Mais que cet album fait du bien ! Clairement, je ne sais pas ce qui m’a pris en retournant vers Blacklisted et en particulier l’album
Heavier Than Heaven, Lonelier Than God. Pourtant assez éloigné de ce que j’écoute actuellement, il est retourné par surprise dans mon lecteur CD, cherchant rapidement quoi écouter avant de partir au travail.
Un trajet que j’ai fait plus rapidement que d’habitude, un trafic fluide et un shot de pure énergie hardcore m’ayant temporairement fait oublier le code de la route. Quelle baffe ! Si le groupe m’avait déçu à l’époque de son retour (le testament de déjà-mort
When People Grow, People Go), c’est bien en raison de ce qu’il avait réussi à atteindre auparavant.
Heavier Than Heaven, Lonelier Than God est tout simplement un disque de hardcore de la grande époque du label de Deathwish, un coup de boule ne dépassant pas les vingt minutes et ayant tout compris à ce qu’on peut attendre d’un album de ce genre, soit une succession de morceaux molotov ne s’appesantissant jamais, abandonnant l’idée de jouer des prolongations souvent ennuyeuses. Aucune prétention, aucune volonté d’apporter du neuf : simplement l’envie de partager sa passion de tout casser de la meilleure façon possible, straight to the point à défaut d’être straight.
Mais ce qui étonne le plus à la réécoute de
Heavier Than Heaven, Lonelier Than God est que Blacklisted, derrière ses airs de jouisseurs ne cherchant pas l’originalité, parvient à attraper ce supplément d’âme malgré des formats courts sans graisse ajoutée. Cela est rendu possible par une production qui a étonnamment bien vieillie, puissante et souple, à la fois furieuse et claire, laissant aussi bien respirer le groove qu’appuyant l’abrasivité d’un titre comme « I Am Weighing Me Down ». Il y a aussi la prestation de George Hirsch, hurleur en chef qui, plus que de donner une voix à un riffing explosif, apporte une certaine fraicheur dans ce hardcore au cœur gros comme le poing. Il est par ailleurs peu étonnant que le bonhomme divise, ses cris pouvant paraître répétitifs dans leur manière de dicter leurs paroles. Il apporte pourtant quelque chose de personnel à ce hardcore approuvé par Jacob Bannon, à la fois typiquement américain et intimiste. Une manière de hurler vulgaire et sensible à la fois, faisant imaginer quelques drames U.S. avec héros en chemise à carreaux et bonnet laineux lors de « Wish » par exemple. Pas mal, pour un disque qui ne semble au départ chercher qu’à mettre le feu, partout, tout le temps.
Un exercice que
Heavier Than Heaven, Lonelier Than God réussit tout de même pleinement, les élans vers le mur que sont « Stations », les leads de « Circuit Breaker » ou encore « Burning Monk » (et ses influences héritées du thrash) ainsi que le feeling débordant de « Self-Explosive » – on arrête là, je risque de citer tout l’album – fonctionnant admirablement bien plus de dix ans après leur découverte. De quoi comprendre que Blacklisted ait été à l’époque, au même titre que The Hope Conspiracy, Trap Them ou encore Rise and Fall, vu comme un fer de lance de la scène et du label. Mais sa plus grande qualité est aussi son plus grand défaut : humble à chaque instant, il ne dépasse pas le stade du défouloir hardcore avec « un petit truc en plus ». Un truc qui se développera sur le successeur
No One Deserves to Be Here More Than Me, Blacklisted se sabordant lui-même pour un résultat aussi attachant qu’imparfait. On en reparlera dès que j’aurai un nouveau trajet en voiture, et assez d’argent pour payer les amendes.
Par Keyser
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo
Par Jean-Clint
Par Troll Traya
Par alexwilson
Par Sosthène