Aïe. Voilà une chronique qui va faire mal, et pas comme This Gift Is A Curse m’avait habitué jusque-là. J’attendais pourtant ce nouvel album en toute confiance, n’imaginant pas les Suédois me déplaire après
All Hail the Swinelord, confirmation d’un style à part en évolution constante mais gardant toujours cette essence particulière qui plaçait la formation au-dessus du tout-venant « blackened ».
Mais
A Throne of Ash donne envie d’écrire ces éloges au passé. A croire que l’œuvre fonctionne ici en miroir de ses aînées, l’illustration est cette fois plus séduisante que le contenu. Pourtant, l’ensemble semblait, dès la mise en ligne de « Wolvking » comme amuse-bouche, suivre une direction aussi prévisible qu’enthousiasmante pour le projet, embrassant davantage son goût pour le black metal sans perdre sa noirceur intrinsèque, masochiste et enflammée à la fois. Émoustillé, il était aisé d’imaginer sur ce troisième longue-durée un déballage sauvage, attaquant autant d’ambiances industrielles, urbaines, que d’ultraviolence schwarze donnant envie de se démolir le crâne.
Ce que, pour être tout à fait juste,
A Throne of Ash fait d’une certaine manière. Passée une introduction électro pulsant l’arrivée des décibels à venir, This Gift Is A Curse avance en accéléré de « Blood Is My Harvest » à « Gate Dweller » inclus, changeant rarement de rythme pour un rendu monolithique au possible. Tel un Deathspell Omega roulant sur l’autoroute sans pédale de frein, il accule de trémolos et batterie martelée, clairement dans le but d’empiler pour mieux garrotter. Une incartade lourde plus tard (« Monuments for Dead Gods »), le voilà reprendre sa chevauchée de plus belle, terminant par un « Wormwood Star » enfonçant des clous de cercueils avec l’aide de Johannes Persson (Cult of Luna). L’intention est claire : les Suédois, après un
All Hail the Swinelord nuançant ses envies noires d’explosions émotionnelles, souhaitent balayer toute critique craignant de les voir s’adoucir avec le temps.
Sauf qu’en prenant cette direction, This Gift Is A Curse a perdu énormément de choses en route. Difficile, quand on décide de filer à toute berzingue sans rétroviseur, de voir si l’auditeur suit : la formation me perd rapidement dans son avancée à tombeau ouvert, devenant un peu trop proche de la multitude de coreux aimant se peindre en noir et blanc. Filant droit, s’arrêtant à un occultisme de surface,
A Throne of Ash ne me transmet pas cette part de sincérité dans l’exécution, cette sensation que tout cela n’est pas que de la musique, pas tout à fait gratuit, que la bande savait transporter avec elle sur ses réalisations précédentes. Sans fond propre, ces nouvelles quarante-huit minutes donnent l’impression de n’être que trop forme, efficaces à n’en point douter, maîtrisées cela va de soi, mais sans impact particulier, à l’image des arpèges de « Monuments for Dead Gods » cherchant à distiller une atmosphère glauque trop prévisible en l’état pour être happé.
Il serait cependant injuste de dire que
A Throne of Ash ne contient aucun moment faisant mouche. This Gift Is A Curse, dans son attachement à alpaguer et traîner au sol, parvient à emporter avec lui de nombreuses fois, que ce soit lors de « Wolvking » ou encore « Blood Is My Harvest ». Mais l’amertume, bien que contrastée, reste forte. Car comment se contenter d’un longue-durée faisant imaginer un Celeste amateur des premiers Watain (criant durant « I Am Katharsis ») après les chefs d’œuvres que sont toujours
I, Guilt Bearer et
All Hail the Swinelord ? Impossible à considérer seul, cet album ne tient pas la comparaison avec ses ancêtres. Un bon album de (post) hardcore et black metal réunis, bien qu'un peu quelconque. Et donc, une déception majeure de cette année.
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