Beholder - Arcane Subreptice
Chronique
Beholder Arcane Subreptice
Nous sommes très rarement déçus par les groupes en provenance du Canada et BEHOLDER ne dérogera pas à la règle. Certes la formation est encore jeune, ce premier album « Arcane Subreptice » étant juste précédé d’un EP paru en 2019 (« Ancien monde »), l’expérimenté Dan Mécréant ayant entre-temps remplacé Maxime Turmel au chant. Le premier a un solide passif, dans SACCAGE notamment, et son timbre plus crust black que l’approche death de son prédécesseur apporte un supplément d’agressivité aux sept compositions, avec en prime une diction qui permet de (presque) comprendre les textes en français.
Le chant ne faisant pas tout, les autres musiciens ont eux aussi revu leurs ambitions à la hausse. Les morceaux sont bien plus rapides et vindicatifs que par le passé, l’esprit black thrash metal étant ainsi plus affirmé, faisant de cet LP un premier pas sûr de lui au sein de la scène extrême, une carte de visite susceptible de marquer rapidement les esprits et d’y laisser une brûlure vivace. Evidemment, compte-tenu du registre pratiqué, il ne faut pas s’attendre à une quelconque surprise, tout étant joué dans le respect absolu des codes du genre, avec les riffs déliés exécutés sur une corde, les rythmiques rapides, les passages (modérément) blastés et bien sûr la voix rauque, inamovible, qui scande ses incantations occultes. Comme des centaines d’autres formations ? Je vous l’accorde. Mais cela ne doit masquer la rigueur de l’écriture, la qualité de l’exécution et le soin apporté à une production qui équilibre bien puissance et clarté, avec juste ce qu’il faut de grain pour salir sans souiller. D’ailleurs, BEHOLDER ne se contente pas de sprinter pendant trente minutes, il sait aussi placer quelques ralentissements vengeurs, comme sur « Arcane Subreptice », l’auditeur pouvant ainsi respirer un peu au milieu de ce qui reste un déluge sonore.
En aparté, j’en profite pour souligner la qualité du choix des mots chez ces Canadiens, il y a une recherche, une richesse voire un raffinement que l’on trouve hélas de moins en moins dans notre langue, tant au niveau des titres que des textes en eux-mêmes. Cela ajoute au sentiment de ne pas avoir affaire à une formation superficielle pas fichue de produire un champ lexical dépassant la démonologie et les classiques références littéraires mal digérées (Baudelaire, Chateaubriand, Lautréamont, etc.)
Le rendu global est donc d’une efficacité maximale, à l’image d’un titre tel que « Régicide des dryades », bien frontal et finalement un peu punk crust, l’apport de Dan Mécréant n’étant sous doute pas à minorer concernant cette orientation. Les amateurs de belles choses apprécieront aussi certainement l’arwork, les mélomanes savoureront l’attention particulière portée aux parties de guitare, variées pour des titres ne dépassant que rarement les quatre minutes. En définitive, « Arcane Subreptice » ne fera pas vaciller l’ordre du monde mais ses qualités sont suffisamment nombreuses pour mériter une écoute attentive, si ce n’est un achat, ne serait-ce que numérique (2$), sur le Bandcamp. Une belle découverte, suffisamment sombre pour s’écouter en hiver et suffisamment poétique pour aborder le doux printemps. Une réussite.
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