Monument Of Misanthropy - Vile Postmortem Irrumatio
Chronique
Monument Of Misanthropy Vile Postmortem Irrumatio
Malgré près de quinze ans d’existence et deux premiers efforts plus que recommandables (« Anger Mismanagement » en 2014 et « Unterweger » en 2021, ainsi que l’EP « Capital Punisher » entre les deux) Monnument Of Misanthropy n’avait pourtant jamais pris place dans la colonne de droite de votre webzine préféré. Bon pour être totalement honnête ils avaient bien eu le droit à quelques lignes dans un live report il y a six ans (ils n’avaient d’ailleurs pas convaincu mon collègue AxGxB) mais rien de plus. C’était donc l’occasion de parfaite de se rattraper avec la sortie de ce nouvel épisode intitulé « Vile Postmortem Irrumatio » et paru comme son grand frère sur l’excellent label Transcending Obscurity Records.
Mais pour le moment revenons un peu en arrière et penchons nous sur l’histoire du groupe. Formée en 2010, l’entité franco-autrichienne s’articule initialement autour de George ‘’Misanthrope’’ Wilfinger (chant), Jean-Pierre Battesti (guitare / basse) et Romain Goulon (batterie). Ce line-up ne tiendra en place que quelques années le temps du premier effort « Anger Mismanagement » et de l’EP suivant puisqu’après celui-ci le groupe se déchire, ceci déboucha temporairement sur un dédoublement du groupe puisque notre hurleur et notre gratteux revendiquaient tous les deux la paternité du combo et l’utilisation du patronyme. Finalement J-p Battesti lâcha l’affaire et parti fonder Arborescence Of Wrath dont vous trouverez la chronique de l’excellent « Inferno » en ces pages, Romain Goulon étant lui reparti vaquer à ses moult projets. George Wilfinger garda donc la main sur Monument Of Misanthropy et poursuivi l’aventure avec de nouveaux acolytes pour sortir « Unterweger » puis après de nouveaux mouvements de personnel ce troisième opus qui nous concerne aujourd’hui et sur lequel il est entouré de Joe Gatsch (guitare, inconnu au bataillon), Eugene Ryabchenko (actuel marteleur chez Fleshgod Apocalypse) s’étant occupé des parties de batterie (remplacé ensuite par Raphael Hendlmayer) et Julius Kössler (des très bons Spire Of Lazarus, guitare).
Mais bon assez blablaté venons en au principal, la musique ! En fait non, faux départ, évoquons plutôt pour commencer la pochette. A mille lieues de ce à quoi nous avait habitué le groupe jusqu’ici (je vous laisse aller jeter un œil) celle de « Vile Postmortem Irrumatio » nous présente le tristement célèbre Ed Kemper accompagné de ses petites amies ou du moins ce qu’il en reste. On comprend alors aisément que l’album tourne autour de la joyeuse vie du Californien avec quelques samples tirés d’interview du gus. Bref du bon goût et de la poésie. Côté musique, enfin, vous vous doutez bien que si elle colle à l’image il ne faut probablement pas s’attendre à quelque chose de bien mignon, et c’est le cas. Les onze titres étalés ici (plus une intro à base d’extrait d’interview de notre cher Edward et une reprise sur laquelle nous reviendrons) sont une avalanche de torgnoles en pleine poire, trente-deux minutes durant lesquelles seules ces petits morceaux d’entretiens avec Ed viendront apporter une pointe d’accalmie, en tout cas pour nos oreilles parce que pour le ciboulot ce qu’on y entend n’est pas spécialement apaisant (« First Time It Makes You Sick To Your Stomach », « Why Did You Keep Their Heads ? », « Oh, I Suppose You're Gonna Want Sit Up And Talk All Night Now »). Car oui la grande majorité du temps le quintette est en mode rouleau compresseur et mieux vaut être équipé pour encaisser les coups à base de blasts assommants (du gravity pour les plus téméraires), de rasades de double et de riffs parpaings. Pour ce qui est de sa facette la plus brutale Monument Of Misanthropy ne fait donc pas dans la dentelle et son brutal death se révèle d’une efficacité redoutable d’autant plus avec ce chant guttural puissant mais restant presqu’ intelligible (la plupart du temps) doublé de cris d’écorché vif (un peu à la Cattle Decapitation). Il serait toutefois erroné de réduire ce « Vile Postmortem Irrumatio » à une demi-heure de blasts continus pied au plancher car si l’ensemble reste évidemment extrêmement brutal, les Autrichiens savent éviter l’écueil du monolithe sans relief parsemant ça et là ce riffing protéiforme d’éléments plus techniques sans donner dans la surenchère (« The Devil’s Slide », « Pueblo Paranoïa » à 41’’ repris 3’18) ainsi que d’assez nombreux leads en sweeping au rendu assez chiadé (« Hits One And Two », « The Devil’s Slide »). On se délectera de surcroît de ces breaks plus lourds et oppressants (la fin du titre éponyme, « How To Make A Killer » à 1’36, « The Devil’s Slide » à 1’46) ainsi que de ces moments bien groovy et brise-nuques (« The Devil’s Slide » à 1’56, le début de « Pueblo Paranoïa » et ce passage miam à 2’32).
C’est une reprise scolaire mais d’un titre ô combien efficace qui se chargera de terminer les hostilités avec ce « Your Treachery Will Die With You » de Dying Fetus que l’on avait de toute façon perçu comme l’une des influences principales de nos brutasses, aux côtés de Cattle Decapitation (en moins foutraque) ou encore leurs collègues de label de DeathFuckingCunt (en moins jusqu’au-boutiste) ou… Arborescence Of Wrath (bizarrement). Avec sa prod moderne, puissante mais pas plastique, « Vile Postmortem Irrumatio » s’avère un album extrêmement solide et homogène. C’est peut-être d’ailleurs ça son principal défaut car finalement les titres s’enchaînent avec une fluidité agréable mais sans qu’aucun ne sorte réellement du lot in fine. Un détail toutefois au regard de la qualité générale de l’ensemble. Oui, ce troisième album de Monument Of Misanthropy est une bonne tarte dans la poire, brutal mais varié et méchamment accrocheur, totalement recommandé donc pour peu que vous ayez le cœur (et l'estomac) suffisamment bien accroché(s).
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