Jenny O'Connor »
Scattered Remnants - Inherent Perversion
Chronique
Scattered Remnants Inherent Perversion (EP)
Entamée il y a quelques jours avec la chronique de Proceating Mass Carnage, seconde démo particulièrement encourageante des Américains de Scattered Remnants, permettez-moi de poursuivre aujourd’hui ma petite séance de dépoussiérage avec celle d’Inherent Perversion, un EP paru en septembre 1995 chez Vaginal Vomit Records.
Si quelques mois seulement séparent ces deux sorties, cela n’a pourtant pas empêché le groupe de devoir faire face à quelques remaniements avec notamment le départ de son guitariste Jason Sarate remplacé pour l’occasion par un certain Rob Settergren ainsi que l’intronisation officielle dans les rangs de la formation du batteur Eric Roy jusque-là embauché en qualité de musicien contractuel. Ainsi réunis, les quatre garçons prendront la direction du Rock Shop Studio de Westfield, Massassuchets, sous la directive du producteur Jeffrey Gilmer afin de coucher sur bande les cinq titres qui composent ce premier EP illustré par Steve Gabriele. Bien que ce soit a priori la seule réalisation qu’on lui doive (en plus de ce chouette logo), cette illustration beaucoup trop sombre ne manque pourtant pas de charmes grâce à un coup de crayon qui transpire à juste titre les années 90.
Alors évidemment, le départ du guitariste Jason Sarate aurait pu porter préjudice à Scattered Remnants et à son Brutal Death encore un petit peu approximatif mais ce n’est clairement pas le cas. En effet, l’arrivée de Rob Settergren semble au contraire avoir été plutôt bénéfique pour la formation américaine qui avec Inherent Perversion va effectivement franchir un cap. Une fois lancé dans l’écoute de "Amidst The Afterbirth" (enfin une fois passées ces premières notes mélodiques servant d’introduction), quelques secondes seulement suffisent ainsi à nous mettre la puce à l’oreille grâce à un riffing bien plus nerveux et varié qui en plus d’être particulièrement convaincant va également marquer les esprits de manière bien plus significative. Un constat qui ne sera absolument pas démenti tout au long des titres suivants, que ce soit "Vaginal Vomit", "Inherent Perversion" et "Aborted Salvation", compositions 100% Brutal Death particulièrement bien troussées caractérisées par des riffs ciselés, des changements de rythmes réguliers et nombreux et globalement une plus grande variété de structures, ou bien "As The First Tear Of Blood Falls", interlude acoustique de très bonne facture qui relègue ainsi aux oubliettes cette faute de goût qu’est "Infusing Fecal Embryo".
Parmi les autres évolutions positives, on remarquera également que Jason Hendershaw a eu la bonne idée d’abandonner ces hurlements stridents qui ponctuaient certains titres de Proceating Mass Carnage afin de se concentrer uniquement sur son growl (ainsi que sur quelques séquences moins grasses comme on peut le constater sur les derniers instants de "Vaginal Vomit" ainsi que sur "Aborted Salvation" à 2:57). Si celui-ci, efficace au demeurant, n’offre à Scattered Remnants pas de quoi se distinguer (soyons clairs, ce n’est pas ce qu’on lui demande), on appréciera cependant de ne plus se faire déchirer les tympans par ces cris beaucoup trop perçants pour ne pas être pénibles…
Pour le reste, les Américains reprennent sans trop de surprise le chemin de ce Brutal Death partagé entre fulgurances radicales et intenses ("Amidst The Afterbirth à 1:13 et 3:42, les premiers instants de "Vaginal Vomit" puis plus tard à 1:17, "Inherent Perversion" à 0:30 et 1:42, "Aborted Salvation" à 0:12 et 2:45...), séquences plombées et bien lourdingues ("Amidst The Afterbirth" à 1:53, "Inherent Perversion" à 1:30, "Aborted Salvation" à 1:47...) et passages au groove absolument délicieux évidemment typique des scènes new-yorkaises ("Vaginal Vomit" à 0:10 et 1:56, "Inherent Perversion" à 3:47, "Aborted Salvation" à 3:28 et 4:39). Aussi comme pour Proceating Mass Carnage, Suffocation reste naturellement la source d’inspiration principale pour Scattered Remnants qui à défaut d’avoir inventé quoi que ce soit, s’impose avec Inherent Perversion comme un élève assidu et appliqué capable de s’extirper du modèle dont il s’inspire librement afin d’apporter d’autres sonorités (moins techniques et plus Slam). Certes, le succès ne sera pas spécialement au rendez-vous pour les Américains qui malgré la qualité de leurs productions ne connaitront finalement qu’un certain anonymat malgré cette réputation solide que Scattered Remnants se traîne parmi les amateurs de Brutal Death US bien informés.
Bref, si Inherent Perversion n’est qu’un modeste EP de vingt-quatre minutes sur lequel on va qui plus est trouver un interlude acoustique, il n’en reste pas moins une sortie de choix pour tous les amateurs de Brutal Death à l’ancienne puisqu’en effet celui-ci n’est aujourd’hui plus de toute première fraîcheur. Il est surtout le témoignage d’un groupe en progression qui a su travailler sur ses faiblesses et autres petits défauts pour accoucher d’un disque qui n’est peut-être pas parfait mais qui n’a cependant aucun mal à convaincre encore de nos jours. Et si l’expression peut sembler aujourd’hui largement galvaudée, je n’hésiterai pas pourtant à qualifier Inherent Perversion d’EP clairement sous-côté. Un constat également valable pour Scattered Remnants qui mériterait effectivement un petit peu plus de reconnaissance dans le milieu (ce que ces chroniques tentent d’ailleurs de corriger bien modestement).
| AxGxB 1 Juillet 2024 - 349 lectures |
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