Aspernamentum - Primal Judgement Manifesto
Chronique
Aspernamentum Primal Judgement Manifesto (EP)
Si l’on a souvent répété que ça fait franchement plaisir de voir le retour au premier plan de la scène suédoise, il va falloir ajouter à la longue liste de jeunes formations prometteuses du royaume ce one-man band connu sous le nom d’ASPERNAMENTUM qui déboule de nulle-part avec un très bon premier Ep sous le bras. En seulement quatre titres et vingt-cinq minutes le chanteur et multi-instrumentiste D. Johansson livre une prestation impeccable de Black Metal froid et glacial, où la neige et l’hiver sont omniprésents sous une forme très classique et sans surprises mais particulièrement efficace. En effet ici nulle trace d’occultisme ou de noirceur excessive vu que c’est la longue période de températures basses et de journées courtes qui donne ici le ton avec sa météo changeante et imprévisible, dans un décorum où les immenses forêts locales sont à la fête... sur fond de musique très simple techniquement et hypnotique.
Il n’est donc pas surprenant que « Epiphanies Of The Night's Light » nous offre des relents provenant aussi bien de DISSECTION que de DARKTHRONE, en balançant une suite de riffs minimalistes joués en boucle à l’instar de la batterie qui ne s’embarrasse pas de futilités. Voyant le grand manteau blanc envelopper tout ce qui se trouve aux alentours le contenu y est en total raccord en jouant autant sur un long tabassage sec et direct que sur des accents épiques impeccables en misant sur du mid-tempo redoutable, où les variations et cris possédés se font sacrément nombreux. Si tout cela paraît rudimentaire le rendu est cependant bien plus profond qu’on ne pourrait le croire, vu qu’on est immédiatement embarqué dans un voyage où l’on cherche à tout prix à se réchauffer, sous peine de finir en hypothermie et de ne pas réchapper à son destin funeste. Et si avant ça allait à l’essentiel le court et plus sombre « To Pledge Allegiance To The Void Beyond » va aller encore plus frontalement vers sa destinée en misant principalement sur du blast et de la vitesse, mais sans oublier quelques courts ralentissements pour aérer cela et laisser croire à l’auditeur que l’espoir est présent. Cependant ce ressenti va disparaître instantanément dès lors que ça repart à fond la caisse mais jamais sans aucune lassitude, car malgré sa relative prévisibilité et son écriture balisée l’ensemble ne montre jamais de signes de faiblesses tant son géniteur a la bonne idée de mettre juste ce qu’il faut de variations et de profondeur pour garder ainsi intacte l’attention jusqu’à l’ultime seconde.
Du coup rien d’étonnant à ce qu’on ressente en supplément une certaine humidité sur « Vessel Of Enlightenment (Black Flame Manifestation) » où l’on avoir la sensation d’être prit dans les glaces de la banquise, vu qu’on va avoir droit à des passages particulièrement lents qui lorgnent presque vers le Doom, et qui amènent de fait plus de lourdeur et de ténèbres malgré une guitare qui se montre légèrement plaintive... comme pour invoquer au soleil de sortir de sa torpeur. Poisseuse et obscure cette plage offre en tout cas un rendu encore plus homogène et varié avec ces deux parties totalement en opposition, mais qui s’agglomèrent parfaitement en jouant notamment sur l’ambivalence de la nuit et du jour. Il n’est pas surprenant de fait que la longue conclusion intitulée « Of Condemnation, Death And The Holy Ghost » nous offre un véritable récital de tous les rythmes entendus jusque-là, tout en étant plus remuante que jamais et signant l’espoir d’une renaissance de par ces accents lumineux sur du mid-tempo implacable et guerrier, mais aussi solaire. Car si le grand-écart est accentué de façon encore plus imposante nulle trace ici de ralentissements ou de bridage, le nordique préférant jouer sur l’entrain en médium entre deux rasades de brutalité et de déferlantes incessantes qui font particulièrement mal, mais offrent aussi une certaine sérénité quand l’astre de vie terrestre réapparaît entre deux couches de brouillard et de nuages.
On aura donc compris qu’on est présence ici d’un gros potentiel à suivre qui ne prétend rien réinventer, mais juste perpétuer une vision intègre et authentique du genre tout en rendant hommage à ceux qui l’ont créé et en ont fait ce qu’il est aujourd’hui. Magnétique dans sa manière d’emmener l’auditoire très loin dans sa contrée l’écriture de la tête pensante a tout pour captiver sans jamais donner une impression de lassitude et se dévoile bien plus subtile qu’on ne pourrait le croire... offrant ainsi un disque qui s’écoute facilement et qui a de quoi combler même les plus exigeants. Si tout cela risque d’être pour l’instant un peu juste pour le format supérieur on ne doute pas que l’être mystérieux derrière ce projet a de quoi améliorer encore tout ça, même si pour le moment ce premier jet de haute-tenue ravira ceux qui n’aiment pas l’été et la chaleur... mais souhaitant au contraire prolonger cette période où la nature est à l’arrêt et où le mystère qui l’entoure est propice à la rêverie et la découverte sur soi-même, tout en gardant une certaine droiture dans l’âpreté climatique.
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