Kardec, l’homme derrière
FUNERARIUM, semble être un cas d’école de stakhanovisme aigu. 2018 : une démo, deux EP, deux LP ; 2019 : un split, quatre singles, quatre LP ; 2020 : un single, un EP, quatre LP ; 2021 : un single, deux LP ; 2022 : deux LP ; 2023 : un LP à ce jour, à savoir «
Ancient Astronauts », paru sur le label
Acid Vicious, dont on ne dira jamais assez de bien du catalogue (
BROYEUR D’ENFANCE,
GERGOVIA,
UNDR, etc.), c’est un gage de qualité que d’être signé chez lui. Le Français sort donc du statut d’indépendant pour enfin décrocher un contrat discographique et quand bien même ce ne serait que pour cet album, c’est déjà en soi une reconnaissance évidente de son implication dans la mouvance
black metal de l’hexagone.
N’ayant objectivement pas le temps de parcourir l’ensemble de la discographie de
FUNERARIUM, je vais prendre ce disque pour ce qu’il est : une pièce d’une quarantaine de minutes pour dix titres (il y a un bonus track sur la version CD) traitant de la théorie des anciens astronautes, davantage ufologique que scientifique certes mais que j’ai toujours trouvé fascinante du fait de ses nombreux ponts avec l’Histoire, l’archéologie et les religions. Ce courant a évidemment influencé de nombreuses œuvres plus ou moins fantastiques, de Lovecraft à Indiana Jones, en passant par Kubrick, Predator ou Stargate… Quoi qu’il en soit, je ne peux que vous recommander le visionnage de la série documentaire « Alien Theory », autrefois diffusée sur Arte et qui résume parfaitement les tenants et aboutissants de cette pensée, complotiste pour certains qui ne s’étonnent pas que l’armée et les gouvernements fassent systématiquement disparaître les « preuves » d’une vie extra-terrestre. Bref, tel n’est pas le débat du jour mais pour ce qui est du concept, je suis d’ores et déjà conquis, moi qui souvent regarde le ciel en espérant qu’un immense vaisseau spatial vienne occulter le soleil et mette fin à toute cette merde, ça ou la bête de l’Apocalypse selon Saint Jean, quelle différence de toute façon ? Il faut juste en finir une bonne fois pour toute avec l’homme, il a laissé les reptiliens pédophiles et satanistes prendre le pouvoir, rien ne le sauvera plus.
C’est donc bien de
black metal qu’il est question dans cet «
Ancient Astronauts », autant cosmique qu’atmosphérique, un peu comme si
DARKSPACE flirtait avec le
LIMBONIC ART d’«
Epitome of Illusions » ou d’«
In Abhorrence Dementia » et je suis tout simplement bluffé, dès les premières écoutes. Comment peut-on avoir une telle cadence de travail et soigner autant l’écriture, la production, l’artwork ? Les minutes passées en compagnie de ces dix morceaux sont un voyage intersidéral où l’auditeur se perd dans l’immensité vide et noire de l’espace. Clairement, le sentiment de solitude absolue est la première chose que m’évoque ce chant haineux dont les changements de fréquence ne sont que des variations, des modulations de l’abandon de tout, par tous. Côté musical, on oscille entre apesanteur et chute libre, les tempos variants en fonction des climats souhaités, le
raw black n’étant jamais loin dans ce périple, cette recherche du troisième type.
Je ne sais pas s’il en était de même pour les disques précédents mais ici les claviers ont clairement pris le contrôle de la capsule. Ce n’est pas que les guitares soient absentes, loin de là, c’est juste qu’elles s’érigent davantage en pilonnes, en structures monolithiques qui offrent un champ d’expressions immenses aux partitions synthétiques. Il ne faut donc pas s’attendre à des riffs mémorisables ou à de hautes performances guitaristiques, cet instrument est ici plutôt pensé comme une strate sonore, une assise, une rampe de lancement pour ce qu’il y a autour : la voix de l’inhumanité, les ambiances spectrales, les mélodies froides d’un monde se fuyant lui-même et espérant trouver dans un ailleurs improbable les raisons de son existence.
Si «
Ancient Astronauts » est mon premier contact avec cette entité étrange qu’est
FUNERARIUM, ce ne sera assurément pas le dernier. Les arguments développés ici m’ont clairement fait comprendre qu’il me serait préjudiciable de ne pas poursuivre l’exploration de l’œuvre de
Kardec dont l’imaginaire foisonnant a de quoi alimenter une centaine de planètes hostiles.
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