Cette fois pas de discours sur les créatures mythologiques, qu'elles soient divines ou démoniaques, au lieu de ça je vais vous expliquer l’origine du nom du groupe de façon plus terre à terre.
One Hundred Demons est un livre rassemblant des dessins de tatouages du maître encreur japonais Horiyoshi III, qui pratique l’art de l’irezumi, c’est à dire le tatouage complet du corps dans l’esprit traditionnel du pays. J’ai lu aussi que dans les croyances de la religion Bouddhiste, chaque personne doit combattre et vaincre cent démons au cours de sa vie. Dans les deux cas, cela cadre bien avec la mentalité de 100 Demons, une bande de tough guys du Connecticut arborant de larges pièces tatouées sur leurs corps meurtris, comme pour prouver qu’ils ont lutté contre ces fameux cent démons.
Si l’on commence à décortiquer cet album éponyme par la pochette, il est facile de se faire une idée de ce qui se cache derrière. Un samouraï, qui rappelle inévitablement celui de
Master Killer pour tous ceux baignant dans le hardcore tough et metallisé. Là où la différence se situe, c’est que le guerrier de pierre pétrifié représentant la force tranquille et sure d’elle chez Merauder, est sorti de son sommeil millénaire pour montrer les cornes et les crocs. Le noble guerrier a succombé à sa rage qui s’est répandue et a teinté sa peau couleur sang. Le katana autrefois symbole d’autorité n’est maintenant plus qu’un instrument de mort, une faucheuse pour tous ceux se mettant en travers du chemin destructeur de 100 Demons. Les paroles « Rage unbridled, not what I used to be. The pain so vital, to live it's necessary » représentent à merveille l’état d’esprit du disque.
Effectivement, le groupe est là pour rentrer dans le tas et n’a de pitié pour personne. La décharge au début du titre d’ouverture « Time Bomb » après une brève introduction met immédiatement dans l’ambiance. Pas le temps pour les préliminaires, 100 Demons fonce droit à la jugulaire emporté par une rafale de double pédale, comme si le temps jouait contre lui. Pas de place pour les pourparlers, les riffs lourds et saccadés se succèdent à la volée comme sur le titre « Non Believer », la batterie ne montre aucune finesse assimilable à de la faiblesse sur le champ de bataille, seulement des rythmiques dures motivant l’agressivité chez celui ayant le malheur d’y avoir été exposé. Pas besoin d’en dire plus : c’est du hardcore dans tout ce qu’il a de plus démonstratif, avec un chanteur très doué pour botter le cul de ceux qui s’endorment au fond de la salle à l’aide sa voix rauque et couillue as fuck.
Décidé à en découdre à coups de coudes, 100 Demons a perfectionné son art de combat au prix de nombreuses heures d’entraînement à récolter de la sueur. Nous rentrons à notre tour dans le dojo pour prendre une leçon de guerre urbaine, le thème du jour étant les mosh parts. La technique ancestrale enseignée par le sensei démoniaque est particulièrement efficace grâce à d’énormes montées en pression précédant les balayements : ces parties que l’on trouve à la fin de « Destiny Never Came » ou « Never Surrender Virtue » mettent MAC 5 dans la tête sous la forme de gros mawashigeri. De plus, 100 Demons lance ou accompagne souvent ses assauts par des lignes de chants de gorille en rut qui donnent envie de frapper quiconque ne fait pas partie de la tribu. « My life, my crew, FUCK YOU! », chacun choisit d’être tough ou non, seulement vous feriez bien de l’être pour ne pas rejoindre les rangs des victimes collatérales à chaque sortie live du groupe.
Cependant, ce qui distingue
100 Demons (l’album) de nombreux autres disques de hardcore metal sous stéroïdes qui tombent dans la facilité à ne proposer que du lourd au point de le devenir justement, ce sont divers ajouts amenant un soupçon de variété au milieu de ce déferlement de violence. Premièrement, le chant présente une facette relativement claire sur plusieurs refrains ou parties entrainantes, ce qui transmet une dose d’énergie épique pour s’élancer sabre à la main dans les rangs ennemis (« Dying In My Own Arms » ainsi que « Repeat Process »). On peut aussi noter la présence de soli très bien sentis ne tombant pas dans la démonstration qui ferait tâche vu le style du groupe, par exemple sur « Something Terrible » où il lance superbement le refrain. De façon générale le riffing est assez inspiré pour continuer à susciter l’intérêt une fois les premiers titres passés, et le début très incisif de « Repeat Process » vient facilement relancer la machine.
Vous l’aurez compris à travers le champ lexical utilisé dans cette chronique, 100 Demons n’est ni un groupe ni un album pour enfants de cœur. Si vous êtes de ceux qui se plaignent de se faire « chahuter » en concert vous feriez mieux de passer votre chemin, et en baissant les yeux bien sûr, « bande de tafioles ». En revanche, je ne peux que recommander l’écoute de ce condensé de mosh pit (seulement 25 minutes) aux amateurs de gros biscotos tatoués et exposés fièrement au son d’un hardcore particulièrement viril. Le groupe n’a malheureusement toujours pas donné suite à ce très bon disque (classique ?) sorti en 2004, ce qui est d’autant plus dommage que la progression qui a été faite par rapport au premier album
In The Eyes Of The Lord est saisissante. 100 Demons a su sortir l’attaque imparable cette fois, en tout cas il est passé à travers ma garde avec beaucoup de facilité dès la première écoute, me laissant agoniser après une botte fatale.
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