Deux ans après un
"Indoctrination" chroniqué par votre serviteur dans ces mêmes pages, et deux petits EPs sobrement intitulés
"PPOOWWEERRVVIIOOLLEENNCCEE" et
"GGRRIINNDDCCOORREE",
Escuela Grind est de retour. Fort d'une signature chez MNRK Heavy, le trio mené par l'énervée Katerina Economou récidive avec un second long-format,
teasé et donc très attendu par les amateurs de Grindcore qui suivaient les péripéties du trio depuis leur inception en 2017. A titre personnel, j'étais assez curieux de voir si le groupe allait continuer sur sa lancée, celle d'un Grindcore un peu brouillon mais pétri de bonnes intentions, compensant sa fougue et ses parti-pris parfois douteux par une évidente envie de bien faire - celle de distribuer les marrons, en somme.
Rassuré à la fois par leur signature chez un "gros" label, les extraits de leurs prestations scéniques et cette superbe pochette, signée Andrew Tremblay
*, c'est sans à-priori ni appréhension que je me suis lancé dans la découverte de
"Memory Theater", sorti toute fin Septembre. S'il y a du bon parmi ces 22 petites minutes, je ne peux m'empêcher d'éprouver ce même petit goût amer de gâchis après quelques écoutes. C'est triste à dire, mais j'ai même bien du mal à me souvenir d'un riff en particulier, ou d'une tournure de compo, qui aurait provoqué chez moi ne serait-ce qu'un petit dodelinement du casque, un rictus, une esquisse de
stank face, un début de poing qui se serre.
Et une fois encore, quitte à passer pour un pénible, c'est surtout au niveau du son que ça pèche. C'était déjà ce que je reprochais à
"Indoctrination", premier long-format du trio de Pittsfield. Un truc mixé avec des moufles, caisse claire gonflée artificiellement et qui coupait les pattes des musiciens à la moindre accélération. Envahissant, pénible, et surtout dommage ! Les compositions de ce premier
full-length dévoilaient déjà un potentiel certain dans l'administration de steaks derrière la nuque. Pour corriger le tir,
"Memory Theater" fut confié à deux pointures, qui reviennent assez souvent dans les papiers de Thrasho : l'omniprésente doublette Kurt Ballou / Brad Boatright, respectivement au
mix et au
mastering, comme de coutume. Pas besoin de rappeler l'étendue de leur talent : comme quoi, même les plus grands ne sont pas à l'abri de se planter.
C'est simple, je crois que je préférais la production du précédent, dans tout ce qu'elle pouvait avoir d’exubérant : au moins, il se passait quelque chose. Dans
"Memory Theater", rien ne dépasse. Encéphalogramme plat, ça tourne gentiment, vitesse de croisière du début à la fin. La folle batterie de Jesse Fuentes est reléguée en arrière-plan, douce, presque cotonneuse, faisant tomber à plat les moindres parties taillées pour briser les nuques - et c'est dommage, car ce sont elles qui font les plus belles heures du disque. La seconde moitié de "Faulty Blueprints" et ses riffs en obésité morbide, les passages mid-tempo du single "All is Forgiven" et "The Feed"... Même les blast-beats se contentent de clapoter gentiment au fin-fond du spectre. Pas que les riffs dispensés soient inoubliables, hein, mais la pauvre guitare de Kris Morash se révèle finalement être anecdotique. Efficace, certes, mais ses
bends et riffs décalqués finissent immanquablement par lasser - d'autant que certains titres souffrent également de constructions pas toujours heureuses (les breaks incompréhensibles de "Forced Collective Introspection"). Constat identique pour le chant de Katerina. Délicieux de débilité sur
"Indoctrination", entre ses hurlements hystériques et ses saillies graves empruntées au plus mongolien des groupes de Powerviolence, il se retrouve ici complètement monocorde, quelconque, avec ce petit filtre légèrement dissonant que l'on retrouve chez les trois-quarts des groupes énervés à chanteuse.
Bref, le charme spontané d'
"Indoctrination" a disparu, écrasé par un Death/Grind somme toute correct, certes, mais sans grande personnalité - et qui n'est pas aidé par cette production en pilote automatique. Point de côté foufou,
exit la hargne,
"Memory Theater" est tellement professionnel qu'il en oublie d'être convaincant. Même en 22 minutes, on a le temps de s'emmerder - et dans le genre, ça ne pardonne pas. C'est bête à dire, mais en plus d'être un disque passable,
"Memory Theater" souffre de la concurrence. Cette année est, pour l'heure, un régal en matière de Grindcore :
Whoresnation pour
"Dearth",
Knoll avec
"Metempiric",
Trucido sur
"A Collection of Self-Destruction",
Ernia pour
"How to Deal with Life and Fail", le dernier
Cloud Rat,
"Threshold", dont je parlerai sous peu, la promesse du premier album de
Bandit... Et ce dernier-né d'
Escuela Grind fait pâle figure face à ses pairs. Tant mieux pour le groupe, qui, à force de travail et de tournées, voit enfin ses efforts payer avec cette signature et cette nouvelle renommée à exploiter. Tant pis pour ceux qui attendaient un peu plus de cette dernière fournée, qu'on écoutera cinq ou six fois avant de la ranger au fond de sa discothèque. Dommage...
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