Quelques semaines seulement après la sortie de ce premier album paru en novembre 1998, les Américains de Scattered Remnants prenaient malheureusement la décision de tirer leur révérence et donc de mettre fin à une carrière certes un petit peu chaotique mais néanmoins débutée sous de très bons auspices... Une conclusion forcément un petit peu amère pour un groupe qui à défaut de posséder une véritable identité avait pour lui des compositions particulièrement redoutables d’efficacité capables assurément de tenir la comparaison face à celles des grands patrons du Brutal Death américain.
Intitulé
Destined To Fail (un titre quelque peu prophétique), ce premier album affiché à un petit peu plus de trente-et-une minutes, voit le jour à l’époque grâce au soutien du label espagnol Repulse Records, une structure fondée en 1994 par Dave Rotten sur les cendres de Drowned Productions (Avulsed, Catacomb, Darkified, Demigod, Immortal Fate, Pyrexia...) et à qui l’on doit quelques sorties de choix à commencer par les premiers albums d’Adramelech, Abramelin, Deeds Of Flesh, Intestine Baalism ou Sepsism. Sujet à d’incessants changements de line-up depuis ses débuts en 1992, Scattered Remnants retombera ici dans ses mauvais travers avec les départs de Ron Miles (basse) et Eric Roy (batterie). Si le premier sera remplacé par Dan Egan (ex-Exhumed (la version obscure en provenance du Massachusetts), futur All That Remains...), le groupe fera appel à un batteur de sessions afin de coucher sur bande les parties de batterie de ce premier album. C’est ainsi Derek Kerswill (futur mercenaire chez Kingdom Of Sorrow, Shadows Fall et Stryper) qui sera mandaté pour l’occasion. Enfin, pour en finir avec ce préambule, sachez que c’est une fois de plus Jeffrey Gilmer qui signe la production de ces sept nouvelles compositions (plus une relecture du titre « Vaginal Vomit » déjà présent sur
Inherent Perversion).
Trois ans après cet excellent EP,
Destined To Fail ne fait aucunement état de changements drastiques ni même mineurs de la part de Scattered Remnants. Ces derniers, bien que quelque peu chamboulés dans leurs effectifs, poursuivent en effet leurs aventures au son d’un Brutal Death dépouillé de fioritures inutiles (ou presque). Un Brutal Death partagé une fois de plus entre salves viriles menées à coups de blasts et autres joyeusetés de ce genre, séquences écrasantes histoire d’apporter tout de même un semblant de nuances et de relief à l’ensemble et enfin passages au groove toujours aussi irrésistible. Bref, vous l’aurez compris, rien de bien nouveau à se mettre sous la dent mais personne ne s’attendait à ce qu’il en soit autrement.
Du haut de ses trente-et-une minutes,
Destined To Fail n’est donc pas le genre d’album à faire énormément de concessions. Ainsi les seules pouvant difficilement être ignorées sont cette introduction éponyme constituée de samples tirés des films The Last Temptation Of Christ et Event Horizon sur lesquels Matthew Davis sollicité pour l’occasion va venir poser des nappes de synthétiseurs bien angoissantes, cet interlude instrumental par forcément hyper convaincant (« As Whores ») et, bien plus surprenant (et pas forcément dans le bon sens du terme) l’usage d’un chant féminin sur le pont de "Angelic Redemption". Si d’un point de vue technique je n’ai personnellement rien à lui reprocher, on sera tout de même d’accord pour dire que ce genre d’incursions baroques sur un album de Brutal Death Metal n’est pas franchement du meilleur effet, ni en 1998 ni aujourd’hui où ce type de mariage contre-nature semble particulièrement désuet pour ne pas dire embarrassant...
Fort heureusement ce n’est pas ce que l’on retiendra de ce premier album mais plutôt comme je le mentionnais plus haut ces successions de séquences tour à tour brutales, pesantes et pleines de groove. Des compositions extrêmement bien troussées qui clairement ne brillent pas par leur originalité (ce n’était déjà pas le cas en 1998) mais qui vingt-six plus tard n’ont pas pris une ride (à l’exception de cette production qui sans être mauvaise porte sur elle les stigmates de son époque et des moyens probablement limités du groupe et de son label) et continuent effectivement de faire leur effet malgré les années qui passent et les écoutes qui se succèdent. Effectivement, difficile de résister aux attaques frontales et directes de cette batterie qui martèle à qui mieux-mieux (l’entame en fanfare de "Lamentation Of Tortured Souls" puis plus loin à compter de 3:10, les premières secondes tout aussi tonitruantes de "Draped In Sorrow", "At The Right Hand Of Nothingness", "Angelic Redemption" et "Vaginal Vomit") ou bien encore à ce groove de babouin dégénéré sur lequel on ne manquera pas de chalouper bien comme il faut (« Lamentation Of Tortured Souls » à 0:46 et 3:26, "Draped In Sorrow" à 0:09 et 2:44, "At The Right Hand Of Nothingness" à 1:15 et 3:29, "Angelic Redemption" à 3:59, "Vaginal Vomit" à 0:09...). Les séquences plus lourdes, forcément moins sexy, fonctionnent néanmoins très bien en offrant notamment un côté épais et poisseux bien senti en contraste direct à toutes ces accélérations et autres coups de boutoirs évoqués plus haut... Bref, rien de neuf sous le soleil mais se priver d’un tel disque serait clairement une erreur.
Loin d’être parfait (seulement cinq titres si l’on choisit de mettre de côté cette introduction, cet interlude et cette relecture à la production étrangement différente de celle des sept autres titres, une pointe d’originalité peu concluante avec cette voix d’opéra qui débarque un petit peu comme un cheveu sur la soupe, etc),
Destined To Fail n’en reste pas moins une excellente leçon de Brutal Death à l’ancienne grâce à une production un petit peu dans son jus mais aussi et surtout à une exécution à la fois impitoyable et naturelle qui, s’ils sont passés à côté jusque-là, ravira à n’en point douter les clients des premiers albums de Suffocation, Deeds Of Flesh, Pyrexia, Dehumanized, Eternal Suffering et compagnie. Voilà, s’en est donc terminé de la discographie de Scattered Remnants (en tout cas pour le moment car le groupe qui a repris du service en 2018 serait en train de préparer son retour en studio) aussi j’espère vous avoir donné envie soit de vous intéresser de plus près à ces Américains qui clairement méritent un petit peu plus d’attention de notre part soit de vous replonger avec plaisir dans ces quelques enregistrements aujourd’hui toujours fort à propos.
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