Andavald - Undir Skyggðarhaldi
Chronique
Andavald Undir Skyggðarhaldi
Marquant durablement les bilans de fin d’année depuis déjà quelques temps, la scène noire venue d’Islande continue de tisser sa toile à travers le monde, tout en conservant intacte sa créativité et son originalité, malgré la concurrence locale exacerbée et particulièrement relevée. Dernier arrivé au sein de celle-ci ANDAVALD n'a pas encore la réputation de ses aînés, notamment dû au fait de n’avoir jusqu’à ce jour rien sorti (il s’est formé en 2015), mais il possède en son sein quelques vieux briscards de la scène locale ayant notamment fait leurs armes au sein de MANNVEIRA, SEVERED CROTCH, ALMYRKVI ou encore DRAUGSOL, dont la cohésion globale va amener une vraie touche personnelle. Car si le côté tempêtueux et imprévisible reste prépondérant le combo a misé également sur des ambiances Doom rampantes, histoire de marquer son territoire et de faire quelque chose d’un peu différent de ses compatriotes, ce qu’il va réussir haut la main. En effet bien que ne comportant que trois titres (hormis l’intro et l’outro), ceux-ci vont littéralement emmener l’auditeur vers des contrées inquiétantes et obscures où la découverte et l’introspection vont être de rigueur.
A l’instar des grandes formations locales le sextet va proposer un voyage tortueux, où la météo changeante de son île va se refléter sur toute la durée, afin d’offrir quelque chose de monolithique et humide où la brume semble impénétrable et renforce ainsi le sentiment d’inquiétude. Oscillant entre une ambiance funèbre poisseuse et des voix psychotiques et terrifiantes (qui alternent entre growls caverneux et cris désespérés) la musique de la bande va frapper fort d’entrée avec l’excellent « Afvegaleiðsla », à la technique particulièrement dépouillée mais au rendu porté par un côté magmatique qui ne demande qu’à exploser ultérieurement. Si les plans de guitare et de batterie sont basiques au possible et jouent sur la répétition, ceux-ci au fur et à mesure de l’avancée vont se faire de plus en plus impénétrables, renforçant de fait le sentiment d’inquiétude et de perdition vu que l’on pourrait se croire seul dans les champs de lave de l’Hekla ou du Laki, se croyant ainsi perdu et donc au bord du désespoir. D’ailleurs ce ressenti va s’accentuer ensuite avec « Hugklofnun », qui bien que reprenant la même base rythmique lente et lancinante, va pousser l’expérience plus loin tant la noirceur y est plus massive, donnant la sensation d’être bloqué en pleine nuit hivernale qui n’en finit pas (et cela sans compter les prestations des deux chanteurs qui expriment un mal-être proche de SILENCER ou des premiers SHINING). Pourtant au milieu de cette folie un léger sursaut lumineux semble vouloir pointer le bout de son nez, comme pour dire que ce brouillard va se dissiper bientôt, même si le reste va être riche en surprises. Si la construction se révèle être semblable de prime abord on se rend compte de légères variations et différences afin de ne pas se répéter inutilement, chose qui va atteindre son apogée sur l’hypnotique « Undir Skyggðarhaldi ». Ce terme n’est pas galvaudé tant avec ces onze minutes au compteur cet ultime morceau est sans aucun doute le plus abouti et varié de cet opus, car couvant depuis le départ l’éruption finit par arriver, via un démarrage mené tambour battant où la vitesse est enfin de sortie, montrant que l’explosion est en cours. Pourtant celle-ci va s’atténuer rapidement, faisant ainsi retrouver au groupe son rythme de croisière, mais où paradoxalement l’agressivité des guitaristes en ressort renforcée, tant on est happé par cet enfer magmatique d’où émerge là-encore des parties vocales effrayantes, amenant un côté malsain supplémentaire. Mais alors qu’on croyait toute issue positive annihilée la clarté émerge enfin du néant et conclut ainsi les débats, telle une porte de sortie pour l’auditeur qui ne pensait pas revoir un jour les rayons du soleil.
Avec une pochette aussi mystérieuse que sa musique le combo de Reykjavík signe un coup de maître pour sa première livraison, qui montre que bien que la violence soit passée au second plan arrive à captiver de bout en bout malgré la durée générale de chacune des compositions. Il est facile effectivement de tomber dans la linéarité et répétition avec une écriture si minimaliste, mais les mecs évitent ce piège récurrent en y injectant suffisamment de subtilité, montrant du coup leur maîtrise artistique et instrumentale. Plongeant dans les entrailles terrestres bouillonnantes et tourmentées, ce disque demandera du temps pour être assimilé complètement (et ainsi apprécier chaque note et effet sonore), mais est en revanche addictif dès l’écoute enclenchée, tant on a du mal à sortir de cette balade nocturne et pluvieuse. Autant dire que cette expérience sensorielle tortueuse va hanter l’esprit et l’âme pendant un bon bout de temps, mais on y reviendra avec délectation pour prendre à chaque fois sa dose d’oppression et de schizophrénie, confirmant qu’il n’y a pas besoin d’être dans une brutalité exacerbée pour faire quelquechose de radical et agressif. Ceci est prouvé une fois encore avec cette galette qui mérite largement d’être mise en avant, et de sortir de fait ses auteurs de l’underground où ils sont pour l’instant confinés.
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