Deeds Of Flesh - Gradually Melted
Chronique
Deeds Of Flesh Gradually Melted (EP)
Au début des années 90, le petit monde du death metal, et notamment sa frange la plus extrême, est en plein essor. L’histoire prend place sur la côte Est américaine et plus précisément à New York (exception faite des chicagoans de Broken Hope) où de nombreux combos, emmenés par Suffocation, Internal Bleeding ou encore Pyrexia, décidèrent de passer à la vitesse supérieure et d’emmener le death metal encore plus que loin, au-delà des frontières posées alors par Cannibal Corpse ou Deicide. Dans le sillon de cette scène NYDM dont Suffocation fut sans conteste le fer de lance, de nombreuses formations émergèrent dans le but de faire une musique au moins aussi brutale sinon plus (le processus aboutissant in fine à l’apparition du brutal slam death pur et dur emmené par les Texans de Devourment entre autres). Et l’onde de choc fut telle qu’elle traversa les Etats Unis où, en Californie, la même envie de bousculer les limites du style aboutit à la naissance de poètes comme Sepsism, Disgorge, Deprecated ou encore Deeds Of Flesh.
Ce rapide résumé (forcément incomplet) de l’histoire, outre le fait de replacer cette chronique dans son contexte historique, a également pour but de pointer l’un des reproches ou disons plutôt l’une des remarques récurrentes concernant Deeds Of Flesh : ils ne sont que des suiveurs, des seconds couteaux, en rien des pionniers. Certes, et s’il est vrai que l’influence du grand Suffocation est évidente et planera toujours sur l’œuvre des Californiens, ils ont pourtant su au fil du temps se forger une identité musicale assez affirmée leur valant d’ailleurs d’être cités en référence par nombre de formations brutal death contemporaines. Cette identité musicale apparaîtra dès le premier opus « Trading Pieces » en 1996 car pour ce qui est de « Gradually Melted » le groupe se ‘’contente’’ de digérer toutes ses influences, proposant peu ou prou un mélange de ce qui se fait de plus brutal à l’époque en matière de death metal US. Sur une base fleurant bon le Cannibal Corpse première fraicheur (les semi-blasts de « Three Minute Crawlspace » et « Human Sandbags », « Gradually Melted » à 3’11) Deeds Of Flesh insuffle une brutalité jouissive à leur musique rappelant évidemment Suffocation mais pouvant aussi faire évoquer Broken Hope ou Internal Bleeding. De la bande à Frank Mullen, outre l’amour de la vélocité, le trio de Los Osos partage cet attrait pour les cassures rythmiques incessantes et la propension à descendre le tempo lors de breaks bien lourds. Pas le temps de s’ennuyer donc étant donné que le tempo change à peu près toutes les 15 secondes entre semi blasts, blasts plus viriles, cavalcades succulentes (« Three Minute Crawlspace » à 2’09), mid tempo accrocheurs et ralentissements étouffants (« Three Minute Crawlspace » à 1’09, « Gradually Melted » à 2’15) venant soutenir des riffs déjà vicieux et suffisamment nombreux pour perdre une bonne partie des auditeurs peu attentifs à l’affaire. Déjà porté par le duo vocal growl profond/hurlement d’une paire Lindmark/Kingston irréprochable, Deeds Of Flesh se complait comme ses compères à envoyer deux-trois séquences bien groovy afin de retenir l’attention de l’auditeur perdu dans la tempête (« Three Minute Crawlsapce » à 1’30 puis 2’01, « Feelings Of Metal Through Flesh » à 20’’), douce attention qu’ils perdront assez vite pour n’offrir plus que leur face la plus brutale.
Pouvant se targuer d’une prod très correcte pour un premier EP avec des guitares rugueuses, une basse clinquante et une batterie ne mangeant pas tout l’espace alentours, « Gradually Melted » reste un coup d’essai plutôt réussi malgré quelques défauts. Si la patte Deeds Of Flesh est déjà perceptible sans être encore évidente (l’impression d’écouter un melting pot extrême de l’époque), on regrettera surtout des blasts, certes nombreux, mais parfois trop brefs sacrifiés sur l’autel de l’instabilité rythmique permanente, laquelle malheureusement oubliera le pourtant fameux (voire indispensable) tchouka-tchouka tout comme l’on déplorera les leads ou soli réduit ici à néant.
Moins typé ‘’slam’’ et plus rapide qu’un Broken Hope ou qu’un Internal Bleeding, manifestement influencé par les mighty Suffocation, Deeds Of Flesh offre avec « Gradually Melted » une mise en bouche excessivement appétissante et annonçant une suite on ne peut plus remarquable. Le manque de personnalité évident sur cet EP sera partiellement gommé l’année suivante sur un « Trading Pieces » concentrant toute la brutalité déjà affichée ici et définissant le style Deeds Of Flesh. Un style qui, quoiqu’on en dise, marquera un nombre incalculable de formations de death metal à venir.
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