VR Sex - Rough Dimension
Chronique
VR Sex Rough Dimension
Mes collègues sont cool (pas toujours, mais souvent). Je le dis parce que nous ne sommes pas vraiment du genre à nous envoyer des fleurs les uns les autres, et cela même sur le forum privé. Du coup, je profite de cette chronique pour les remercier de me laisser parfois sortir du cadre de ce "webzine Metal à tendance brutale" afin d’aller explorer d’autres horizons plus ou moins proches et parfois très chers (ouais, il y aura d’autres chroniques "Grunge" à venir). Bien entendu je fais les choses proprement en allant solliciter leur approbation mais encore une fois, ces derniers pourraient parfois légitiment trouver à y redire même s’ils ne l’ont pourtant encore jamais fait. Du coup, me revoilà avec le genre de digression qui pourrait en froisser quelques-uns et qui, si elle n’intéressera peut-être pas grand monde, pourrait tout de même mettre quelques lecteurs sur le bon chemin.
Formé à Los Angeles par un certain Noel Skum (qui n’est rien d’autre que l’anagramme d’Elon Musk) que quelques-uns d’entre vous ont peut-être déjà croisé sous le nom d’Andrew Clinco (tête pensante des excellents Drab Majesty), VR Sex évolue dans un registre à la croisée des chemins, quelque part entre Post-Punk, Synth-Punk et Deathrock. Des genres qu’habituellement je ne fréquente pas beaucoup mais qui formulés ainsi par le groupe américain à géométrie plus ou moins variable ont su faire mouche dès la première écoute. Paru en début d’année sur Dais Records (Drab Majesty, High Vis, Merzbow...), Rough Dimension est déjà le deuxième album de VR Sex et à l’heure de dresser le bilan 2022, je ne me voyais pas passer sous silence l’un des albums qui finalement a le plus tourner chez moi cette année.
Enregistré et mixé par Ben Greenberg (Uniform, The Men, ex-Bloody Panda) qui a notamment collaboré par le passé avec des artistes tels qu’Algiers, Metz, Portrayal Of Guilt ou bien encore Soft Kill, Rough Dimension attrape directement l’oeil grâce à son artwork qui sent le vice et la menace et à cette typographie en mode pixel art qui forcément change quelque peu de ces logos illisibles auxquels nous sommes habitués. S’il y a bien évidemment la blinde de synthétiseur néo-futuristes tout au long de ces trente-six minutes, je m’autorise ici cet aparté tout simplement parce que VR Sex propose une musique résolument Punk. On va ainsi retrouver tout au long de ce deuxième album des guitares particulièrement abrasives dont les riffs à trois notes (et généralement pas beaucoup plus) vont très vite s’imprimer dans notre cortex pour ne plus nous lâcher. Même constat pour cette batterie naturelle dont les beats simples et répétitifs finissent également par nous hypnotiser et, c’est finalement là le but premier, nous donner une furieuse envie de danser et de s’agiter (même tout seul sur sa chaise comme c’est le cas actuellement). Plus discrète mais néanmoins efficace, cette basse évidemment saturée mais aux sonorités synthétiques qui dispense ses lignes tout en rondeurs légèrement en arrière-plan. Bref, ne soyez pas inquiets, VR Sex est probablement plus Rock que certains groupes vendus sous cette étiquette à la Fnac où ailleurs...
Si Rough Dimension possède bien un côté particulièrement entêtant, le trio prend néanmoins la peine de varier les plaisirs, calmant le jeu régulièrement afin d’amener l’auditeur sur d’autres terrains. Outre "Cyber Crimes" qui fait ainsi office d’interlude bruyant et bruitiste, des titres comme "Walk Of Fame" (et ses premières secondes qui sonnent à mort comme du Hangman’s Chair), "Crisis Stage" ou "Snake Water" permettent ainsi de prendre les choses à revers grâce à des ambiances tantôt plus feutrées et aériennes ("Walk Of Fame") tantôt plus angoissantes ("Crisis Stage") sans pour autant perdre de vue l’aspect entrainant ("Snake Water"). On appréciera également le soin apporté aux mélodies et aux refrains qui font de Rough Dimension un album particulièrement efficace et mémorable. Avec sa voix saturée aux intonations parfois un petit peu maniérées mais jamais pénibles, Andrew Clinco n’a aucun mal à fédérer notamment sur certaines séquences particulièrement imparables comme c’est le cas sur "Gluten For Love", "Live (In A Dream)", "Crisis Stage" ou "Taste Of Hate".
Petit point de détail qui à néanmoins son importance, cette manière qu’à VR Sex de brouiller les pistes en enchainant parfois dans l’ombre, sans que l’on s’en rende forcément compte, deux titres pourtant bien différents l’un de l’autre. Après un passage d’anthologie concluant l’excellent "Victim Or Vixen", les Californiens embrayent sans attendre et surtout sans heurt avec le tout aussi convaincant "Gluten For Love". Même constat entre les derniers instants de « Crisis Stage » qui vont finalement servir d’introduction à l’utra-entêtant et ultra-dansant « Taste Of Hate ». Bref, ce qui a débuté comme un projet parallèle pour des idées plus brutes et lourdes s’est depuis affirmé comme un groupe particulièrement sérieux capable de ne pas répéter certaines de ses erreurs passées (on le verra peut-être si je me décide à aborder le cas du premier album Human Traffic Jam) afin d’aboutir aujourd’hui à quelque chose de particulièrement solide, convaincant et surtout absolument irrésistible dans son genre.
Inspiré par les bas-fonds de Los Angeles et sa vie nocturne débridée, dangereuse et fascinante, Rough Dimension prend rapidement des allures de bande-son futuriste Cyber Punk aussi hypnotique qu’irrésistible. Grâce à un sens de la composition particulièrement affûté (mélodies qui font mouche à chaque fois et cela sans forcer, batterie particulièrement efficace et entêtante, compositions variées et dynamiques malgré le caractère répétitif de certains patterns...), Andrew Clinco et ses acolytes signent avec ce deuxième album leur meilleure sortie à ce jour. Un disque en tout point abouti et qui a su s’affranchir des quelques erreurs et autres expérimentations pas forcément très convaincantes de son prédécesseur pourtant déjà solide. Voilà, je ferme les parenthèses et promet de revenir à des choses plus en adéquation avec la ligne éditoriale de Thrashocore. En attendant, si vous avez envie de sortir de vos playlists Metal habituelles et de vous acoquiner à ces genres que sont le Post-Punk et le Death Rock, voilà de quoi vous satisfaire et probablement vous rendre accro.
| AxGxB 15 Décembre 2022 - 1124 lectures |
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