Obligé, cette chronique commencera par du name-dropping écœurant. C’est que, comme l'ont souligné d’autres textes et plus particulièrement
celui de l’ami Obama chez les voisins d’en face de Metal Sickness,
I, Guilt Bearer est en premier lieu un album important car « total », mettant à jour le lien sous-jacent entre différents acteurs de cette nouvelle scène mêlant metal et hardcore. Gaza, Admiral Angry, Nesseria, Terra Tenebrosa, Celeste, Abandon, Plebeian Grandstand, Hexis, le black metal chelou à la Leviathan et quelques références plus anciennes telles que Godflesh, Neurosis, Swans et Will Haven s’y retrouvent enfin réunis par un dénominateur commun, cela sans vénération pour une école particulière puisqu’il s’agit d’évoquer pour mieux s’affranchir.
Un disque salvateur, donc ? Clairement ! This Gift Is A Curse apporte à ce schmilblick moderne la cohérence qui lui manquait et montre que cette violence « as fuck » peut encore nous souffler comme en 2007 et l’arrivé d’un certain
Nihiliste(s). Les éléments sont repris dans un cahier des charges bien fourni (tremolos, breakdowns, riffs répétant leur strangulation noise, batterie indus, chant hardcore tirant vers le black, production puissante suffisamment brouillonne pour s’imaginer dans une cave…) avec un naturel dans le châtiment rendant la totalité homogène, sans impression de grand écart.
Seulement, si les Suédois s’étaient arrêtés à un beau tour de main, on aurait hurlé au synthétique plutôt qu’applaudi la synthèse. C’est là que réside le hold-up de
I, Guilt Bearer, celui de résumer une mouvance tout en la dépassant par une ambiance particulière. Point d’infernal, apocalyptique ou simplement étouffant ici. L’auditeur a à peine droit à un hymne pour le rattraper à mi-parcours (« The Crossing », élu tube de la décennie en cours par l’Association des Gras Nécromanciens Insalubres Amateurs de Quintaines et Uppercuts Etourdissants - aka l’AGNIAQUE (désolé)) ! Le seul sentiment transmis est la culpabilité, celle pesant sur AmenRa et le fameux
In Reality, We Suffer d’Abandon : quelque soit le fouet choisi, cinglant façon « Swans goes hardcore » (« Att Hata Allt Mänskligt Liv », « Deceiver »), catchy (« The Crossing » mais aussi la brise-genoux « Sounds Of Broken Bells ») ou les deux à la fois (putain de « 1901 »), TGIAC traîne une haine immense le posant en tant qu’accusateur et victime. De fait, la caution « morne » lui est gracieusement attribuée, les morceaux s’enfilant dans une totale absence de joie, occupés qu'ils sont à fermer les yeux de souffrance plutôt que les écarquiller de puissance. Rien d’imagé et, contrairement à ce que la pochette peut suggérer, rien d’occulte dans ces quarante-neuf minutes, les coups des instruments n’ayant pas d’autre but que faire mal même quand il n'y plus rien à meurtrir. Le plus dérangeant dans cette affaire est que leur masochisme paraît de moins en moins métaphorique au fil des écoutes à l’image d’un Holmberg passant rapidement de l’élément faible de la formation à un de ses points forts par sa voix apathique tiraillant ce qu’elle peut de growls et cris aphones.
I, Guilt Bearer est cependant suffisamment équilibré dans son approche terminale pour ne pas abasourdir complètement avant sa fin, quelques passages légèrement mélodiques ainsi que des pauses ambiant empêchant le couperet de tomber avant le final chaotique de « I Will Swallow All Light ». Un disque parfait, donc ? Sans un batteur un poil limité et un début tapant avec trop de muscles (l’assommoir « Att Hata Allt Mänskligt Liv », qui aurait du être placé après « The Crossing » pour plus d’efficacité), le statut lui aurait été accordé sans remords. On a eu raison de repérer TGIAC suite à la sortie de son EP paru en 2010 : celui-ci a créé un premier essai historique pour les musiques extrêmes actuelles et il s’annonce de plus en plus difficile pour les nouveaux arrivants mettant dans leur biographie l’expression de domaine publique « entre Cursed et Deathspell Omega » de faire valoir leurs atouts, celui chroniqué ici devenant une nouvelle échelle sur laquelle ils seront jugés. Pour ceux qui en ont assez d’attendre de voir si les promesses laissées par
Morte(s) Née(s) trouveront corps dans le prochain Celeste, cette œuvre paraît indiquée tant elle empêche la vision d’un avenir plus éloigné que le sol. Les autres peuvent aussi s’y mettre – on ne leur en tiendra pas rigueur.
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