Mòr - Hear The Hour Nearing!
Chronique
Mòr Hear The Hour Nearing!
Pour ceux qui ne connaissent pas Rouen il leur est franchement conseillé de venir y faire un tour, tant la belle ville chargée d’histoire a des choses à dévoiler entre un cadre de vie agréable, de nombreux commerces et bars forts sympathiques et aussi des monuments historiques de grande valeur. Et si tout cela ne suffisait pas elle possède également une scène Metal méconnue mais de grande qualité, à l’instar de MÒR qui après dix années d’existence publie enfin son premier album aux accents authentiques et atmosphériques, qui va avoir de quoi plaire au plus grand nombre. Si le quatuor est resté jusque-là très discret du côté de sa discographie comme de l’intérêt du public les choses sont en train de changer pour lui, vu que cette galette a de quoi le propulser en avant au sein de la pléthorique scène nationale. Cela s’avère d’ailleurs totalement mérité tant celle-ci va durant quarante-quatre minutes nous emmener dans des territoires obscurs et effrayants, où la crasse mais aussi une certaine forme d’apaisement vont apparaître afin d’offrir un voyage certes mais pas de tout repos mais particulièrement attractif.
Car porté par une production brute de décoffrage et une écriture rudimentaire au possible - où de longues boucles instrumentales servent à maintenir la tension et les ambiances - ce disque où l’explosivité est majoritaire va cependant dévoiler plus de finesse dans cette tempête sonore et émotionnelle, où le vent et l’orage sont prédominants. Néanmoins au départ ça ne va pas faire dans la dentelle, que ce soit avec « The Vanishing Of Matter » ou « Eden » qui se montrent incisifs dans leur exécution vu que les blasts et les riffs coupants s’entrechoquent avec facilité, tout en voyant cependant quelques ralentissements où le mid-tempo épique se révèle impeccable au milieu de ce chaos dantesque. Immédiatement accrocheuses ces deux compositions explosent tout sur leur passage en mettant en avant la quasi-intégralité du panel rythmique du combo qui privilégie l’efficacité, et il y arrive très bien vu qu’il ne se pose pas de questions dans l’exécution où l’obscurité totale est de mise mais où l’on arrive à trouver des points de repères où s’accrocher de par l’écriture sans chichis et efficace. Si l’instrumental « Third Path » va traîner inutilement en longueur, en revanche il va dévoiler une facette plus venteuse et rampante où l’aventure et la mélancolie apparaissent après ce déluge haineux initial. Cela va ensuite continuer dans la foulée avec « The Apprentice » qui reprend les choses où elles en étaient restées, bien calées dans un rythme en médium guerrier et entraînant où la vitesse est mise sur le côté sans que cela ne nuise à l’ensemble, tant on voit que les gars maîtrisent leur sujet et sont convaincants même en levant le pied.
C’est cela d’ailleurs qui va faire le succès de ce long-format, cette envie manifeste de ne pas se contenter de tout exploser à vive allure mais aussi d’affûter son jeu en proposant suffisamment de variété pour ne pas lasser l’auditoire sans y perdre en violence... mais tout simplement en élevant un peu ses influences au-dessus de la mêlée. Du coup il n’est pas étonnant que cette deuxième partie soit du même acabit que la première, tout en voyant les accents atmosphériques être un peu plus présents dans les morceaux à venir... comme va le démontrer l’interlude intitulé « Cave Of Shadows » qui s’il n’amène rien à l’ensemble va proposer une froideur accentuée ainsi qu’un soupçon de lumière via des accents éthérés discrets mais efficaces. En effet cela va apparaître plus fortement sur le long et magnétique « The Letter Of Loss » où les arpèges gelés vont se mêler à un vent plus présent entre deux déferlantes de brutalité, mais où les atmosphères et les relents lugubres prennent le dessus pour donner la sensation d’un combat imminent quand les tempêtes baissent en virulence... tout ça en gardant cette redoutable attractivité portée par cette façon de jouer tout en sobriété. Rien d’étonnant donc à ce que la doublette décharnée « Sulfur » / « Sutcivni Los » mise majoritairement sur ces points-là en proposant la classique alternance entre la furia où ça tabasse sec et les plans plus lents et lourds où l’opacité se renforce... mais où quelques doux arpèges émergent du néant et permettent ainsi de relancer progressivement la machine. Tout ça avant que le direct et bas du front « Smaragdina » ne vienne clore les hostilités d’une façon définitive, en ayant convaincu la majorité de ceux qui auront pris la peine de se pencher sur cette œuvre.
A l’image de la météo islandaise dont elle s’inspire largement l’entité signe un premier opus assez impressionnant et prenant malgré sa radicalité artistique et musicale, qui pourra rebuter de prime abord... avant qu’on ne se fasse totalement happer dans cet univers situé entre la longue nuit hivernale, la mélancolie automnale et le renouveau du printemps, sans éléments extérieurs pour venir perturber tout ça. Aucune trace d’excès sonores ou de kitch ici pour plus d’authenticité...et de ce côté-là ça fait mouche instantanément, malgré quelques petites longueurs évitables et légères sensations de redondance sur certains plans. Preuve donc de la qualité et de l’expérience de ses membres qui livrent ici une réalisation impeccable qui défoulera autant qu’elle fera voyager, et qui a de quoi occuper un bon moment... preuve de sa richesse cachée qui se découvrira progressivement, pour peu qu’on ose se frotter à la saleté qui la couvre et de l’éliminer avec délicatesse pour y écouter ce qui se cache dans ce contenu plus que prometteur. En espérant désormais que les normands ne mettent pas encore aussi longtemps pour pondre une prochaine livraison sous n’importe quel format... c’est tout ce que l’on souhaite, car il fait peu de doutes que les petits défauts inhérents ici seront corrigés et qu’ainsi le résultat final sera encore meilleur à l’avenir.
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