Vieillir, c'est moche, surtout quand on ne se rend pas à l'évidence. Le souffle court, le bide apparent, la calvitie et les doigts qui se font moins agiles qu'autrefois, entre autres. Alors, quand Blacklisted revient après une période d'absence un poil longue (à part le petit sept pouces
So, You Are a Magician? paru en 2012, rien de vraiment neuf à se mettre sous la dent depuis le très bon
No One Deserves to Be Here More Than Me de 2009) pour renouer avec ses amours d'autrefois – oubliez les expérimentations des derniers albums, le retour au hardcore fontal se fait à fond les ballons –, le voir tant chercher à rester dans le coup malgré les années fait peine à voir.
Pochette vaguement triste et vaguement poétique comme on en voit plein sur Facebook, production mastoc, morceaux courts type « on balance tout et on s'arrête » : Blacklisted, ce groupe auparavant novateur et rafraîchissant en partie pour cette raison, renoue avec un « deathwishcore » tout ce qu'il y a de commun, cantonnant ses envies rock présentées sur
No One Deserves to Be Here More Than Me à quelques riffs dont le seul développement satisfaisant se trouve sur le titre « Insularized » (bien triste qu'il soit le seul de ce genre ici, d'ailleurs). Un défi difficile à relever pour moi, tant les wagons entiers de disques estampillés du sceau du label que j'ai écouté ont fini par me blaser, mais un choix qui aurait pu être pertinent quand on se souvient de l'excellent
Heavier Than Heaven, Lonelier Than God, pas avare en coup de boule de ce type. Dommage,
When People Grow, People Go sonne globalement trop empâté et hasardeux, sans direction ni efficacité, et donne finalement envie de suivre sa dernière proposition et de s'en aller réécouter les anciennes œuvres des Ricains.
La déception est grande. Voir Blacklisted, cette formation si touchante par le passé, essayer de convaincre vingt minutes durant par des riffs filant droit à un trot de personne se remettant au jogging après des années sans exercice fait mal à entendre. Si l'amateur trouvera quelques éléments lui rappelant ce qui lui a plu dans la musique des Philadelphiens (je ne cache que les premières écoutes ont été enthousiasmantes, principalement pour le plaisir de réentendre la voix de George Hirsch), tout paraît si consensuel, tiède et fait dans la demi-mesure qu'il finit par bâiller. Ainsi, le chant s'est fait moins écorché, étranglé, transmettant maladroitement les doutes et questionnements sur lesquels aime écrire le frontman. Un symptôme d'une maladie qui paraît avoir touché l'ensemble du quatuor, incapable d'offrir aussi bien du tuant que du franchement mauvais, pris qu'il est dans une routine entre bonnes et mauvaises habitudes.
Ne vous y trompez pas :
When People Grow, People Go sera pour certains ne cherchant qu'un disque où se défouler un bon exutoire sortant de chez Deathwish comme on en a l'habitude. « Bottle Rockets », « Riptide », ou « Gossamer » pourront très bien remplir cet objectif par exemple. Mais pour ceux pensant que Blacklisted a toujours été un peu plus que ça, il sera au mieux touchant par son incapacité à aller franchement au bout des choses, pour ses lubies hardcore déjà datées en 2010, son intention de bien faire qui laisse aussi content que devant un boulot exécuté dans les règles (pas de bol pour eux, on parle de musique ici). Pas dénué d'émotions donc, mais clairement pas les bonnes, puisqu'il laisse au final gêné comme quand un vieux vient voir une bande en soirée en leur disant « Alors les jeunes, c'est où la fête ? ».
Par gulo gulo
Par AxGxB
Par Jean-Clint
Par Raziel
Par Sosthène
Par Keyser
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo