Si je respecte énormément Keyser, notamment pour tout le travail accompli sous les couleurs de votre webzine préféré, il y a des choses qui pourtant ne passent pas. En 2005 (eh non il ne peut y avoir prescription sur le sujet), celui-ci écrivait en substance à l’occasion d’une chronique de l’excellent
Imprint (deuxième album de Vision Of Disorder qui au passage aurait bien mérité quelques demi-points supplémentaires) que le groupe avait déjà à son actif un premier album très moyen. Une affirmation particulièrement culottée suite à laquelle j’ai manqué de m’étouffer le jour où j’ai pris connaissance de cette chronique... Alors on est évidemment toujours potes Keyser et moi mais il était temps que je rétablisse un semblant de vérité au sujet de ce premier album qui mérite tout de même plus qu’un tel dénigrement.
Formé en 1992 à Long Island, Vision Of Disorder va dans un premier temps s’atteler à la composition et à la sortie de quelques démos avant d’être invité en 1995 à participer à la compilation New York’s Hardest Volume I en compagnie d’autres locaux de renoms tels que Bulldoze, 25 Ta Life, Fahrenheit 451 et Skarhead. Une année chargée puisqu’en plus de sa participation au fameux documentaire N.Y.H.C. (dont la sortie officielle se fera néanmoins quatre ans plus tard), le groupe va également sortir sur le label Striving For Togetherness Records (25 Ta Life, Up Front, No Redeeming Social Value, District 9, Fahrenheit 451...) un chouette premier EP intitulé
Still. Bref, un début de carrière prometteur qui n’aura pas manqué d’attirer l’attention de Roadrunner Records sur lequel seront rapidement signés les New-Yorkais via Supersoul Recordings, sous-division éphémère menée par monsieur Ray Cappo et qui verra entre autres la sortie de nombre de ses propres projets tels que Shelter, Better Than A Thousand et Youth Of Today.
C’est en octobre 1996 que sort ce premier album éponyme et je peux vous dire que la "hype" était grande parmi tout ceux qui avaient déjà posé leurs oreilles sur la musique de Vision Of Disorder auparavant. En effet, sans forcément parler de révolution, il y avait déjà chez les New-Yorkais quelque chose de différent et de particulièrement excitant dans cette manière de mêler l’agressivité et l’intensité du Hardcore à des sonorités à la fois très Metal et en même temps très mélodiques. De fait, il est juste de dire qu’une bonne partie de la scène Hardcore de l’époque était extrêmement fébrile à l’idée de pouvoir confirmer tout le bien déjà exprimé à l’égard de Vision Of Disorder.
Pourtant, on imagine bien que certains ont du rester quelque peu circonspect face à cet artwork pour le moins étrange et surprenant signé Dean Modino. Ce nom, s’il ne vous dit peut-être pas grand chose, fût pourtant un proche collaborateur du label Roadrunner Records dans les années 90 puisqu’il a également travaillé pour des groupes tels que Suffocation, Life Of Agony, Cynic, Madball, Type O Negative ou bien encore Black Train Jack. Pourtant, malgré ce pédigrée, il faut bien avouer que cette goutte verdâtre et cet arrière-plan indescriptible ne sont pas des plus encourageants, que ce soit pour le fin connaisseur qui sait où il met les pieds ou pour tous ceux qui débarquent ici pour la première fois…
Néanmoins et comme souvent, l’essentiel n’a jamais résidé dans cette oeuvre discutable (pourtant devenue d’une certaine manière l’un des artworks les plus emblématiques de la scène New York Hardcore) mais bel et bien dans les quelques titres qui composent ce premier album (dont certains comme "Through My Eyes", "Suffer" ou "D.T.O." n’avaient déjà rien de neuf à l’époque puisque présents sur de précédents enregistrements de VOD). Produit par Jamie Locke (Supertouch, Madball, Kickback, Deviate, Obituary, Fury Of Five...), ces quelques compositions n’ont encore aujourd’hui pas pris une seule ride même si on peut d’une certaine manière y déceler les signes d’une époque aujourd’hui révolue à commencer par le son sec et dépouillé de cette batterie sans artifice ou un dynamisme plus timoré que ce que l’on peut trouver dans les sorties actuelles. Quoi qu'il en soit et contrairement à ce qu’avançait mon cher collègue il y a quelques années,
Vision Of Disorder n’a absolument rien d’un album "très moyen". À l’épreuve du temps, celui-ci à conservé vingt-sept après sa sortie toute sa pertinence et sa singularité grâce à cet habile mélange évoqué plus haut.
Pourtant, on ne peut pas dire que le groupe ait inventé quoi que ce soit puisque sa musique, essentiellement orientée mid-tempo (en dépit de quelques petites accélérations présentes ici et là), déroule ses riffs Metal à travers une approche au groove et à l’agressivité résolument Hardcore. Une formule qui déjà en 1996 n’était pas de première fraicheur mais qui dans le cas du groupe de Long Island ne manque certainement pas d’efficacité grâce à des riffs simples mais néanmoins ultra solides et à un groove peut-être pas aussi démonstratif que certains de ses contemporains (Merauder, Candiria...) mais ô combien redoutable (s’il ne paye pas de mine de prime abord, le jeu de batterie s’avère redoutable en la matière).
Là où par contre Vision Of Disorder tire notamment (et brillamment) son épingle du jeu c’est dans ces très nombreuses lignes de chant mélodiques loin d’être pénibles et/ou gênantes qui en plus de contribuer à l’identité très marquée des New Yorkais, apportent également à leur musique une atmosphère bien particulière, quelque part entre désarroi et désespoir. Aussi, on peut ne pas apprécier ce genre de vocalises et cela pour tout un tas de raisons différentes, force est néanmoins de reconnaître que Tim Williams (hurleur hors pair dont la prestation dans ce registre est également à saluer ici) a toujours habilement maitrisé cet exercice et cela sans jamais versé dans une quelconque mièvrerie pouvant vite rendre la chose futile et agaçante.
Disque absolument incontournable de la scène Hardcore des années 90,
Vision Of Disorder n’a eu aucun mal à s’imposer comme un disque majeur de son époque (malgré les critiques reçues des deux bords puisque pas suffisamment Hardcore pour certains et pas suffisamment Metal pour d’autres). Car sans véritablement bouleverser la donne, les New Yorkais ont pourtant su apposer leur marque et ainsi prendre leur place au sein d’une scène déjà extrêmement chargée et particulièrement concurrentielle. Alors non, ce disque n’a rien de "très moyen" puisqu’en dépit d’une recette Metal / Hardcore plutôt classique, ces nombreuses lignes de chant mélodiques lui apportent une forte personnalité sans pour autant nuire à son efficacité ni à son agressivité. Bref, vingt-sept ans après sa sortie, ce premier longue durée demeure encore aujourd’hui l’un des fleurons qu’ait porté le genre. Un indispensable parmi les indispensables...
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