Quatre ans après un second album magistral, la troupe de l'état du Washington fait enfin son grand retour avec le très attendu
Passage. Gardant un line-up stable et optant pour un artwork (réalisé par Naomi Korchonnoff) assez proche de leur précédente œuvre – à la fois forestier et morbide –, Alda ne semble pas avoir changé d'un iota. Certes les structures telles que Bindrune Recordings (Panopticon, Falls of Rauros, etc.) et Eisenwald Tonschmiede – pour la version européenne – leur offrent une meilleure visibilité. Mais les Américains se font toujours aussi discrets et intègres. D'ailleurs, contrairement aux apparences et à ce que beaucoup souhaitaient, vous n'aurez pas droit à un
:Tahoma: version 2. Non, la formation a mûri et cela se ressent fortement dans ces cinq nouveaux titres.
Composé entre 2010-2013 et enregistré en 2014 chez eux à Eatonville dans le rural comté de Pierce,
Passage se place comme un véritable plaidoyer pour la nature ainsi qu'une continuation logique de leur deuxième opus. Par conséquent des éléments déjà présents sur ce dernier gagnent ici davantage d'ampleur, prenant le pas sur les parties agressives et black. Le titre introductif « The Clearcut » – valant à lui seul l'achat –, partagé sur le net le 14 juillet, vous met la puce à l'oreille quant à la direction prise mais aussi le contenu de l'album. Un travail d'orfèvre a été effectué par la formation afin de donner plus de variation et de profondeur aux nombreux passages folk. Outre l'harmonium (sur « Weathering » notamment) ou la mandoline – tenue par Dylan Bloom – faisant leur entrée aux côtés du violon, de la guitare acoustique et du bodhrán, le chant clair fait partie intégrale du long format, Mike venant vous bercer dès les premières minutes. Un timbre aux tonalités chaudes et riche en émotion auquel viendra se greffer la voix tant douce que fragile de Steph, offrant une belle dualité. Vous vous surprendrez même de chantonner avec eux : « Smiting the striving of life » !
Car Alda vous entraîne loin – très loin ! – au sein d'une nature indomptée avec ses boucles mélodiques et ensorcelantes revenant sans cesse de façon cyclique, tel l'Ouroboros. Le groupe prône une nouvelle fois un retour à une vie plus saine et simple, en accord avec notre environnement, rejetant toutes les monstruosités du monde moderne. D'où une musique toujours plus introspective et roots servant un propos très ciselé, se déployant au fil des titres. Cet élément narratif central est illuminé par une bande sonore aux couleurs automnales ainsi que de nombreux samples – enregistrés à Eatonville et Ruby Beach – ponctuant l’œuvre. Si la poignante « The Clearcut » vient directement à l'esprit, l'instrumental « The Crooked Trail » ainsi que le titre de clôture « Animis » illustrent également bien l'évolution de la formation. Tantôt langoureux tantôt mélancoliques, les Américains se dévoilent, montrant de nouvelles facettes. Ils ont su prendre leur temps afin d'offrir un ensemble complexe mais cohérent où chaque composant semble s'imbriquer les uns aux autres avec aisance. Des petits détails soignés faisant la beauté de
Passage tel l'extrait tiré du film « Jeremiah Johnson » que vous entendez sur « Weathering ». Le rapprochement à des formations comme Fauna ou encore Echtra et son majestueux
Sky Burial est nettement plus fort ici.
Mais n'ayez crainte : ce nouveau longue-durée regorge également de parties plus violentes que cela soit sur le titre introductif, « Passage » ou bien « Animis ». Le parallèle avec Agalloch est d'ailleurs évident avec des airs tournoyants et tourmentés, moult envolées épiques ainsi que le chant très varié de Mike – « Passage » en tête. Alda reste à fleur de peau mais se fait moins agressif, plus posé, crachant ses craintes mais aussi sa rancœur envers ces hommes détruisant la terre, la dépouillant de ses ressources. Si ces accès de colère renvoient à
:Tahomah:, ils se font ici plus timorés et moins spontanés, tel un grand frère assagi. En effet, malgré les passages ambiancés omniprésents leur donnant davantage d'impact et de luminosité, ces derniers paraissent faire office de second rôle de luxe. Des accélérations qui appuient uniquement les propos du groupe et apportent du rythme à l'ensemble. Certains fans de la première heure vont déchanter à l'écoute de cet album, lui reprochant notamment un manque de percussion ainsi qu'un sentiment de lassitude.
Cependant, sous son apparente facilité
Passage regorge de mille et une subtilités que les auditeurs découvriront au fil du temps. Cela a été le cas de mon côté, ayant eu du mal à saisir leur progression incarnée dans ces cinq longs titres fleuves. Mais la persévérance a rapidement payé, entrevoyant dans ce nouvel album une mise à nu des musiciens se donnant corps et âmes. Une œuvre totale d'une incroyable pureté qui vous accompagnera idéalement durant les derniers jours d'automne et ravira les amateurs de black/folk mature.
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