Il y a l’actualité et il y a le devoir de mémoire. Essayer de constamment coller au présent, c’est bien mais c’est un peu comme vouloir télécharger tout le porno du monde, une vie n’y suffirait pas. Aussi, afin de briser cette course à la nouveauté, il est parfois appréciable de chercher à déterrer un truc obscur issu de l’
underground profond afin d’en parler sans autre désir que celui de faire connaître au plus grand monde une petite putridité oubliée. Ainsi, les Grecs d’
INCINERATION ont sorti trois albums (ainsi que deux splits, un EP et quelques démos) dans le quasi-anonymat de l’indépendance entre 2007 et 2017, notre curiosité nous amenant aujourd’hui à évoquer le dernier en date : «
Dawn of Dismemberment ».
Sans surprise, le trio nous balance à la gueule douze titres de
brutal death metal, dont une reprise de
PYAEMIA, soit une trentaine de minutes passées à se faire matraquer le cervelet. Influences
splatter oblige, le disque s’ouvre sur un
sample du film « Hostel » (je crois) et ensuite, c’est parti pour la maxi branlée au pays des ogres. Aucune pitié pour l’auditeur, les mecs balancent une sauce ultra épaisse qui rappellera la furie débridée de l’école sud-américaine, avec tout le cortège de mauvais goût que cela peut parfois impliquer, à l’image de ce pet enregistré en introduction de « Cesspool of the Green Turds ». Cette incartade gastrique n’est pourtant pas représentative du contenu réel, les compositions ne sombrant globalement jamais dans le pipi caca (même en présence de « Fecal Syrup »), plutôt dans le sexe (« Fornicating the Flock » ; « Ejaculation Chamber » ; « Baptised in Anal Discharge ») et la perversion, l’ambiance générale étant à ce titre assez terrifiante.
En effet, le chant extrêmement profond évoquera la vermine, la torture, sur fond de riffs brutaux tout en s’avérant cependant suffisamment techniques pour maintenir l’attention à un haut niveau. Quant au batteur, il blaste comme un forcené évidemment, accompagnant les passages les plus
groovy (« Fecal Syrup ») d’une délicieuse caisse claire qui
pingue allègrement, toutefois sans en abuser. Vous me direz, à juste titre, que des formations de ce type il en existe des centaines, alors qu’a donc en plus
INCINERATION pour mériter ainsi une partie de mon dimanche matin ? Rien. Rien de plus, rien de moins, c’est juste que parfois tu tombes sur un disque anodin qui te met la misère auditive, que ses passages écrasants (« Sewer Self-Abuse Crescendo ») te régalent, que ses harmoniques dégueulasses te vrillent les tympans et que, sans être en mesure de l’expliquer, l’album met en exergue une forme de malaise que peu parviennent à esquisser.
En définitive, il est dommage que la production ne soit pas à la hauteur de la bestialité déployée ici. Le son étouffé, compressé, éteint trop la batterie ainsi que la guitare, seule la voix d’outre-tombe se satisfaisant de ce traitement cavalier. Cela étant, il s’agit aussi peut-être de la signature des Grecs, ces derniers n’ayant pas proposé mieux sur «
Disciples of the Garrotte » (2013), à la limite de l’inaudible, leur travail le plus abouti étant finalement celui fourni pour leur première sortie, «
Blasphemous Theologies » (2007). En revanche, si l’emballage laisse peut-être à désirer (et encore, j’apprécie bien ce genre de sonorités), il me semble en revanche que ce troisième effort est le plus réussi en termes d’écriture, complètement radical dans son approche du
death et viscéralement ancré dans le sang et l’horreur. Une curiosité, rien de plus, mais également l’assurance de passer un excellent moment dès lors que l’on apprécie les vieux
DEEDS OF FLESH, «
Trading Pieces » par exemple ou encore «
Inbreeding the Anthropophagi ».
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