Abythic - Eden Of The Doomed
Chronique
Abythic Eden Of The Doomed (EP)
Curieusement passé hors des radars au sein de la nouvelle scène Death venue d’outre-Rhin ABYTHIC n’a pourtant rien à envier à nombre de ses compatriotes, qu’ils évoluent dans un registre moderne ou plus rétro. Ayant choisi cette seconde voie la formation menée par Marco Di Bartolo n’a pas chômé depuis ses débuts en 2015 en ayant déjà sorti trois albums en à peine plus de trois ans, et ne semble toujours pas décidé à lever le pied vu qu’elle revient moins de dix-huit mois après sa dernière livraison… mais cette fois-ci sous la forme d’un court Ep qui confirme l’évolution musicale entendue l’an dernier. Car après un début de carrière aux accents primitifs marqué par de nombreux mouvements en interne son leader désormais guitariste et bassiste (après avoir débuté derrière les fûts) a trouvé autour de lui une stabilité qui lui a longtemps fait défaut, et lui a permis de franchir un cap avec l’arrivée sur le dernier long-format du hurleur Ulrich Kreienbrink - dont la puissance et la tessiture correspondent totalement au style pratiqué actuellement par le combo. S’inspirant autant d’ASPHYX que de GRAVE et BOLT THROWER celui-ci balance pendant dix-huit minutes trois compos rampantes et écrasantes à souhait (qui vont mettre les nuques à rude épreuve avec un plaisir non-dissimulé), et qui privilégient l’accroche générale à la déferlante technique où la lourdeur prédomine sur la vitesse qui sait néanmoins apparaître quand il le faut.
Ce schéma directeur va être mis à l’honneur sur les deux premiers morceaux de ce disque sans surprises mais diablement efficace, qui débute avec « Revelation From The Great Vastness Thereafter » au gros riff bien lourd et gras à la noirceur intégrale et au rendu général particulièrement suffocant et massif. En effet les influences Doom vont être prépondérantes tout en ayant le temps de se développer sur de longues plages massives et opaques, néanmoins afin de ne pas lasser les mecs vont brutalement accélérer et montrer ainsi de quel bois ils se chauffent en passant en revue des passages enlevés impeccables et explosifs. D’ailleurs cette construction va être reprise dans la foulée sur le tout aussi réussi « Conquest Of The One True Creed » qui va cependant être plus varié que le titre précédent, vu qu’on va avoir droit en plus à des passages en mid-tempo propices au headbanging ainsi qu’une série de blasts que personne n’avait vu venir (qui confirment que les gars sont aussi cohérents quand ils accélèrent et retrouvent ce côté instinctif et primitif de leurs débuts). Montrant une densité et homogénéité constante cette seconde composition dévoile le meilleur des Teutons et prouve qu’ils ont clairement gagné en expérience comme dans leur écriture qui se fait plus ambitieuse et affûtée, sans pour autant repousser l’auditoire bien que tout cela tourne (comme les autres plages d’ailleurs) aux alentours des six minutes. Cette durée n’est franchement pas un problème tant ses géniteurs n’hésitent à y ajouter quelques ambiances presque mystiques et religieuses au milieu de cette production claire et sèche, où chaque note de guitare et coup de caisse claire claque comme une lame de couteau dans l’obscurité de la nuit. Ce ressenti nocturne va d’ailleurs trouver son apogée sur l’inquiétant et dégoulinant « Victory In Your Eden Of The Doomed » où ça va rester calé en mode pépère en permanence, mais sans jamais là-encore être redondant via une montée en chaleur qui offre de la densité et surtout un groove implacable, où l’on s’étonne de presque secouer la tête.
Sans rien réinventer (tant ça reste très classique dans sa façon d’être joué et composé) ce nouvel enregistrement de l’entité prouve en tout cas que même en ayant mis un peu de côté cette violence débridée qui était la sienne il n’y a pas si longtemps, elle conserve toujours son attractivité et sa sobriété. Si tout cela sera évidemment trop court pour être totalement rassasié ça sera l’occasion pour les retardataires de se pencher sur les précédentes réalisations qui valent totalement le détour, et qui confirment que l’Allemagne a décidemment le vent en poupe en matière de gros son putride aux côtés des CARNAL TOMB, DEMONBREED, ENDSEEKER et consorts. Bref que du bon dont on a déjà hâte d’entendre une suite rapide, ce dont on ne doute pas vu la rapidité habituelle à laquelle les trois compères repassent par la case studio… affaire à suivre donc et le plus tôt sera le mieux.
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