La musique purement instrumentale, vous aimez-ça ? Et si c’est du
doom post hardcore qui trempe ses gros doigts graisseux dans le
sludge, vous appréciez aussi ? Eh bien dans ce cas il va vous falloir faire un sort au tout premier album des Français de
GREGAIRE : «
Untitled Album ». Hop, fin de la chronique, ce fut une affaire rondement menée !
Comment ça il faudrait en dire davantage ? Bon… Alors du côté de l’instrumentation, à l’image du titre de ce LP, il ne va pas falloir rechercher autre chose que la sobriété maximale : une batterie, une basse, deux guitares et c’est marre. En effet, ce n’est pas parce que tu n’as pas de chanteur qu’il faut te sentir obligé de foutre des arrangements de partout et de traîner à la sortie des conservatoires pour tenter de dévergonder une petite violoncelliste pré pubère ou une vieille harpiste vivant seule avec ses chats. Que nenni ! Ici, on n’entend que ce que l’on voit, c’est-à-dire quatre bonhommes, quatre instruments, accordés graves et citant
PELICAN ou
NEUROSIS comme influences, ce à quoi je pourrais ajouter
SUMAC ou encore le génial (et tant regretté)
DIRGE, les noms cités n'étant d’ailleurs là que pour essayer de situer le bordel car, musicalement, parlant, ce n’est pas que ça, même si l’on retrouve cette passion commune pour les métaux lourds.
J’avoue cependant que, dans ce genre de registre, une fois que j’ai entendu un groupe, j’ai un peu le sentiment de les avoir tous entendus : des ambiances plombées, des crescendos de puissance suivis de retombées mélodramatiques en arpèges clairs, des introductions éthérées ou des silences pesants, des explosions brutales, des caresses amoureuses, des langueurs d’apitoiement, des colères brusques, violentes, qui disparaissent aussi vite qu’elles sont apparues… C’est quand même dur de meubler sans chanteur dans le
metal je trouve… Sauf si tu t’appelles
BEHOLD THE ARCTOPUS ou
RUSSIAN CIRCLES évidemment mais là n’est pas la question. Ici, même avec toute la bonne volonté du monde, je n’arrive pas à me défaire de l’idée qu’un frontman bien rocailleux apporterait un vrai truc en plus parce que les quatre compositions (je ne compte pas la classique outro) sont vraiment très bien fagotées, riches et versatiles sans pour autant parvenir à me faire totalement oublier l’absence d’un vocaliste.
Pour comparer, je prendrai par exemple
« Panopticon » : le chant y est minimaliste et les morceaux d’une subtilité incroyable mais si on le rendait à 100% instrumental, il perdrait pour moi de sa magie. Ainsi, quand
GREGAIRE introduit un sample de discours dans « Instinct », c’est évident pour mes oreilles que l’intensité vocale fait décoller le titre et lui apporte une profondeur qu’il n'aurait pas eu sans. Bien entendu, cela est foncièrement subjectif, un avis certainement dicté par le fait que je ne me suis pas encore affranchi des codes métalliques où des cordes vocales sont nécessaires, c’est juste que lorsque la musique tend à principalement se construire sur des bases rythmiques, je trouve que l’on atteint vite les limites de l’exercice. Je n’écouterai pas aussi souvent
« Times of Grace » sans les voix, c’est une évidence.
Il reste que le quatuor a quand même de très belles ressources à faire valoir, « Speak for us » en premier lieu et que
Cold Dark Matter ne s’est sans doute pas trompé en co-produisant le disque car le potentiel émotionnel est énorme.
GREGAIRE : un nom dont on devrait rapidement entendre davantage parler.
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