Ǥứŕū, même avec la présence du chanteur de
LES CHANTS DE NIHIL et d’anciennement
LEGION MORTIFERE, je doute que cela parle à grand monde. Pour ma part, j’étais passé totalement à côté de la formation lors de la parution de son premier EP («
XX ») en 2020, dont on retrouve les deux titres dans cet album «
Nova Lvx ». Ce sera donc l’occasion de me familiariser avec ces adeptes du
black doom metal, un style exigeant où la frontière entre l’expression de la misère absolue et la simple expérience d’un dimanche d’ennui est parfois ténue, même si Cioran définissait l’ennui dans son « Précis de décomposition » comme « l’univers transformé en après-midi de dimanche » mais vous aurez compris l’idée… Personne ne devrait créer une formation de
black doom pour pleurer sur la disparition des séries « Maguy » ou « Marc et Sophie ».
Passé l’introduction mélancolique d’« In the Crimson Smoke », c’est bien le
black qui est aux manœuvres, avec riffs et vocaux lancinants en tête de gondole. Mais, au détour d’un break pesant et d’une mélodie emphatique en chant clair, c’est alors le spectre du grand
MY DYING BRIDE qui se dévoile à nous, non sans une certaine classe je dois dire. Ce n’est d’ailleurs pas la seule référence qui me vient à l’esprit à l’écoute de ces quatre compositions. Ainsi, les voix claires ne sont pas sans me faire penser à
ARCTURUS ou
VULTURE INDUSTRIES alors que certains riffs plus
black n’roll de « Pilgrim on the Path of Tears » me renvoient à
PHAZM… Oui, sur le papier tout cela ne semble pas bien homogène et il est vrai que la dimension purement
doom du projet me semble avoir trop souvent été oubliée. En effet, les tempos ne descendent jamais en deçà de ce que l’on a déjà entendu dans des centaines de formations qui, elles, ne se réclament pas de cette étiquette. Mais je pinaille sans doute car, au final, la seule question qui vaille concerne la qualité de l’ensemble.
Et je dois reconnaître que même si je n’adhère pas encore totalement au style,
Ǥứŕū expose déjà ici suffisamment de qualités pour qu’on s’autorise à penser dans les milieux autorisés qu’il pourrait bien se passer un truc dans les années qui viennent. Déjà parce qu’au regard du panorama actuel, le quintette évolue sur une voie plutôt inusitée où la concurrence est rare, du moins en France. Ensuite, parce qu’évidemment le chant de
Jerry est impeccable quel que soit le registre :
black,
death, clair voire déclamé. Enfin parce que, musicalement, c’est solide. Les compositions ne sont certes pas d’une grande technicité au regard des canons actuels mais elles sont cohérentes dans leurs ambiances, dans la façon d’amener les riffs, de placer des ponts, de jouer avec les cassures de tempos et de genres, tout cela définissant assez bien le grand potentiel des Rennais ainsi que leur individualité. Evidemment, le tout baigne dans une atmosphère de grandiloquence déchue (« Nova Lvx »), de fin de règne, laissant donc l’auditeur dans une attente, celle de savoir ce dont seront capables les musiciens dans un futur que j’espère proche.
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