Hellwitch - Syzygial Miscreancy
Chronique
Hellwitch Syzygial Miscreancy
Rassurez-vous, vous avez fait le plus dur, passer outre cette abominable illustration et entamé la lecture de cette chronique qui, je l’espère, parviendra à vous mettre sur la route de ces Américains dont le premier album mérite bien mieux qu’un regard condescendant et désintéressé face, il est vrai, à tant de mauvais goût puisqu’il faut bien avouer que de l’illustration au logo en passant par la disposition du titre, il n’y a absolument rien qui va...
Formé à Gainsville en 1984, Hellwitch fait parti des vétérans de la scène floridienne. De ceux dont on ne parle pas beaucoup si ce n’est entre initiés histoire de se flatter l’égo. Aussi après quatre démos, un single et quelques changements de line-up, le trio alors constitué de Pat Ranieri (chant, guitare), Tommy Mouser (basse) et Joe Schnessel (batterie) se décide finalement à passer aux choses sérieuses avec la sortie en décembre 1990 d’un premier album intitulé Syzygial Miscreancy. C’est sur Wild Rags Records, petite structure californienne autoproclamée à l’époque "America's Smallest But Heaviest Record Label" que parait celui-ci. Un disque qui viendra tenir compagnie à quelques sorties emblématiques signées Necrophagia, Gammacide, Sadistic Intent, Hexx, Impetigo, Blasphemy, Order From Chaos ou bien encore Nuclear Death.
Enregistré au Morrisound Studio sous la houlette de Scott Burns himself, Syzygial Miscreancy se caractérise par une production qui, trente-trois ans plus tard, n’a pas trop mal vieillit. Certes, celle-ci porte comme souvent les stigmates de son époque (batterie dépouillée dénuée de tout artifice, guitares abrasives qui comme beaucoup d’autres productions signées Scott Burns peinent cependant à respirer correctement ainsi que quelques effets désormais un brin datés, notamment sur la voix de Pat Ranieri) mais dans l’ensemble il n’y a pas là matière à s’offusquer. Au contraire, trois décennies plus tard, cela lui confère un charme suranné qui ne devrait pas manquer de séduire ceux qui découvriront le disque aujourd’hui.
D’ailleurs, si Syzygial Miscreancy n’est visuellement pas très attrayant, son contenu l’est quant à lui bien davantage. En effet, Hellwitch distille sur ce premier album un intense et savoureux mélange de Death Metal et de Thrash caractérisé comme bien d’autres sorties floridiennes de l’époque par une appétence technique particulièrement développée. Pourtant, bien loin d’être un disque hermétique difficile à appréhender, celui-ci se distingue dès la première écoute par une évidente immédiateté. Bouclé en effet en un tout petit peu plus de vingt-cinq minutes, Syzygial Miscreancy ne s’autorise que peu de fioriture puisqu’à l’exception d’un "The Ascent" qui fait ici figure de courte introduction acoustique ou encore d’un "Mordirivial Dissemination" aux premières mesures plus modérées, c’est bel et bien pied au plancher que le trio survolté mène l’essentiel de ses assauts. Une hystérie collective qui entre ces lignes de chants braillardes, ces riffs nerveux exécutés à toute berzingue, ces solos chaotiques, ces blasts et cavalcades à perdre haleine, ces changements de rythme soudains et autres constructions rythmiques permettant de révéler la nature hautement chaotique de l’ensemble, Hellwitch n’est clairement pas là pour faire de la figuration.
Quelque part entre les premiers albums d’Atheist, Sadus et Ripping Corpse avec en plus une petite pointe de Nocturnus dedans (la faute à ces quelques effets qui apportent un côté science-fiction à certaines courtes séquences), les Floridiens prennent un malin plaisir à entretenir cette intensité particulièrement débridée. Une approche soutenue et surtout un brin foutraque mais qui à la différence d’un Chemical Exposure réussi tout de même le tour de force de marquer les esprits non pas uniquement par la simple puissance de ses déflagrations mais également par certains de ses riffs et mélodies au caractère bien plus entêtant. En effet, là où il est assez difficile de retenir quoi que ce soit des riffs du premier album de Sadus, on se laisse bien plus facilement attraper par ceux de Hellwitch que l’on pourra assimiler bien plus facilement ("Nosferatu", "Viral Exogence", "Sentient Transmography", "Pyrophoric Seizure"...).
Manquant déjà un petit peu de fraîcheur à sa sortie puisque paru après les premiers albums d’Atheist et Sadus, Syzygial Miscreancy n’en reste pas moins une leçon de Death / Thrash aussi furieuse et intense qu’efficace et jouissive. Certes, chaque musicien n’est jamais très loin de la démonstration pure, de celle qui ne sert qu'à flatter l’égo et rien d’autre, mais pourtant il y a bien de la musicalité dans la formule des Floridiens. Suffisamment en tout cas pour faire de ce premier album d’Hellwitch un disque incontournable pour tous les amateurs de Death / Thrash technique furibard. Alors oui, cette illustration est effectivement abominable tout comme ce logo qui pue le Heavy Metal ou le Power Metal de troisième division mais ne vous faites pas berner par les goûts ô combien douteux des Américains en matière d’artwork (la suite de leurs aventures ne permettant pas de relever le niveau) et laissez vous tenter par cette première sortie particulièrement digne d’intérêt.
| AxGxB 9 Mai 2023 - 1054 lectures |
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1 COMMENTAIRE(S)
citer | Je trouve cet album terriblement chiant, je retiens rien des compos, juste un gros déballage technique qui riffe dans la semoule.
Le chant ridicule n'arrange rien non plus.
Tu as cité Hexx, voilà un autre groupe avec qui j'ai vraiment du mal, préférant leur deux albums plus Power/Thrash au passage.
En revanche, et c'est vraiment le propre des prods Scott Burns, ça me fait toujours son petit effet jouissif, les gros breaks avec un ralentissement suivi du riff Thrashy propre au genre.
Ces petits moments sont toujours bienvenus au milieu de ce bordel. |
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1 COMMENTAIRE(S)
09/05/2023 22:08
Le chant ridicule n'arrange rien non plus.
Tu as cité Hexx, voilà un autre groupe avec qui j'ai vraiment du mal, préférant leur deux albums plus Power/Thrash au passage.
En revanche, et c'est vraiment le propre des prods Scott Burns, ça me fait toujours son petit effet jouissif, les gros breaks avec un ralentissement suivi du riff Thrashy propre au genre.
Ces petits moments sont toujours bienvenus au milieu de ce bordel.