Décidément, la sincérité n'est pas qu'une chose de journaliste en manque d'inspiration. Subliminale, elle est pourtant capable d'envahir tout l'espace et d'étreindre aussi bien que n'importe quel autre sentiment quand elle se remarque.
Cet apprentissage, je le dois à ce nouvel essai de Mudbath. Pour être honnête, je ne pariais pas beaucoup sur le groupe d'Avignon pour m'étonner cette année. Sa première sortie (la démo
Red Desert Orgy) m'avait plutôt ennuyé et rappelé ces formations de stoner vaguement sludge à nom aléatoire qui pullulent en France et ailleurs. La surprise n'en a été que plus grande car si les Français ne révolutionnent en rien les musiques lourdes,
Corrado Zeller laisse penser que le propos n'est pas là : un peu à la manière de leurs acolytes de Verdun, ils sont plutôt du genre à conquérir par leur application à vouloir bien faire le travail, modestement, sans esbroufe, mais en attrapant sans y prêter attention un caractère particulier.
Ce n'est pas pour rien que ce qui semble être vu comme un album par ses créateurs donne les sensations d'un gros EP, format permettant de lâcher ce qui passe par la tête sans se poser des questions encombrant souvent les créations à durée plus longue. Mudbath jette ici tant d'idées qu'il donne l'impression d'expérimenter, tout en suivant une direction aussi consciente qu'instinctive muée par l'envie d'expulser, de donner à sa tambouille des airs de catharsis sacrée et solennelle. Doom en somme, mais avec les moyens de son époque,
Corrado Zeller est une œuvre de jeunes les deux pieds dans leur temps, celui où l'on peut mélanger Burning Witch, Monarch!, Altar of Plagues, Electric Wizard ou AmenRa sans y trouver d'incohérences, juste des façons différentes d'exprimer les mêmes douleurs qui rongent de l'intérieur et appellent à sortir. Il suffit d'écouter le premier titre où se dessine la même beauté sentencieuse que celle décelable sur
Sabbracadaver ou encore « Shrim Alternative Healing Center » et ses relents black metal évoquant aussi bien
White Tomb que
Acceptance/Rebuild pour s'en convaincre, bien que ces hurlements semblant naître d'un état de tension vécu le corps raide et la bouche grande ouverte suffisent pour laisser estomaqué.
En toute simplicité,
Corrado Zeller donne aux interprétations modernes des musiques entre sludge et (post) hardcore ce que peu ont réussi à transmettre : cette malfaisance qui se dessine au fur et à mesure, emporte dans son sillage les pensées tourmentées et indéfinies qui nous traversent, avec une proximité qui laisse à la fois dérangé et touché par l'aplomb avec lequel Mudbath se jette dans ses compositions désolées, austères et pourtant évoluant avec majesté (la fin de « Salmonella » et son solo bluesy, sorte de feu d'artifice final). Une durée malheureusement trop courte, mais clairement de quoi prouver à ceux qui en doutaient encore que le sludge est bien une musique de cœur !
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