Scattered Remnants - Procreating Mass Carnage
Chronique
Scattered Remnants Procreating Mass Carnage (Démo)
Ce n’est un secret pour personne mais la scène Death Metal est un véritable puit sans fond... Peu importe que vous vous y intéressiez depuis six mois, deux ans, dix ans ou trente ans, il y aura toujours un groupe dont vous n’avez jamais entendu parler qui réussira non pas nécessairement à chambouler votre existence mais au moins à vous faire regretter de ne pas être tombé dessus bien avant... De fait, si certains d’entre vous ont évidemment déjà entendu parler de Scattered Remnants, je mets néanmoins ma main à couper que même parmi les amateurs éclairés de Brutal Death Metal il reste encore des auditeurs à "éduquer".
Formé en 1992 à Leominster dans le Massachusetts, le groupe américain aura eu effectivement une carrière particulièrement discrète. Outre le fait que l’époque n’était déjà plus tout à fait propice au Death Metal et encore moins au Brutal Death, Scattered Remnants a également dû composer au début de sa carrière avec un circuit de distribution et de promotion quasiment inexistant. Il faut dire qu’en signant sur le label Vaginal Vomit Productions (qui n’a d’ailleurs jamais rien sorti d’autre que les quelques réalisations du groupe américain), il y avait effectivement assez peu de chances pour que la formation réussisse à s’exporter (même si celle-ci signera en 1998 avec le label espagnol Repulse Records (deuxième label de Dave Rotten après Drowned Productions et avant Xtreem Music) pour la sortie de leur premier album).
Après une première démo éponyme parue en 1993, Scattered Remnants va poursuivre ses aventures avec la sortie l’année suivante d’une seconde démonstration intitulée Procreating Mass Carnage. Une parution effectuée à l’époque au seul format cassette avant qu’un pressage CD ne soit finalement proposé trois ans plus tard avec à la clef une illustration alternative bien différente (et passablement moins réussie si vous voulez mon avis). Depuis, celle-ci n’a été rééditée qu’une seule fois, en 2017, par le label américain Ossuary Industries (Dehumanized, Immortal Suffering, Ton, Waco Jesus...).
Affichée à près de vingt-cinq minutes, celle-ci est composée de cinq morceaux parmi lesquels "Infusing Fecal Embryo"), un interlude qui en 2024 n’a plus aussi fière allure qu’à l’époque. Il faut dire qu’entre les samples de cette femme qui ne sait pas si elle doit jouir ou gémir, ces cordes synthétiques façon Black Metal symphonique de bas étage et ces nappes de clavier spectrales vues et revues un millier de fois, tout cela paraît en effet très kitsch aujourd’hui. Fort heureusement, c’est à peu près le seul point négatif à l’adresse de cette seconde démo même si, soyons honnêtes, tout n’y est pas parfait (je pense à ces quelques hurlements aigus entendus notamment sur "Profanation of Christ" et "Ridding Genital Flesh" qui ont tendance à casser les oreilles plus qu’autre chose mais aussi à certaines séquences encore un peu vertes qui, à force de répétition ou parce que leurs riffs manquent encore un peu de consistance, peinent un petit peu plus à convaincre...).
En dépit de ces quelques griefs et autres petites remarques inhérentes à ce genre de premières sorties manquant encore un petit peu de maturité, la base proposée par Scattered Remnants sur cette seconde démo reste néanmoins extrêmement solide. Suffisamment en tout cas pour faire de celle-ci une sortie encore intéressante aujourd’hui pour tous les amateurs de Brutal Death à la sauce new-yorkaise. Car oui, c’est en effet du côté de Suffocation, Pyrexia, Internal Bleeding, Embrionic Death, Dying Fetus, Skinless et compagnie qu’il convient de ranger Procreating Mass Carnage. De ces fulgurances plus ou moins radicales (l’entame soutenue de "Profanation Of Christ" puis de nouveau à 3:51, "Ridding Genital Flesh" à 0:29, 0:52 et 3:33, "Anal Birth" à 2:12 et 4:54, les premières secondes bien chaotiques de "Cranial Defilement" puis de nouveau à 1:02) à ces ralentissements plein de groove ("Profanation Of Christ" à 1:14, "Ridding Genital Flesh" à 1:59, "Anal Birth" à 1:46 et 4:34, "Cranial Defilement" à 0:42 et 1:47 et ses derniers instants à compter de 3:58) en passant par ces séquences plombées et écrasantes ("Profanation Of Christ" à 4:06, "Ridding Genital Flesh" à 1:31 et "Anal Birth" à 0:20 et 3:54), ce riffing bien épais et déjà un brin technique, tout y est, même ce growl bien gras et incompréhensible. Alors évidemment, trente ans après sa sortie, cette seconde démo n’a plus rien de nouveau à offrir mais il faudrait être sourd ou de mauvaise foi pour ne pas concéder aux Américains de Scattered Remnants un certain talent et une efficacité brute des plus convaincantes.
Si la suite de ce que proposera Scattered Remnants réussira à se hisser à un niveau au-dessus, Procreating Mass Carnage reste une démo de choix pour tous les amateurs de Brutal Death américain des années 90. Effectivement, celle-ci n’est pas exempte de quelques défauts de jeunesse mais ceux-ci sont largement compensés par tout le reste. Aussi j’espère que cette chronique vous aura donné envie d’y jeter une oreille car il y a là matière à passer un bon moment si l’on se sait client des références évoquées plus haut. Bref, rendez-vous service et allez-y sans plus attendre.
| AxGxB 20 Juin 2024 - 504 lectures |
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