Vous l'avez peut-être déjà lu, vous le lirez sans doute ailleurs : Cowards est passé à un rang supérieur avec
Rise To Infamy. Le groupe qui m'avait intrigué sur le mystérieux
Hoarder y a enfin révélé son plein potentiel de nuisance, une chose à laquelle je m'attendais et qui m'a tout de même laissé estomaqué par sa virulence.
Car on ne parle pas ici uniquement de montée en puissance, de violence autrefois contenue et désormais libérée ou d'identité enfin arrivée à pleine maturation. Ces idées-là sont trop simples pour Cowards, dont
Rise To Infamy est à la fois ce que les Français ont pu offrir de plus frontal, agressif... mais aussi de plus embrouillé, torturé. Chaotiques si l'on veut (mais rythmées au fil de leurs humeurs noires), ces dix compositions se servent des atouts autrefois aperçus sur
Shooting Blanks And Pills mais mélangent les cartes dans un tour de passe-passe dont on ne sait plus très bien ce que les instruments ont de screamo, sludge, hardcore, metal et black metal. Un art de l'alchimie des styles montrant que la formation n'est plus celle déclinant au tour par tour son pedigree comme sur son maladroit premier album. Si des passages comme ceux sur « Low Esteem » ou « Wish For Infamy » font valoir leur bon apprentissage du schwarze metal de façon lisible, le sentiment général est bien de voir un groupe mettre sous sa coupe les genres et catégories, sans pourtant donner l'impression que cet esthétisme est volontaire. Une musique qui sort de l'intérieur et non de lois dictées avant elle.
Malgré toute la distance qu'aime mettre Cowards entre lui, son œuvre et les autres – je conseille la lecture de
cette interview donnée pour Metalorgie, révélant bien le cynisme qu'aiment utiliser les Parisiens –, je ne peux m'empêcher de penser qu'on a avant tout ici un disque de cœur : on parle de hardcore après tout, certes mutant, mais qui n'a pas oublié derrière ses bras forgés au fer et ses dents nous croquant de nous adresser quelques rancunes au goût amer de réalité. Sûr,
Rise To Infamy est un disque d'antihéros, désagréable au premier abord, attachant par la suite dans tout ce qu'il déballe d'atmosphère claustrophobique comme une ruelle où l'on est mis à sac, d'accélérations ternes comme les boulevards déserts où marcher seul, des pensées masochistes nous traversant l'esprit. Quarante minutes urbaines, modernes, mais qui ne sont pas ici de simples actualisations à mettre dans une chronologie du hardcore cosmopolite actuel : plutôt dans la famille de ceux qui partagent sans retenue la face la plus moche de leur être et qui, au détour d'une ligne de texte bien sentie ou d'un riff qui éteint toute bonne humeur, créent un lien entre leurs tourments et les nôtres.
Mal embouché, mal dans ses pompes, mal, mal, mal, Cowards se fait le rapporteur de ces frustrations de fin de soirée, de ces phrases non-dites ou mal-dites, de ces instants honteux où l'on ressasse, contient, jusqu'à l'explosion. Évidemment, un longue-durée faisant autant siennes les imperfections du quotidien n'échappe pas à quelques maladresses (un creux en son centre, sur les moins convaincantes « Birth Of The Sadistic Son » et « Low Esteem »), de même qu'il pourra trop rappeler à certains un fameux autre groupe de Parisiens, également produit par l'urbaniste Francis Caste – décidément parfait pour donner aux guitares et basse des airs de trottoirs granuleux et crades – et élu par beaucoup comme le maître du hardcore négatif. Inutile de dire une fois de plus son nom, vous l'aurez reconnu : j'appuierai simplement que, si celui-ci a toujours fait de l'ombre aux créateurs de
Hoarder dans les écrits les concernant, il n'est ici qu'un parent qui, au risque de créer des malaises, m'a toujours laissé un peu froid et dont je préfère le ci-présent rejeton, plus proche dans ses hantises, moins théâtral dans leurs expressions.
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