Hexis - XI

Sept disques en quatre ans d'existence. Une démo, deux splits, trois EP, un album... Les Danois de Hexis n'ont pas chômé, du moins en apparence, car à y regarder de plus près, on s'aperçoit quand même que depuis 2011 et la sortie de son premier EP intitulé XI, le groupe vit quelque peu sur ses acquis en reprenant à chaque nouvelle production des titres déjà parus auparavant. On repassera donc pour l'effet de surprise. Et si la discographie du groupe est déjà plutôt conséquente, on s'attardera donc surtout sur les sorties qui ont un réel intérêt à commencer par ce premier EP paru en 2011 sur le label français Swarm Of Nails.

Disponible à sa sortie au format cassette et CD et depuis longtemps épuisé, XI vient récemment d'être réédité par plusieurs labels dont le Français Gheea Music (The Washingtonians, My Man Mike, One Lick Less). Une bonne occasion de rattraper son retard puisque Hexis à sorti il y a quelques semaines un premier album intitulé Abalam.

Ceux d'entre vous qui possèdent déjà ce EP peuvent passer leur chemin, cette réédition étant en tout point identique à l'originale: même artwork intriguant et menaçant (bien que pour marquer le coup on ait choisi une teinte bleu/gris), même tracklisting et donc même punition finale. Alors Hexis c'est quoi? Et bien difficile de répondre tant le groupe danois bouffe à tous les râteliers. Hardcore, Sludge, Black Metal... Un mélange finalement très dans l'ère du temps, surtout en 2014, mais qui ne doit pas pour autant manquer de vous interpeller. Car si les sept titres de Hexis sont expédiés en un tout petit peu plus de vingt minutes, cela suffit à se prendre une bonne claque derrière la tête. Ce qui frappe d'entrée de jeu, c'est cette production synthétique et décharnée, absolument glaciale qui ne prête pas du tout à sourire. Rappelant les récents travaux de Blut Aus Nord, on retrouve le même type d'atmosphères martiales et déshumanisées que sur les disques de Vindsval. Un détail qui a son importance dans la mesure ou beaucoup de groupes évoluant dans ce style préfèrent opter pour une production beaucoup plus chaude rappelant notamment la Suède des années 90. Loin de perdre en puissance, les sept titres de XI s'en retrouvent transcendés, questionnant davantage l'auditeur dont le sentiment d'habitude ne lui sera ici d'aucun secours.
Loin de n'être que de la poudre aux yeux, cette production enveloppe une série de compositions habiles à géométries variables. Faisant par exemple cohabiter un titre ultra court et frontal ("Procella", 0:56) avec un titre beaucoup plus sournois et écrasant ("Crux", 6:25), Hexis joue, non sans plaisir, avec les nerfs de l'auditeur. Soufflant le chaud et le froid, les Danois tabassent la plus part du temps mais pourtant n'hésitent pas à vous regarder en souriant l'instant suivant. Sorte de réponse danoise aux français de Celeste, le groupe malmène son auditoire à grand coup de riffs noirs dissonants, de mélodies maladives et rachitiques, de séquences rythmiques hypnotiques et de lignes de chants totalement arrachés et désabusées. Toutefois, je ne peux m'empêcher de penser qu'il manque un petit quelque chose en plus pour réussir à me convaincre totalement. Malgré plusieurs écoutes répétées, j'en viens effectivement à la conclusion que certains riffs/mélodies/séquences auraient mérités d'être un peu plus travaillés pour estomper cette furtive mais réelle impression de "quelconque" qui s'insinue parfois à l'écoute de XI.

Réédition sans véritable plus value pour ceux possédant déjà ce premier EP de Hexis, elle intéressera néanmoins ceux qui, comme moi, ont loupé le coche à la sortie ou mieux encore, ceux qui d'entre vous n'ont jamais posé leurs oreilles sur la musique noire, glaciale et synthétique des Danois. Entre cette production héritée de Blut Aus Nord, cette ambivalence entre riffs sombres et mélodies lumineuses à la Celeste et cette violence propre au Hardcore, Hexis tient là une recette tout à fait convaincante que j'espère voir affiner avec son premier album que je n'ai toujours pas écouté. À suivre...

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