Acephalix - Theothanatology
Chronique
Acephalix Theothanatology
Étonnamment, les Californiens d’Acephalix n’ont jamais trouvé preneurs parmi mes chers collègues. Pourtant, on ne peut pas dire que le groupe de San Francisco n’ait pas ce qu’il faut pour convaincre, maniant en effet avec un certain talent l’art de foutre un sacré bordel là où il passe. Ceci étant dit, après une prestation particulièrement musclée sur les planches du Kill-Town Death Fest 2022 à laquelle j’ai assisté avec grand plaisir et la sortie toute fraîche d’un nouvel album intitulé Theothanatology, il était temps que quelqu’un de sensé et avec des oreilles réceptives se penche enfin sur le cas de ces énergumènes particulièrement sympathiques mais décidément pas très finauds.
Débutée en 2007, la carrière d’Acephalix n’a pas été ce que l’on pourrait appeler un long fleuve tranquille. Après maints et maints changements de line-up, le groupe ou ce qu’il en reste décide de mettre fin à toute activité entre 2011 et 2015. Seuls rescapés de la première heure, Daniel Butler (Draghkar, Vastum...) et David Benson (Depressor, ex-Lawless, ex-Extinction) reviennent alors en 2017 avec sous le coude un nouvel album intitulé Decreation ainsi qu’un nouveau line-up prêt à en découdre. Malheureusement, le groupe devra faire face à de nouveaux départs et donc à de nouvelles embauches. C’est ainsi qu’est arrivée l’année dernière madame Erika Osterhout (Abysmal Dimensions, Chthonic Deity, Scolex...) et plus récemment monsieur Adam Walker (Iron Noose, Kata Sarka...) qui d’ailleurs n’a pas participé à la composition et à l’enregistrement de ce quatrième album que voici.
Paru fin septembre sur le label 20 Buck Spin, Theothanatology n’occupera qu’une petite demi-heure de votre temps. Pas de quoi s’étouffer mais pas de quoi non plus trouver le temps trop long face à une formule qui bien évidemment n’a strictement rien de nouveau à proposer. Car si Acephalix a débuté sa carrière comme un groupe capable de mélanger Death Metal et Crust de manière particulièrement habile et efficace, cette influence s’est au fil du temps estomper au profit d’un son et d’une approche désormais très similaire à celle des excellents Vastum, l’autre groupe du frontman Daniel Butler.
En effet, la frontière autrefois tangible est devenue de plus en plus ténue à tel point qu’il est aujourd’hui difficile de faire la différence entre ces deux groupes à l’écoute de leurs derniers albums respectifs. Ce qui a notamment changé pour Acephalix et cela dès la sortie de Decreation il y a cinq ans, c’est une production bien plus épaisse et surtout beaucoup moins croustillante qu’auparavant (ici signé intégralement - enregistrement, mixage et mastering - des mains expertes de Greg Wilkinson), un riffing nettement moins dans l’urgence et un chant beaucoup plus grave et profond et bien moins calqué sur celui de Chris Reifert. Naturellement, certain pourront trouver dommage ce léger changement de cap, personnellement, à l’écoute de ces deux derniers albums et bien que j’apprécie les précédents, cela me convient très bien.
Pourtant, si évolution il y a bien eu, on ne peut pas dire qu’Acephalix ait complètement viré sa cuti. En effet, depuis son retour aux affaires, le groupe californien a effectivement changé quelques éléments de sa musique tout en conservant néanmoins une solide et indéfectible base Punk / Hardcore. Cela se ressent d’emblée dans la dynamique de ses compositions, ces nombreuses séances de toupa-toupa et ce groove néandertalien aussi délicieux que rétrograde. Clairement, Acephalix n’a pas inventé l’eau chaude et vous risquez probablement de perdre quelques neurones à l’écoute de ces huit compositions mais comment diable résister à ce genre de Death Metal chaloupé qui sans en faire des caisses techniquement ou en matière de brutalité vous donne pourtant envie de tout déglinguer autour de vous ? Comme chez Vastum, il y a d’ailleurs un petit peu (beaucoup) de Bolt Thrower chez Acephalix. De "Theothanatology" à "Abyssal" en passant par "Postmortem Punishment", "Pristine Scum" ou "Atheonomist", l’influence des Anglais sur la musique des Américains semble tout à fait évidente. Personnellement, des passages comme ceux de "Theothanatologist" à 0:43, "Godheads" à 1:40, "Abyssal" et ses accélérations/décélérations ou "Postmortem Punishment" à 2:55 possèdent cette faculté de me rendre complètement dingue.
Si le toupa-toupa mid-tempo règne en maître incontesté tout au long de ce nouvel album, Theothanatology n’en est pas moins marqué par quelques franches accélérations qui vont apporter ce qu’il faut de nerf et d’intensité supplémentaires pour ainsi proposer un semblant de relief et de nuances à l’ensemble. De "Godheads" à 0:23 à "Abyssal" à 0:58 en passant par "Innards Of Divinity" à 1:36, "Defecated Spirit" à 1:23 ou "Atheonomist" à 4:28, tous ces moments viennent brillamment durcir le ton avant de laisser de nouveau la place à d’irrésistibles séquences chaloupées. On notera enfin la présence de quelques leads et autres solos ("Theothanatologist" à 2:29, "Abyssal" à 2:43, "Pristine Scum" à 0:12 et 2:32) qui viennent là encore apporter un peu de contraste à la formule des Californiens tout en nourrissant ces atmosphères sombres et belliqueuses qui dominent à l’écoute de cette demi-heure virile.
De retour après cinq années d’absence, Acephalix ne surprendra personne avec son nouvel album. Par contre une chose est sûre, si vous êtes un tant soit peu réceptifs à ce genre de Death Metal néandertalien, tout en groove et agrémenté pour l’occasion de quelques accélérations bien senties, je vois mal ce qui vous empêcherait de succomber aux charmes évidents et directs de cet album. Mené par un Daniel Butler qui sur scène se révèle être un frontman hors paire avec sa gestuelle simiesque, Acepahlix continue d’aller marcher sur les plates-bandes de son cousin avec effectivement très peu d’originalité mais à l’inverse un niveau d’efficacité particulièrement élevé. Bref, un excellent défouloir qui ne fera pas date dans l’Historie du Death Metal mais que l’on s’enfilera avec toujours beaucoup de plaisir ce qui est déjà pas mal.
| AxGxB 10 Octobre 2022 - 1105 lectures |
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