Råtten - La Longue Marche
Chronique
Råtten La Longue Marche
Dans le petit monde de la scène underground hexagonale Black Pandemie fait partie de ces labels intègres qui continuent de donner leur chance à d’obscures formations privilégiant l’authenticité, la sueur, la crasse et les relents puants des bas-fonds des villes comme des campagnes. C’est dans ce contexte que RÅTTEN s’est logiquement retrouvé signé sur le catalogue des messins, tant il y a toute sa place avec son Black Metal mâtiné de Crust et de Doom qui avait déjà fait son petit effet lors de sa première sortie (« Roi de rats ») en 2021, débarquée en plein confinement mondial où les plus paranos et dingos n’étaient pas forcément ceux que l’on croyait à ce moment-là. Car si sa musique possède un côté horrifique et inquiétant (où la noirceur a rarement semblé si impénétrable), le trio va offrir ici un disque à la technique certes rudimentaire mais qui ne va jamais lasser malgré son côté interchangeable. En effet la force des gars est d’avoir réussi à offrir des compositions authentiques et rugueuses, dépouillées de toutes subtilités et d’effets inutiles où ça joue en permanence sur les deux extrémités rythmiques... tel que va le démontrer le démarrage intitulé « Les Cris de la Meute », où la violence du Punk va côtoyer une lourdeur intense où le désespoir et le macabre vont s’entremêler sur fond de minimalisme assumé.
Simple et parfaite pour se défouler cette plage va donner le ton du reste de cet opus qui va rester dans cette même veine, sans chercher à aller plus loin mais elle y parvient très bien comme l’arrivée de « La Mort et l’Absolu » qui s’enchaîne juste après, va le confirmer. Plus dense encore et à l’opacité renforcée (tant l’orage gronde dans le secteur) celle-ci joue sur un grand-écart plus présent où les accents Doomesques se mêlent à une brutalité exacerbée et un chant criard possédé, pour un résultat global affûté et particulièrement bon... confirmant que les mecs ont visé juste et qu’ils arrivent à être cohérents sans jamais trop en faire ni forcer le trait musical. Continuant sur le bridage en règle « Danse Macabre » va se faire plus rampant et pachydermique de façon presque continue, dévoilant une facette dérangeante où l’auditeur va avoir l’impression de suffoquer tant ça prend à la gorge sans que le tempo ne s’agite réellement. En effet seules quelques courtes explosions lui permettent de sortir de la torpeur ambiante pour un résultat d’une noirceur absolue qui pénètre immédiatement l’âme intérieure, en y injectant son diabolique venin. Car il va être difficile de décrocher en chemin vu qu’on est totalement happé par cet océan haineux où la simplicité de l’écriture permet en prime de trouver facilement un plan où s’accrocher, et ainsi d’arriver à prévoir la suite des évènements. Et pour ça « La Longue Marche » est le parfait exemple car c'est encore plus basique et primitif, vu que tout ici monte en pression progressivement et après un long démarrage massif et lourd l’ensemble finit par totalement exploser tel un volcan enfin entré en éruption.
Si la doublette « Entre Deux Fosses » / « Les Heures Sombres » vont rééquilibrer les débats en matière de tempos en jouant sur l’alternance continue et redoutable, la conclusion intitulée « Faiseuse d’Anges » va nous embarquer dans des abîmes de détresse et d’opacité. En effet lorgnant sans vergogne vers des ambiances typiquement Depressive Suicidal Black Metal tout ici se montre plus froid et gelé sans espoir définitif d’un quelconque renouveau, en jouant principalement sur une facette où le gel a bloqué toute rythmique qui reste d’une lenteur insurmontable. Cependant tout cela va finir par se débrider sur quelques longs moments où la virulence revient, avant que les températures négatives ne reviennent bloquer toutes velléités d’accélérations furieuses offrant ainsi un grand moment de nihilisme, ponctué d’une tristesse infinie par ce piano désespéré.
Du coup ce voyage aux tréfonds de l’âme embrumée et perturbée est un vrai plaisir pour les oreilles tant l’ensemble est cohérent de bout en bout et porté par cette sincérité qui déborde de partout, notamment grâce à cette production très naturelle que l’on croirait enregistrée à l’ancienne dans les conditions de la scène. Sans longueurs ni moments faibles on se laisse totalement embarquer dans cette galette totalement réussie qui au final se montre bien plus travaillée et profonde qu’on ne pourrait le croire à la première écoute, vu qu’elle conserve en permanence cet équilibre entre virulence rugueuse et plans pachydermiques grassouillets. Si tout cela est évidement calibré et sans surprises il ne faut pas s’arrêter à ces détails pour au final lui donner sa chance, tant il y’a ici de bons moments à passer auprès de ce nom qui ne demande qu’à se montrer au sein de la concurrence nationale... et elle a toutes les chances de s’y mêler si elle continue à l’avenir avec un tel niveau proposé.
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