Cavalerie - Hate Remains
Chronique
Cavalerie Hate Remains (EP)
Allez savoir pourquoi mais j’étais absolument convaincu que ce cher RelapsoBananas avait déjà évoqué en ces pages le cas de Cavalerie. En fait il n’en est rien puisqu’il y a encore quelques semaines le groupe n’était même pas enregistré en base de données... Aussi, après un récent concert parisien ayant servi de doux rappel à l’ordre, me voilà décidé à prendre la main sur le sujet quitte à accuser effectivement un peu de retard...
Trio parisien pour le moins survolté, Cavalerie voit le jour en 2019. Il faudra cependant attendre juin 2020 pour que le groupe sorte sa toute première démo via le label lyonnais Youth Authority Records (Iron Deficiency, Worth It, Rough Ground...). Intitulée Spectral Rage, celle-ci y dévoilait un groupe probablement un peu trop excité à l’idée de rendre les coups pour mettre l’accent sur la direction à prendre (entre Punk, Hardcore, Crust et Black Metal on sentait en effet un trio encore un poil trop dispersé) mais un groupe avec déjà un sérieux potentiel et d’évidentes prédispositions en matière de chaos. Un an et demi plus tard, Cavalerie signe sur le label Delivrance Records (Sorcerer, Worst Doubt, Iron Storm) et sort dans la foulé son premier EP intitulé Hate Remains.
Tout d’abord, saluons cet artwork pour le moins improbable qui à le mérite d’interroger sur comment une telle chose à bien pu se produire (si tant est que cela soit vraiment arrivé) tout en restant fidèle à l’imagerie déjà très forte de Cavalerie (entre cet excellent logo, ce rouge vif, cette disposition bien particulière et cette photo d’une masse d’arme laissant peu de place aux doutes, on peut dire en effet que Spectral Rage plantait déjà bien le décor). Une probable mise en scène dont émane pourtant des sensations de peur, d’intensité et de brutalité qui correspondent plutôt bien à ce que propose les Parisiens à travers leur musique.
Ceux d’entre vous déjà bien au fait de la discographie de Cavalerie le savent évidemment déjà mais la première bonne surprise constatée à l’écoute de Hate Remains est le gain réalisé par les Français en matière de production. Enregistré lui aussi au Dead End Studio, ce EP bénéficie pourtant d’une production beaucoup plus musclée et homogène. Avec l’aide de Wyatt Oberholzer (Simulakra, Ecostrike, Year Of The Knife...) et Arthur Rizk (que je ne vous présente plus), Cavalerie vient titiller de près un groupe comme Nails lui-même adepte depuis belle lurette de ce genre de production parpaing. Eh oui, entre cette guitare abrasive passée à la moulinette HM-2, cette basse saturée qui n’entend pas être reléguée au second plan et cette batterie naturelle et hyper dynamique, le groupe a clairement su viser juste.
Mais là n’est pas la seule source de réjouissance puisque Cavalerie prouve avec ces quelques titres qu’il a également été en mesure d’évoluer dans le bon sens. Jusque-là occupé à manger à un trop grand nombre de râteliers, le trio a choisi de recentrer le débat sans pour autant perdre de vu ce qui faisait jusque-là tout son charme et son intérêt. Les Parisiens conservent ainsi l’urgence et la brutalité de leurs débuts qu’ils mêlent dorénavant à une formule Crust / Hardcore toujours aussi radicale mais moins éparpillée.
Quelques évolutions majeures qui permettent à Cavalerie de prendre du gallon et de convaincre avec davantage de conviction mais qui fondamentalement ne changent pas grand chose à l’identité des Parisiens. Comme sur sa première démo, le trio enchaine ici les fulgurances menées le couteau entre les dents (riffs rugueux qui tracent à toute berzingue épaulés par une batterie en mode rafale de blasts) qu’il va néanmoins nuancer à l’aide de séquences plus lourdes et menaçantes mais aussi de passages plus chaloupés qui donnent envie d’envoyer tout valdinguer à commencer par les meubles du salon (toujours eux les pauvres…). On retiendra ainsi quelques mosh part et autres ralentissements de choix comme sur "Face The Charge" à 1:34, "Under The Black Flag" à 0:27, "No Way Out" à 0:37 et 1:03 ou "Paris By Knife" à 0:29 et 0:58 qui ne manqueront pas de vous faire transpirer. Certes, Cavalerie s’impose dans un registre que des groupes comme Nails, Trap Them, All Pigs Must Die, Black Breath et bien d’autres poncent depuis déjà des années mais peu importe, quand c’est aussi bien fait le résultat n’en reste pas moins ultra convaincant.
Enfin, pour en terminer avec ce EP, une chose qui me plaît beaucoup chez Cavalerie c’est le chant particulièrement arraché de Romain Bedel. Une voix écorchée et vindicative mais avec des instants de fébrilité traduisant toute l’urgence et l’intensité de ses lignes de chant et des paroles qu’il scande avec passion et conviction. Clairement, sa voix est l’un des atouts de la formation même si probablement le moins perceptible.
Si vous êtes du genre retardataires et que vous découvrez Cavalerie avec cette chronique, sachez que le groupe à récemment terminé l’enregistrement de ce qui sera, on l’espère, son premier album. Aussi, l’attente pour ce qui est de la suite ne devrait pas être trop frustrante. En attendant, ces quelques titres font l’effet d’une bonne trempe administrée sans retenue par un groupe grandit de ces dix-huit mois de "silence". Une progression des plus convaincantes pour un groupe qui a défaut de tracer sa propre voie n’offre ici aucun faux-semblant et tape juste de bout en bout. Une belle leçon de violence en somme.
| AxGxB 11 Avril 2023 - 1067 lectures |
|
DONNEZ VOTRE AVIS
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
AJOUTER UN COMMENTAIRE
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo
Par Jean-Clint
Par Troll Traya
Par alexwilson
Par Sosthène