis ses débuts en 2016 et porté ensuite par l’excellent accueil réservé à sa doublette
« Premiers Chants » /
« Derniers Chants » le quatuor de Montréal est devenu une des valeurs-sûres de la nouvelle scène noire venue du Québec, la belle province restant avec les années un des meilleurs lieux de création du genre à l’international. Si le combo s’est fait discret depuis ses deux albums enchaînés à quelques mois d’intervalle celui-ci revient aujourd’hui pour ne pas se faire oublier auprès des fans, à l’heure où la concurrence est exacerbée à l’extrême et où il facile de disparaître des radars. Du coup plutôt que de les faire poireauter encore longtemps avec un opus complet loin d’être fignolé il s’est décidé de sortir un Ep qui a néanmoins suffisamment de contenu pour ne pas décevoir, vu qu’avec quatre nouveaux morceaux pour une durée générale avoisinant la demi-heure on ne peut pas dire que les gars aient fait les choses à moitié. Si les attentes concernant son contenu sont importantes il faut bien reconnaître qu’il va falloir un peu de temps et de patience pour bien l’assimiler tant le résultat va faire passer l’auditoire par tous les états, autant du côté de la surprise que vers la déception et être ainsi au final légèrement déconcerté par cette nouvelle livraison.
Car si l’introduction angoissante, glaciale et sombre nous emmène vers une ambiance propice au recueillement comme vers celle d’une messe noire, le long et tortueux « La Sainte Purge » va être surtout une longue redite radicale et violente où les blasts vont donner le ton la majeure partie du temps, avant qu’en leur sein de greffent ici et là quelques parties rapides et d’autres lentes mais éphémères. Porté par des riffs primitifs et aiguisés répétés presque en boucle l’ensemble se montre vite hypnotique et neigeux, tant on est emporté par le blizzard local mais où émerge une désagréable sensation du fait notamment de cette batterie sablonneuse mise hyper en avant et qui finit par bouffer tout l’espace disponible quand celle-ci se déchaîne. Proposant ici une composition primitive et directe le groupe joue avec sérieux et professionnalisme, même si ça reste très balisé et peut laisser croire d’une exécution en pilotage automatique légèrement dommageable pour l’accroche générale, un constat que l’on va retrouver dans la foulée sur « Triumvirat » aux accents épiques mais à la radicalité toujours exacerbée… voire même trop justement. Car là-encore la rythmique enlevée où le pied n’est jamais levé finit par provoquer une sensation de linéarité évitable, même si la haine dégagée est addictive à souhait et donne clairement envie de rejoindre le Malin et ses légions, même si tout cela est encore une fois très générique.
Néanmoins la deuxième moitié de ce disque sera d’un bien meilleur acabit, lié notamment au fait que les québécois vont ralentir clairement l’allure et ainsi densifier une musique qui va se faire moins brutale mais plus dense et intéressante en jouant sur les ambiances mortifères et spatiales, offrant ainsi un rendu surprenant mais réussi. En effet le long « Ignipotentis » va étonner d’entrée avec ses arpèges acoustiques doux et apaisants auquel vont se succéder alternativement des passages rampants au rythme totalement bridé et d’autres plus déchaînés qui renvoient à la météo hivernale du Canada, entre accalmies attendues et coups de vents dévastateurs. Si tout cela dure neuf minutes cela ne montre jamais de longueur du fait des nombreuses variations et des ralentissements qui créent une musique oppressante qui sans rien révolutionner se montre plus profonde, et sert d’avant-goût à la conclusion intitulée « Cénotaphe ». Ici nulle trace d’accélération ou de rapidité n’est présente mais au contraire la rythmique reste pesante et au ralenti, histoire de terminer sur quelque chose d’éthéré et d’aérien où les voix amènent elles-aussi un supplément d’âme, vu que ça passe facilement du cri le plus désespéré à celle parlée de façon divinatoire et se la jouant grand-maître de cérémonie. Voyant également l’ajout de nappes de claviers discrètes et efficaces cette fin clôt les hostilités de la meilleure des façons tant ici ça se montre plus inspiré et moins monotone que ce qui était proposé au tout début de l’écoute, et prouvant que c’est en étant dans cette veine que l’entité est la plus efficace.
Montrant donc deux facettes à la fois semblables mais aussi diamétralement opposées ce nouveau chapitre dans la carrière de la bande se montre intéressant mais aussi trop inégal pour marquer durablement les esprits, tant au contraire de ces deux longs-formats il se montre en dessous d’eux et sera de fait relativement vite oublié. Si ses créateurs ont l’air d’avoir le cul entre deux chaises il leur faudra faire un choix dans leur orientation, au risque de perdre ce qui faisait jusqu’à présent leur charme et de devenir dans le futur une formation lambda de deuxième division du genre. Ceci serait franchement dommage vu le potentiel de ses membres et de la cohésion qui en résulte, même s’il est certain que ça n’est pas avec ce cru 2021 qu’ils vont gagner de nouveaux fans, tant il n’est pas du tout indispensable malgré ses qualités intrinsèques.
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