Elle aura mis du temps à nous parvenir, cette demande de chronique. Car certes cet «
Excursion Demise » a fait l’objet d’une réédition par
Hammerheart Records mais elle date déjà de fin 2022… De toute façon, ce décalage ne changera probablement rien à la trajectoire d’un disque initialement paru en 1991. En effet, les Danois d’
INVOCATOR ont débuté leur carrière en 1987 et s’ils n’ont que trois LP à leur actif, ils font partie des grandes figures
metal de leur pays.
Cela dit, faire partie des meubles n’a jamais été un gage de qualité et alors qu’à l’époque je lisais déjà attentivement la presse métallique, je n’ai aucun souvenir d’avoir vu une seule ligne sur cet album… Cela sent le pur
underground à plein nez, le truc d’érudit que l’on ressort en soirée pour étaler un peu de culture sur la tranche de l’ignorance crasse des autres convives.
Il va de soi qu’écouter un tel disque aujourd’hui implique de fermer les yeux sur un certain nombre de critères. Ce qui était brutal à l’époque ne l’est plus vraiment de nos jours et il y a un côté un peu
cheap dans la production et les riffs que l’on n’entend désormais quasiment plus. Cependant, l’auditeur curieux prendra un plaisir certain à découvrir ces neuf compositions qui rappelleront notamment le grand
KREATOR des débuts, à la fois dans l’agressivité mais également pour le type de chant criard, écorché.
A l’occasion de quelques rythmiques plus lourdes et de subtiles napes de claviers, l’ombre d’un proto
death metal viendra obscurcir l’écoute, alors que l’on se passerait en revanche bien volontiers des solos plutôt chaotiques, même pour le temps jadis : nous sommes loin des
guitar heroes et si cela fait en partie le charme des titres, il y en a tout de même un peu trop. Ainsi, la formation est bien meilleure lorsqu’elle se focalise sur des plans techniques, à l’image de l’introduction de « Schismatic Injective Therapy ». Là, on savoure voire on regrette que le son soit trop étouffé car il ne permet pas de prendre la pleine mesure de ces excellents passages.
En définitive, c’est l’occasion de découvrir les débuts de
Jacob Hansen qui, du moins en 1991, n’avait certainement pas à rougir de la brutalité de ses compositions. Elles sont totalement inscrites dans l’air du temps d’alors, avec ses riffs en aller-retour, son chant rugueux, ses structures complexes et cette batterie où tu peux encore suivre les
blasts en te tapant sur la cuisse. Quoi qu’il en soit, en dépit d’une découverte tardive, «
Excursion Demise » risque d’être condamné à prendre la poussière sur une étagère, lui préférant largement d’autres formations de l’époque dans cette veine
techno thrash / techno death si riche.
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06/04/2024 18:40