Tel ce bon vieil inspecteur des travaux finis, j’arrive après la guerre. Suite à une rapide recherche, j’ai pu constater que ce «
Delude » des Danois de
TELOS avait déjà fait les gorges chaudes de bon nombre de rédactions et toutes sont dithyrambiques. Alors serai-je la mouche dans le lait ? L’insatisfait chronique ? L’empêcheur de tourner en rond ? Non, car il faudrait faire preuve d’une sérieuse mauvaise foi pour dénigrer ces huit compositions marquées du sceau de la haine propre au
blackened hardcore, avec la petite touche chaotique propre aux formations contemporaines.
Peut-être serai-je alors original dans mes références ? Non plus. Il y a du
HEXIS (petite branlée au
Klub en 2016) en moins
black et plus frontal, du
CELESTE en moins noir, moins suicidaire mais plus technique, du
BOTCH aussi, bien évidemment, par exemple sur le titre « I Accept / I Receive » mais plus globalement dans l’ensemble des cassures rythmiques qui marquent l’album, ainsi que l’héritage de tous les branques américains qui ont dynamité la scène
hardcore au cours des années 90, genre
COALESCE,
CONVERGE, etc. Vous remarquerez, je n’ai pas mentionné
THE DILLINGER ESCAPE PLAN, il ne faut pas déconner, nous ne sommes pas non plus à ce niveau d’inventivité avec ces loustics.
Le problème de
TELOS donc ? Ou plutôt, mon problème avec
TELOS ? C’est que je passe plus de temps à identifier les références qu’à m’intéresser à ce qu’il joue. C’est bon pourtant, voire même très bon. Sur le papier, il n’y a que des éléments qui en temps normal m’émoustillent les sens. D’ailleurs, il y a encore quelques années, il y aurait eu de fortes probabilités pour que «
Delude » squatte mon baladeur (oui, j’écoute encore la musique sur un ustensile dédié et pas sur mon téléphone) mais là… Bah je dois dire en toute franchise que je m’ennuie un peu. Certes, l’agression est constante, les mecs ont un haut niveau technique, le chanteur ne nous casse pas les pompons avec du chant clair (ou presque, sur « Throne ») et vocifère à qui mieux mieux, les guitares y vont de leur outrage habituel aux bonnes mœurs et, globalement, c’est vrai que le tout poutre façon quenelle épaulée de 120 mais après ? En tant qu’auditeur, je me fais enchaîner du premier au huitième titre, sans aucun temps mort, parfois sur des tempos dignes d’un groupe de
black sous anabolisant, je finis par trouver que cela manque un peu de respiration. Même dans un combat, l’intensité varie, les adversaires ne se martèlent pas la tronche à bout portant pendant trente minutes jusqu’à ce que l’un des deux s’effondre… Suis-je trop vieux ? Bon à foutre à la casse ? Aux ordures ? Le paradoxe étant que je ne ressens pas cette lassitude lorsque j’écoute du
grind ou du
death, ce qui en soi devrait ruiner mon argumentaire…
Par conséquent, de bien nombreux détours pour dire quoi en définitive ? Que si vous voulez vous faire rouler dessus pendant qu’une bande de hooligans vous fracassent les côtes à coups de battes, «
Delude » est là pour vous servir. En revanche, si vous êtes partisans du cloisonnement des genres, ce n’est pas la peine de s’y frotter car on nage en plein « technical black chaotic mathcore » où je ne sais quelle sauce piquante, c’est donc inclusif à souhait. Pour ma part, si tant est qu’elle vaille quelque chose, je campe sur mes positions :
TELOS fait vraisemblablement partie de la crème de cette scène hybride mais j’ai du mal. Ce n’est plus un disque que je m’écouterai le soir, dans le noir, au casque, à la différence de toutes les références citées plus haut. Pourquoi ? Sans doute à cause d’une subjectivité émotionnelle qui fait que je reste tiède face aux avances insistantes de
TELOS. Comme toute subjectivité, et comme tout ce qui touche au ressenti, le mieux est encore de vous faire votre propre opinion, peut-être que vous trouverez cela génial, peut-être pas, après tout qu’importe ?
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