Ram-Zet - Escape

C'est avec "Escape", second album des norvégiens de Ram-Zet, que je découvre la musique du groupe. Et malgré les critiques plutôt élogieuses de leur précédent méfait "Pure Therapy" et le bon accueil qu'avait reçu cet album à l'époque, Ram-Zet n'a jamais eu la chance de percer, se retrouvant aujourd'hui contraint de faire des démos pour trouver un label. Le monde du metal est cruel, à l'image de la vie (oui, je suis très philosophe à mes heures perdues) où l'on ose produire des sous-merdes en pagaille (je pourrai en citer des tonnes) et où l'on délaisse des groupes novateurs et talentueux sur la paille... Enfin bon, vous avez encore une chance de vous rattraper car leurs albums ne sont pas (encore) introuvables et vous auriez tort de ne pas y jeter une oreille.

Pour en revenir plus concrètement à Ram-Zet, mis à part un nom de groupe qui n'incite pas vraiment à l'achat, il faut savoir que c'est le projet de Zet, tête pensante du groupe, chanteur/guitariste/arrangeur, mais aussi responsable de la musique et des paroles (rien que ça). Musicalement, vous pouvez laisser de côté tout ce que vous connaissez et avez déjà entendu dans votre vie car leur musique n'a absolument rien de commun. C'est d'ailleurs un peu le truc chiant à chroniquer parce qu'on ne sait pas trop par où commencer. Donc parlons peu, parlons de moi :)

Non je déconne. Disons simplement, qu'au premier abord, leur style laisse perplexe : ambiance hôpital psychiatrique, rythmiques syncopées, beuglements schizophrènes et chant féminin envoûtant, ... difficile de voir où le groupe veut en venir, de s'y retrouver tout comme d'extraire les structures des morceaux. Le premier défi sera donc de s'accrocher car le groupe ne met pas vraiment les chances de son côté. Heureusement, certaines parties sont plus faciles d'accès, notamment grâce au chant et à des mélodies très accrocheuses ("R.I.P", "The Moment She Died", ...). Deuxième défi, comprendre. Et là, je ne sais pas si c'est possible, à moins peut être de se mettre dans le même état que le mec sur la pochette. Car en plus des structures alambiquées que nous propose Zet, chaque passage est en soi complexe et/ou technique, qu'il s'agisse simplement de la composition ou des instruments mis en jeu. La pluralité de l'instrumentation est aussi ce qui fait la richesse de "Escape" car en plus du classique guitare/basse/batterie, on retrouve du violon, du piano et pas mal de sons électroniques (ceux qui n'aiment pas l'électroniques seront déçus), sans parler des chant masculin et féminin et des choeurs. On pourrait se dire que ça frise l'excès, mais Ram-Zet manie tout ceci avec une telle finesse qu'on aurait presque le culot d'en demander plus. De plus, les paroles concordent à merveille avec le reste, aussi délirantes et torturées que la musique.

Hormis ces détails techniques, parlons émotions car c'est ce qui compte finalement et le résultat ne pourra pas vous laisser de marbre. Le groupe varie les atmosphères, parfois planantes et envoutantes ("The Claustrophobic Journey", "The Moment She Died"), parfois plus lourdes et aliénantes ("Queen", "I'm Not Dead"), chaque titre apportant son lot d'émotions, de frissons, de puissance et de délires. Les titres sont excellemment bien répartis entre violence et douceur, et l'album tient ses promesses sur toute la longueur malgré sa durée conséquente, d'où des titres également très longs (plus de 7 minutes globalement). J'ai été également très impressionné par le chant de Zet, qui passe du hurlement au chant clair sans pause et dont les deux types de voix sont d'une profondeur poignante. Alors certains se demanderont comment un hurlement peut être touchant, et bien je les laisserai avec leurs interrogations.

Et pour compléter ce tableau bien rose, sachez la production est labellisée Finnvox Studios et ne souffre d'aucun défaut. En fait, la seule chose qui pêche dans "Escape", ce sont certains passages que j'ai trouvé vraiment trop décalés par rapport à l'ambiance générale, mais après c'est une question de point de vue car l'album est tellement décalé en lui-même qu'il est bien difficile d'en voir les limites. Pour moi, Ram-Zet est une des plus grandes découvertes metalliques de ces dernières années (merci Chris). Aussi novatrice que précise, leur musique n'a pas d'égal dans la sphère metallique, et rares sont les albums qui m'ont autant laissé sur le cul. Mais bon, je vais tout de même faire une petite pause car ça commence à faire mal de se jeter contre les murs.

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