Mon avenir est-il désormais d’être la victime d’un écart générationnel grandissant ? Les références de la jeunesse sont-elles irrémédiablement trop éloignées des miennes, au point qu’il nous est à présent impossible de nous comprendre ? Telles furent les questions qui m’assaillirent en écoutant «
Chasing the Sun », premier EP de
DROSTE, une toute jeune formation bordelaise.
Et pour cause, le label qui nous a contacté indiquait dans son accroche que le quatuor « tape » dans le
metal – death metal old school. Or, moi, si tu me parles de vieille école, eh bien je pense au début des années 90, à Tampa, à Göteborg, à la pédale Boss HM-2, à des pochettes abondamment illustrées et bien agressives. Si en plus tu indiques que le projet a des saveurs de
CANNIBAL CORPSE, il faut être sûr de son coup car absolument rien dans ces cinq titres n’a quelque chose avoir, de près ou de loin, avec les monstres floridiens ou le
death originel. Bref… Tu peux toujours essayer de rattraper le truc en citant également
GOJIRA,
MACHINE HEAD ou
DEFTONES, le mal est fait, ce n’est absolument pas ma vision du
old school, d’autant que si j’entends bien de nombreuses références à la baleine volante française, les autres noms me semblent ici être aux abonnés absents…
Donc du côté de la mise en bouche et de la présentation, il faudrait à mon avis revoir le discours car le décalage est bien trop important entre ce que l’on nous fait miroiter et la réalité musicale de ce disque, certes intéressante pour un début de carrière mais encore très loin du niveau des modèles nommées. Evidemment me direz-vous, ceci ne saurait être un argument discriminant pour une toute jeune formation prometteuse (qui a notamment ouvert pour
GOROD à Bordeaux) et probablement ambitieuse.
Mon objectif n’est par conséquent pas de dénigrer l’EP, il recèle d’ailleurs quelques bonnes choses, d’autres plus dispensables, c’est ce que j’essaierai de développer dans les lignes suivantes. Ainsi, concernant les atouts… La pochette ? C’est vrai qu’elle est séduisante, voire intrigante car son esthétisme ne dit rien de son contenu, à la différence de nombre de formations de
death metal qui peuvent avoir tendance à en rajouter des tonnes sur les logos illisibles et les monstres de foire. Ici,
Pedro Da Silva Mourao a joué la carte de la sobriété, avec un côté « enfant surdoué » qui peut interpeller le chaland. Il y a aussi le son qui, pour de l’autoproduction, est tout à fait acceptable : chaque instrument est bien équilibré avec une tendance à mettre la basse et le chant en évidence, ces deux éléments étant d’ailleurs les principales forces de
DROSTE : la première claque, avec de solides parties de slap, et le second se débrouille dans un registre hurlé proche du
hardcore tout en étant capable de placer de-ci de-là quelques growls de fort bonne facture bien que peu gutturaux.
Un autre élément notable est que la formation démontre en cinq morceaux qu’elle n’est pas figée dans un style monolithique. Même si le cœur des compositions bat uniquement grâce à des influx rythmiques (à part dans « Show of Defiance », il n’y a pas de solos et c’est finalement tant mieux), ceux-ci sont suffisamment variés pour se dire qu’avec un peu de temps (et du travail), ce jeune espoir français pourrait avoir une carte intéressante à jouer sur la carte hexagonale. Mais le propos est encore un peu trop vert à mon goût, avec des parties téléphonées qu’il faudrait gommer dans le futur. Par exemple (et dans le désordre) : Les titres consécutifs « Show of Defiance » et « Chasing the Sun » débutent tous les deux par un arpège assez similaire ; L’arpège de « Show of Defiance » est directement suivi d’un solo assez léger, c’est quand même du vu et revu comme pratique ; Il y a sur « The Passage » l’usage d’une voix robotique dont le timbre et la scansion sont très proches du « Self Betrayal » de
NAPALM DEATH (même si je doute que cela soit voulu) ; L’instrumental « Chasing the Sun » débute comme « Colors of Death » de
GRIP Inc. (là aussi je doute que ce soit fait exprès) puis tout le développement est vraiment trop copié sur « Dawn » (de
GOJIRA sur
« The Link ») et là c’est flagrant dans les riffs, la façon de jouer les rythmiques, de placer les contre-temps, etc. ; Enfin les parties atmosphériques portées par un clavier manquent encore de consistance. Sur le papier, l’idée est bonne mais il faudrait développer bien plus les climats pour que son usage ne soit pas autre chose qu’un petit gimmick scénique dispensable.
Alors oui mon retour, bien sûr éminemment subjectif, n’est guère élogieux mais j’espère que les musiciens n’en prendront pas pour autant ombrage. Après tout, ils débutent (mais si ce n’est pas une excuse, il y a des tas de formations qui ont tout déchiré dès leur première sortie discographique) et surtout on sent qu’ils ont le potentiel pour proposer bien mieux à l’avenir, aussi suis-je d’ores et déjà convaincu que la suite sera plusieurs crans au-dessus. En l’état, cela ne change rien à mon ressenti mais vous avez tous mes encouragements et j’espère pouvoir vous réécouter très bientôt.
Par Jean-Clint
Par Jean-Clint
Par Lestat
Par Jean-Clint
Par xworthlessx
Par Ikea
Par AxGxB
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par Lestat
Par Krokodil
Par Niktareum
Par Jean-Clint
Par Jean-Clint
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène