This Gift Is A Curse - All Hail The Swinelord

Non, I, Guilt Bearer n'était pas un coup de chance. Honnêtement, vous le pensiez ? À part le petit doute au moment de voir son champion décider de remonter sur le ring, je ne suis certainement pas le seul à m'être finalement dit que This Gift Is A Curse était un peu plus qu'un groupe où s'exciter un temps avant de rejoindre la caisse des « saveurs du moment ». All Hail The Swinelord confirme donc, détruisant les questionnements de chichiteux comme il l'a fait jusque-là : à coup de bélier.

C'est qu'il n'y a pas à tergiverser longtemps avec les Suédois : dès « Swinelord », ils affirment dans l'hémoglobine et les nerfs leur talent pour la mutilation aveugle, dont on ne sait qui est la victime, eux, nous, tout le monde. This Gift Is A Curse commence les hostilités avec ce qu'il a composé de plus violent, les premières treize minutes filant droites vers l'assaut, tout en se permettant d'avoir une ambiance à part, étrange et pourtant actuelle. Il est toujours ce groupe « total », inscrivant chaque lien avec une scène en lettres majuscules, le post HARDCORE en tête, tout donnant envie de n'offrir qu'à lui certains termes à la mode. Comment vouloir désigner quelqu'un d'autre par le libellé « black metal urbain » quand un titre comme « Rites » écrase d'une frénésie glaçante comme le pire des hivers et réelle comme une soirée dans les blocs ? Quand l'ensemble donne des allures de péplum à ses envies de solennel, une église, une arène, le même lieu ? Quand on vient à considérer, en écoutant ces petites teignes-ci, que You Fail Me ou Morte(s) Née(s) sont des œuvres de Norvégiens ayant plus vécu dans des murs de béton que le grand air des forêts ? All Hail The Swinelord montre une nouvelle fois que les créateurs de I, Guilt Bearer ont tout compris et tout ce qu'il faut pour forcer à le comprendre, en particulier l'insolence de ceux ayant assimilé ce qui se créé de plus noir aujourd'hui en se disant qu'ils peuvent faire mieux – ce qu'ils font et avec aisance en plus, ces salauds !

Répondre aux fines bouches en les mettant en sang était la meilleure décision à prendre et c'est à cette tâche que s'applique majoritairement All Hail The Swinelord, avec les attachements aux strangulations, équarrissages, vices et purifications par le feu dont la voix de Jonas A. Holmberg est constamment la reine. Non plus surprise mais bien nouvelle norme, This Gift Is A Curse inscrit sa suprématie sans aucune prétention à surprendre (tant mieux, une formule aussi magique n'en ayant pas besoin). Cependant, quelques différences se notent, assez pour ne pas rendre caduque ce disque-ci ou son prédécesseur, quelques titres plus catchy qu'auparavant (le tube « Old Lies »), de même qu'une propension à la baisse de tempo plus marquée ici ou là. Mais même quand il paraît s'approcher dangereusement de quelques formations bien connues, c'est pour les mettre à genoux, à l'image du final « Askrådare » dont les liens que l'on pourra déceler avec Cult of Luna ne sont que des leurres. L'un est un très bon créateur d'atmosphères développées et intelligentes, tandis que l'autre a la malédiction au cœur et en cape, comme une couverture dans laquelle se débattre de ses gros bras, enveloppé, étouffé. Les émotions cherchant à lutter physiquement contre le cerveau.

Ce qui, pour ma part, fait une bonne définition de ce que je recherche dans le hardcore et explique pourquoi je retourne plusieurs fois par jour vers All Hail The Swinelord depuis ma rencontre avec lui, en dépit de quelques passages moins tuants que le reste sur « New Temples » et « We Use Your Dead As Vessels ». Car, plus que des questions de contexte ou de qui met la misère à qui avec quoi, c'est au final seul le sentiment qui prime, celui, essentiel et donc hardcore, de combattre malgré tout. Et c'est peut-être bien là le prix de This Gift Is A Curse qui, derrière ses tourments, ses castrations publiques, sa boue et ses hurlements paraît choisir de brûler avant toutes choses. Choisir la vie, en résumé.

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