MORGUE, encore un groupe français qui avait bien explosé les têtes en 2002 avec son
« The Process to Define the Shape of Self-Loathing », une boule teigneuse de nerfs à vifs située à mi-chemin du
brutal death et du
grindcore. C’est vrai qu’ensuite j’ai été peu assidu, passant totalement à côté du retour de la formation, d’abord en 2016 avec l’album «
Doors of No Return » puis en 2022 avec «
Lowest Depths of Misery », ce dernier ayant pourtant été signé dans une maison de renommée internationale :
Godz ov War Productions. Cependant, à force de voir passer cet
artwork signé une nouvelle fois du toujours fringant
Paolo Girardi (peut-être à l’inspiration moins personnelle que pour le LP précédent), dont je reste friand, il me fallait me pencher sérieusement sur ce «
Close to Complete Darkness ».
Neuf titres, trente-trois minutes, ça va secouer, fort, vraisemblablement dans la droite lignée du précédent jet puisque ce dernier est sorti en octobre 2022 et que le duo a enregistré le suivant en décembre 2022. Pas de répit pour les braves. Et effectivement, si l’on passe les quelques secondes de montée en pression, c’est le carnage dès l’explosion des premiers riffs d’« Upon the Altar » : un
black death metal radical, autoritaire, pour ne pas dire totalitaire, sûr de lui-même et dominateur (vous avez la référence ?). La suite du disque sera fondue dans le même moule, moins
grind que dans mes souvenirs, notamment au niveau du chant aujourd’hui vraiment orienté vers des tonalités
death aux
growls profonds et malfaisants.
Dans ce registre ultra compressé d’une violence canalisée en un seul flot d’hémoglobine puissant, je pense régulièrement aux derniers albums d’
ARKHON INFAUSTUS, parfois à la froideur de l’hiver nucléaire d’un
ANTAEUS, mais également à la scène actuelle du
blackened death metal, notamment sur une composition telle que « Death in Communion » au riffing symptomatique dans son épaisseur poisseuse. Au détour de certaines accélérations ou de plans rythmiques,
MORGUE ne délaisse pas totalement ses influences
grindcore, ce mélange des extrêmes faisant toute la saveur de ce cinquième LP qui mérite clairement de figurer en bonne position chez tout un chacun. Quoi qu’il en soit, avec un tel monstre dans son sac, les Français ont parfaitement trouvé leur place sur le label polonais dont on sait l’exigence en matière de radicalité du propos. Pourtant, la production plus soignée et les vocaux moins cinglés si on les compare à l’hystérie maladive de «
Lowest Depths of Misery » rendent cette nouvelle offrande bizarrement plus accessible, peut-être également moins singulière, toujours ancrée dans un registre bestial même si l’on a un peu perdu de ce côté
black extrême complètement fou qui nous trépanait si bien auparavant.
Donc, sans parler de révolution, disons juste que le duo ne stagne pas, qu’il affute son écriture et qu’au lieu de te larder de deux cents coups de couteau, il se contente de te trancher la fémorale et la carotide d’un seul geste professionnel. Cela reste efficace, nous gagnons en points de folie lucide ce que l’on perd en sentiment de perversité maladive. Encore un gros carton, évidemment.
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