Si la durée des compositions du premier album,
« Magnum Opus Caelestis », avait pu être vue comme légèrement excessive, les choses ont changé au sein d’
ETOILE FILANTE pour «
Mare Tranquillitatis » : ce deuxième LP est plus bref, avec pourtant davantage de compositions (six contre quatre précédemment). Ce qui ne bouge pas en revanche, c’est le soin tout particulier apporté à l’
artwork, une nouvelle fois superbe même si mon cerveau me trolle en me poussant à rechercher Hyôga du Cygne dans le Cosmos entourant ce Sanctuaire. Si vous n’avez pas la référence, c’est que je suis peut-être trop vieux… Côté contrat discographique,
Northern Silence Productions a renouvelé sa confiance aux Français, le
line up a l’air d’être stable, nous pouvons attaquer la partie musicale.
La longue introduction aux claviers de « Sur les stèles des soleils entrevus, ou le châtiment de Neptune » suivie d’un déferlement de
black metal symphonique hyper rapide va nous renvoyer à la belle époque des
…AND OCEANS,
LIMBONIC ART, voire l’
ANOREXIA NERVOSA de
« Drudenhaus ». Les ambiances baroques sont certes remplacées par des atmosphères cosmiques mais l’on retrouve tout du long ce même foisonnement de notes, ce goût pour le grandiose, les marches en grande pompe.
Une certaine forme d’hystérie dans le chant criard de
Phobos trouve son contre-point idéal dans le raffinement des solos et, globalement, de l’écriture des compositions dont les sonorités synthétiques (terme non péjoratif ici) me rappellent certains épisodes du dessin animé « Ulysse 31 ». Ceci n’est ni une critique, ni une moquerie car il se dégageait parfois des épisodes un sentiment de vide absolu, d’errance métaphysique, voire de dépression profonde en ce qui concernait Shyrka, l’ordinateur de bord. C’est ainsi que se forge selon moi l’originalité d’
ETOILE FILANTE : une fusion de centres d’intérêts a priori hétérogènes (la mythologie gréco-romaine et la fantasy cosmique, la référence à Clark Ashton Smith, grand ami de Lovecraft n’étant, à ce titre, pas anodine) qui trouvent à s’exprimer dans un
black metal jouant également sur cet apparent paradoxe, solide comme les pierres d’un temple mais également profondément onirique, vaporeux, tourné vers la mystique stellaire (« Mare Tranquillitatis »).
C’est cependant sur son morceau le plus court (« La traversée ») que le groupe me semble donner le meilleur de lui-même. Il s’avère plus incisif, moins enclin à se laisser aller à de grandes plages instrumentales, cette vision condensée de son univers étant à mon goût la meilleure porte d’entrée possible. Je ne dirai toutefois pas que les compositions plus étoffées se perdent à trop vouloir en raconter car l’on entend bien que cette façon d’écrire est un élément clé de la personnalité des musiciens. Ma sensibilité s’avère juste davantage stimulée par le titre précédent ou encore « Le vent des éternels » (une race issue d’une expérimentation menée par les Célestes, des créatures de l’espace), où le parfum des 90’s s’avère être le plus fort.
Il reste que «
Mare Tranquillitatis », rien que pour le voyage sensoriel qu’il propose, mérite que l’on s’y attarde durablement. C’est le genre de disques qui me donne envie de relire « La Vénus d’Ille » de Prosper Mérimée, « La morte amoureuse (et autres comptes fantastiques) » de Théophile Gautier, Lovecraft bien entendu mais également Homère car je retrouve dans ces six compositions un peu du mystère de ces œuvres clés, l’humain face à des forces qui le dépassent, jouet des Dieux ou de races venues d’espaces lointains. Aussi, même si je doute que la formation soit en mesure de se faire encore un grand nom sur la scène internationale, elle renforce à mon avis sa position dans le catalogue du label, cette sortie étant largement au niveau de celles de ses compagnons de route. Cela est très prometteur pour la suite !
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