Deux réactions possibles lorsqu’on lit l’étiquette
blackened post hardcore : la fuite. Comment ça, cela ne fait qu’une seule réaction ? Bah comme moi, en général, je fuis, je ne sais pas ce que font les autres hein ! Mais là, étant plus ou moins dévolu à traiter les demandes directes, la conscience professionnelle a pris le pas sur l’instinct primal. D’où mon écoute de «
A Fleeting Glimpse of Fulsome Deaths », premier EP d’une toute nouvelle formation parisienne :
INNER SAVESTATES, que l’on pourrait hâtivement traduire par « savoirs intérieurs ». Au pire, même si je n’apprécie pas, tout sera dit en une vingtaine de minutes et cinq titres donc c’est jouable.
En général, j’aime bien savoir si les musiciens ont un passif, me faire une petite idée du truc avant de m’y plonger. Là, ce sera le mystère absolu quant au sextette :
R1,
C6,
P2, à moins que des cellules Excel aient décidé de monter un groupe, je ne suis guère avancé… Des licenciés de la fédération de Bataille Navale peut-être ? Le mystère restera entier pour ce premier contact. Côté artwork, nous ne sommes pas plus aidés, l’illustration étant suffisamment neutre (bien que sympathique) pour ne pas aiguiller l’auditeur, quitte à le laisser sur une fausse piste. Par conséquent, je suis bien obligé d’écouter !
Au moins, il n’y a pas tromperie sur la marchandise. Les compositions sont clairement pensées comme des brouets
hardcore qui alternent pures explosions de violence et fausses accalmies
post, fausses car si musicalement les instruments savent se faire plus tendres, le chant, lui, sort très rarement du registre hurlé. Après, à de rares exceptions près (
CELESTE), j’ai quand même toujours du mal à comprendre l’adjectif « blackened ». Certes on ne se fend pas trop la poire en compagnie d’
INNER SAVESTATES mais les influences principales, j’ai tendance à aller les chercher dans le
hardcore dissonant américain, un
« American Nervoso » par exemple, sans pour autant être un épigone sans âme. D’autant que les quelques arrangements au clavier sont plutôt malins et apportent un supplément d’ambiance qui fait la différence au bon moment. En plus, techniquement, il n’y a pas grand-chose à reprocher à la formation : sans être des bêtes, les musiciens savent parfaitement exploiter leur potentiel qui, à mon sens, s’exprime avec plus d’éclat dans les passages furieux (« In Flesh ») que sur les pentes plus mélodiques d’un « Inherit the Crown » par exemple.
L’auditeur sentira également que le sextette est féru d’expérimentations, sur l’introduction du bien nommé « Capharnaüm » par exemple, et regrettera peut-être même que cela n’aille pas plus loin dans la déformation des structures car, là également, une belle carte est à jouer. Ainsi, sans dire que le projet se cherche encore une identité, le très bon (comme les ralentissements puissants qui sont l’ossature de « Swallow, Inject, Plug in, Inhale ») alterne avec des éléments plus convenus car déjà entendus dans ce registre somme toute assez restreint. Quoi qu’il en soit, le groupe se donne les moyens, avec une production solide, des morceaux carrés et l’envie de clairement en découdre. Une affaire à suivre donc…
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