Malgré son talent, Ram-Zet est un groupe qui n'a jamais connu le succès qu'il mérite. Après un premier album
"Pure Therapy" sorti en 2000 qui posait déjà les bases d'un style encore jamais vu auparavant, c'est finalement en 2002 avec l'album
"Escape" que la musique des norvégiens se montre sous son plus grand jour, Zet, leader du groupe ayant su constituer un line-up de qualité, dont Küth (batteur de The Kovenant), Sareeta (violoniste) et la magnifique Sfinx (chant féminin). Malgré un album proche de la perfection et surtout à cause d'une distribution et d'une publicité inexistante, le groupe tombe dans l'oubli et laisse ses fans dans le doute le plus total, le site n'étant plus mis à jour. Et pour couronner le tout, la fin du contrat qui liait le groupe à Spikefarm Records arriva à échéance...
Pour convaincre de nouveaux labels, Ram-Zet sort une démo en 2004 mais ça ne sera qu'en avril 2005 que les bonnes nouvelles arriveront et pas des moindres : le groupe a signé un contrat avec Tabu Recordings, le nouvel album "Intra" est prêt et il est prévu pour juin 2005. Et l'espoir renaît. Mais c'est bien beau de sortir un nouvel album, encore faut-il qu'il soit bon. Et notamment après un
"Escape" grandiose, le défi était ardu mais apparemment, l'ami Zet et ses compagnons ont eu le temps de bien le ruminer parce qu'encore une fois, c'est du grand art.
Une fois l'objet dans les mains (ça a pris beaucoup de temps...), ce qui frappe au premier abord, c'est l'artwork. Contrairement à leurs deux précédentes productions, celui-ci est très fin, très travaillé, surfant encore et toujours sur la vague de l'aliénation mentale, thème central du groupe, ne laissant présager que du bon quand à son contenu. Petite appréhension avant de le mettre dans ma platine due au fait que je l'attends depuis très longtemps et que j'en attends beaucoup (mais je n'allais quand même pas le laisser dans sa boite). C'est donc parti pour "The Final Thrill". Et après un accord bizarre, il n'aura pas fallu 2 secondes pour vous prendre le son de Daniel Bergstrand dans la gueule et croyez moi ça arrache sévère. Le bougre a sacrément bien fait son travail car l'album atteint ici les sommets de la puissance et de l'émotion sonore, aussi efficace dans les parties les plus violentes que dans les plus calmes.
S'il y avait un assez grand écart entre le premier et le second album, Ram-Zet n'a cette fois-ci pas trop changé sa formule (et c'est fort compréhensible). Les compositions alternent toujours parties violentes aux rythmiques syncopées et parties plus atmosphériques menées par la voix envoûtante de Sfinx, encore plus présente. Le chant black de Zet n'a pas pris une ride, toujours aussi particulier et extrême mais il a apparemment abandonné son chant clair dont on avait eu un petit aperçu sur le morceau "Queen". Le travail de composition essentiellement réalisé par Zet est encore une fois remarquable, arrivant à mêler avec brio des choses qui semblent si opposées, créant un album très riche dont la profondeur musicale n'a d'égale que sa complexité. Ne croyez surtout pas qu'un album comme celui-ci se digère en quelques écoutes : la complexité des riffs et des structures nécessite un certain temps d'adaptation, notamment pour ceux qui ne sont pas habitués au style des norvégiens.
Mais la qualité de cet album vient surtout du fait que le groupe lui a insufflé une véritable âme. Il règne sur "Intra" une atmosphère indescriptible, noyée entre mort, folie et paix intérieure, dont la puissance émotionnelle vous prend aux tripes. Zet et Sfinx sont criants de vérité dans leurs rôles antagonistes et l'intégration des claviers et du violon fait subtilement balancer l'ambiance entre violence et calme. A aucun moment l'album ne s'essouffle, nous offrant 53 minutes de pur bonheur musical comme on en rencontre peu souvent. Ram-Zet n'a pas trahit sa réputation de groupe de talent et continue de produire une musique personnelle, originale et touchante. La preuve en est ce "Intra" puissant et envoutant, s'inscrivant en digne successeur du déjà excellent
"Escape". Tout simplement magnifique.
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