Simulakra - The Infection Spreads
Chronique
Simulakra The Infection Spreads
Dans le business depuis déjà quelques d’années (2018), Simulakra n’est pourtant pas de ces groupes à la réputation bien installée. La faute à des sorties de petites envergures sur des labels tout aussi confidentiels. Il aura fallu attendre 2021 et la parution de leur troisième démo intitulée Mankind Is The Disease sur Daze Records (Momentum, Koyo, Queensway, Pain Of Truth, Pillars Of Ivory...) pour que le nom de cette jeune formation commence à circuler au-delà des frontières du Delaware, cet état définitivement pas très sexy dont il est issu.
Pour autant, Simulakra n’est pas une formation constituée de bleus inexpérimentés puisque l’on y retrouve notamment des membres de Foreign Hands, Vicious Embrace et Gridiron. Un curriculum-vitae plutôt engageant (même si ces noms restent confinés à la seule scène Hardcore) attestant du sérieux de ces cinq garçons qui en mai de l’année dernière effectuaient un sérieux pas en avant avec la sortie toujours sur Daze Records de The Infection Spreads, un premier album post-Covid ayant pour thème principal la maladie, la contagion et les mensonges d’état en période de crise sanitaire : "The record has an overall theme of sickness and plague. It essentially tells the story of a government telling the mass population that they have things under control when that’s not the case, and it’s only getting worse and worse."
Alors comme souvent dans le Hardcore, ne vous attendez pas à vous étouffer avec le contenu de ce premier album dont la durée ne dépasse pas ici les vingt et une minutes. Un format court qui sied à ravir à ce genre de formule violente, vicieuse et implacable aux allures de véritables combats de rue...
En effet, pas là pour rigoler ni même pour amuser la galerie, Simulakra propose à l’image de cet artwork réussi signé Aaron Lee (à qui l’on doit notamment l’illustration de la seconde démo des Américains d’Evulse intitulée Pustulant Spawn), un Hardcore métallique brutal et bas du front ne faisant ni dans la dentelle ni dans la finesse. Doté d’une production rugueuse qui, si elle doit évidemment tout à des groupes comme Slaughter et Entombed, rappelle surtout ce que l’on pouvait trouver à la fin des années 2000 et au débuts des années 2010 chez des groupes comme Nails et Trap Them. Une production abrasive, compacte et nerveuse qui ne pouvait pas mieux coller aux propos de la formation.
Aussi, vous vous en doutez, rien chez Simulakra ne sort véritablement de l’ordinaire. En effet, tout ce que propose le groupe ici n’est qu’une redite de ce qui se faisait déjà à la fin des années 90 et au début des années 2000. Doit-on pour autant passer son chemin et s’en aller voir ailleurs si l’herbe est plus verte ? Cela va bien évidemment dépendre de votre seuil de tolérance en la matière mais à vue de nez, si vous êtes amateurs de Hardcore, il y a longtemps que vous ne vous souciez plus de ce genre de faux sujet.
On va donc retrouvez chez Simulakra tout ce qui fait le sel de ces productions particulièrement musclées à commencer par ce riffing pas forcément bien compliqué mais qui transpire néanmoins le vice et la bagarre par tous les pores. Un riffing thrashisant qui comme toujours emprunte beaucoup à Slayer dans une version néanmoins revisité façon bas-quartiers, survêtement Lacoste et Nike Air Max Plus TN. Un riffing dont émane, au moins en partie, cette hargne destructrice qui caractérise la musique de Simulakra. Le Hardcore des Américains est également marqué par l’utilisation massive de breaks taillés pour briser n’importe quelles nuques, même les plus rompues à ce genre d’exercice. Un gimmick peut-être un poil éculé mais qui à le mérite de fonctionner à merveille dans la mesure où ce dernier ne sert en aucun cas de substitut à des riffs vidés de leur substance. Ainsi, outre cette envie irrésistible de tout défoncer autour de soit, ces breaks au groove assassin permettent comme leur nom l’indique de rompre également les élans qui ponctuent chacune de ces dix compositions et cela sans pour autant attenter à la dynamique et à l’atmosphère générale. Enfin, saluons également la performance de monsieur Dominic Pabon (assisté sur "Follow The Flies" par Tyler Mullen du groupe Year Of The Knife), chanteur particulièrement énervé qui livre ici une prestation extrêmement convaincante. Lui qui enchaine vraisemblablement les problèmes de santé depuis maintenant une dizaine d’année parait en effet ici extrêmement remonté et à même d’évoquer ce genre de sujets. Une rage portée par une voix agressive et arrachée qui n’entend épargner rien ni personne à commencer par certaines institutions.
Premier album cousu de fil blanc, The Infection Spreads ne surprendra a priori pas grand monde. Pour autant, c’est bel et bien l’enthousiasme qui nous gagne à l’écoute de ces quelques brulots particulièrement efficaces et redoutables. Eh oui, même si les Américains de Simulakra se contentent de marcher dans les pas de leurs ainés sans rien apporter de nouveau, il me paraît bien compliqué de ne pas succomber aux charmes du groupe du Delaware. Radical et implacable, Simulakra s’impose par la force des coups qu’il distribue sans jamais ciller. Une leçon de violence en dix actes sur laquelle on ne manquera pas de revenir encore et encore...
| AxGxB 9 Juin 2023 - 583 lectures |
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