Lustre - A Thirst for Summer Rain
Chronique
Lustre A Thirst for Summer Rain
Lustre est un groupe que j’affectionne particulièrement. Je le suis presque depuis ses débuts et j’avais apprécié ses albums délicats, angoissés et pluvieux, à l’époque où il partageait la scène avec Feigur ou encore seul, comme reclus dans son épaisse forêt.
Non pas que la musique de Lustre soit parmi les toutes meilleures. Non pas encore qu’il soit le seul à pouvoir générer des émotions sylvestres. Mais ce combo a toujours eu cette petite fibre, cette vibe spécifique, comme Feigur au demeurant, qui a su me toucher. A Thirst for Summer Rain est son dernier né, après 7 albums quand même et une flopée de EP, splits, single et compilations en tous genres.
L’artwork tranche d’emblée. Fini les ambiances médiévales, sombres, occultes, sylvestres et désolées. La lumière du bel Eté est de mise sans pour autant que la menace ne soit totalement dissipée. L’ambiance pluvieuse reste au cœur du propos, les nuages s’amoncellent et une ombre plane. Ramassé 4 longs titres de plus de 8 minutes, ce nouvel album est en effet plus lumineux, plus porteur d’espoir mais sans jamais se départir d’une forme de gravité, de pesanteur et d’obscurité qui en constituent, sinon l’arrière-plan, un contour permanent.
Quiescence est ainsi magnifique, planté de notes de synthé aériennes et de guitares plus profondes qui figurent une fin de journée d’été, l’orage menaçant et les gouttes chaudes qui trempent ton visage. La lenteur de la progression – une marque de fabrique du groupe – permet d’apprécier la structure et de s’immerger pleinement. En fermant les yeux, on se voit allonger dans une immense prairie, au milieu des fleurs, l’eau ruisselant sur le front, embuant les yeux. Simple, mais pas simpliste, cette musique te remplit et te porte sans même y prêter attention. Faith, le second titre, est de cette trempe. Plus qu’une mélodie, c’est un univers, un écosystème complet qui enveloppe l’auditeur ; plus qu’un morceau, c’est une promenade à travers champs par une journée d’été où le soleil le dispute à la pluie, les éléments se mêlant pour former une ambiance de fin de siècle palpable.
Les hurlements qui percent la structure, lointains, comme un écho du tonnerre en fond sonore, ajoutent naturellement à l’atmosphère surréaliste qui se dégage des titres. C’était déjà le cas dans les albums précédents, qui donne l’impression que la musique de Lustre se vit plus qu’elle ne s’écoute. Thirst est dans cette veine, où les cris désespérés se marient aux notes graciles de synthé et aux ambiances ultra profondes qui enrobent le titre. Presque cotonneux, Thirst traduit la pochette en musique, ces corbeaux et cette figure noire qui se penchent sur les Hommes, perçant le blanc des épais nuages pour porter leur regard sombre sur leur destinée. C’est lent, bourré d’emphase, percé de rares rais de lumière mais toujours pesant et un brin hypnotique. Alleviation, qui clôt l’album, achève d’emmener l’auditeur au bout de sa ballade. L’air est plus frais, la pluie qui tombe sans discontinuer, qui endort autant qu’elle hypnotise l’auditeur, plonge le promeneur dans ses rêveries. La lumière est tamisée, les odeurs ont changé, l’humidité a convoqué d’autres animaux et le promeneur contemple ce spectacle à distance, en laissant les notes graciles d’Alleviation se déverser dans son âme.
De nouveau, la musique de Lustre est reconnaissable entre mille. On peut lui reconnaître un caractère trop doux, presque sucré mais, pour ma part, elle est juste un véhicule merveilleux d’émotions et de sentiments sylvestres et pluvieux, une illustration sonore d’une parfaite fin de journée de printemps, entre chiens et loups.
| Raziel 25 Février 2023 - 914 lectures |
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