J'ai toujours pensé que malgré les paroles légèrement anti-hippies de Panzerchrist on pouvait réconcilier nos très fins Danois avec les amoureux de la nature aux rangs desquels je me revendique. Après tout, un tank ce n'est rien d'autre qu'une paire de chenilles surmontée d'une carapace, elle même surmontée d'un appendice rappelant furieusement une souche d'arbre encastrée dans un gros rocher de laquelle sortirait des jolis papillons de métal flamboyants. Oui, bon ok, l'image est bancale, et on se doute bien qu'à l'heure du triomphe européen des écolos-bobos, Panzerchrist n'irait pas voter massivement pour Nicolas Hulot. Moi même j'ai du m'absenter temporairement (ne croyez pas les calomnies d'Ikea, cette newsletter n'était pas de mon fait, elle comportait beaucoup trop de fautes de français) de Thrashocore pendant deux mois pour suivre un voyage initiatique permettant de concilier au mieux mes aspirations à la troisième guerre mondiale et ma volonté de protéger les pandas des émissions de gaz à effet de serre. Mais ça a échoué, et le retour de Panzerchrist cinq ans après
Bataillon Beast, même sans Bo Summer et Reno Killerich, a réveillé mes bas instincts guerriers en balayant toutes mes aspirations à la paix cosmique au milieu des fleurs. Car ce groupe a depuis longtemps compris ce qui fait le metal extrême : le conflit, la brutalité, la haine et la guerre. Et pas le sauvetage des baleines et des bébés phoques.
Avec
Regiment Ragnarok, Panzerchrist a pris l'audacieux pari de s'affranchir de quelques uns des éléments qui composaient son identité sonore depuis
Soul Collector, à savoir le chant binaire de Bo Summer et le tapis de grosse caisse incessant de Killerich. Mais les fondamentaux du groupe sont intacts : tout le monde est en doubles croches (trémolo et blast beat de rigueur) les trois quarts du temps, et pas sur des tempos de fillette du death metal moyen, non, Panzerchrist joue à 220 bpm pour s'échauffer et mange du 240 à tous les repas. Une vitesse d'exécution qui trahit une endurance impressionnante mais qui n'empêche pas le groupe de savoir calmer le jeu de temps en temps pour mieux accélérer. Certes, Panzerchrist ne vise que la brutalité, mais les musiciens pensent aussi à développer des mélodies entraînantes parfois astucieusement agencées (celle de « Panzer Regiment Jylland » est particulièrement bien trouvée), et ce d'autant plus que ce nouvel album poursuit la démarchée entamée sur
Bataillon Beast en diluant son brutal death dans une dose grandissante de black metal. En plus des riffs typiques du brutal death de la qualité de ce qu'on peut trouver sur le dernier Kronos par exemple, Panzerchrist s'amuse désormais à faire dans les mélodies harmonisées et, évidemment, le fait en blastant. Le nouveau vocaliste fait bien entendu évoluer sa voix en conséquence, alternant tout comme Bo Summer en son temps, le growl et le hurlement, mais en le faisant encore mieux.
Si
Regiment Ragnarok est assez surprenant, il n'en est pas moins bon que ses prédécesseurs, je le mettrais même à égalité avec
Bataillon Beast, car bien qu'étant moins rentre dedans, il comporte son lot de riffs mémorables, de gravity blasts, et enfin un chant hargneux qui change agréablement d'un Bo Summer qui se contentait de mettre de la reverb sur sa voix la plus grave et n'alternait qu'avec un cri black metal à peine plus convaincant. Panzerchrist s'est doté d'un vocaliste au timbre varié et puissant, qui énergise encore plus sa musique, pour un rendu aussi énervé et possédé que si Sarkozy découvrait la trahison de Jean Louis Borloo au milieu d'un chant de bataille. Même le batteur remplace sans problème Killerich en n'essayant pas de suivre bêtement ses traces : sachant bien qu'il n'aurait jamais le même effet « tapis de double pédale » (quoique « Trenches » soit un argument de poids dans le sens inverse), il a préféré développer un jeu plus porté sur les toms et la caisse claire, s'essayant même aux gravity blasts avec beaucoup de succès, à tel point que Panzerchrist aurait presque des airs de Origin sur « For The Iron Cross », « Feuersturm » ou même sur un « Time For The Elite » qui ne dure qu'une minute, puisqu'il n'est certainement pas humain de tenir le rythme de ce titre plus d'une minute.
Mais le véritable plus de cet album ne réside pas tant dans le jeu ultra typé de ses musiciens, ni même das ses gimmicks de composition identifiables entre mille, mais dans le développement de mélodies à la fois surprenantes et ultra efficaces. Les meilleurs moments sont donc sans l'ombre d'un doute les refrains de « Prevail », « The Armour Of Armageddon », « King Tiger », « Feuersturm »et surtout l'intégralité du génial « Ode To A Cluster Bomb », probablement ce que le groupe a composé de meilleur jusqu'à présent, et ce qui ressemble le plus à du black metal. Et c'est comme ça que l'on peut résumer
Regiment Ragnarok : un glissement progressif du groupe d'un brutal death sous stéroïdes vers un black/death sous stéroïdes, avec des faux airs de Belphegor (à l'époque où ils avaient encore leurs attributs masculins) voire de Zyklon pour l'aspect monolithique ; glissement que l'on constate non seulement dans la carrière du groupe mais en plus dans la progression de l'album en lui même, qui tend de plus en plus vers ce nouvel horizon que le groupe n'avait exploré que timidement auparavant.
Alors oui, parfois on se dit que Panzerchrist a versé dans la facilité, dans le riff death metal un peu trop basique, trop lent, trop simple, sans impact. Le début de « Panzer Regiment Jylland » fait ainsi se lamenter de ne pas avoir été à l'image du reste du titre, qui est un des plus entraînants de l'album. Au contraire, on peut aussi déplorer que les riffs plus atypiques, comme celui, excellent, qui clôt « King Tiger » de manière surprenante, n'ait pas été plus développé. Ce sont là quelques facilités que l'on pardonnera bien vite aux Danois devant la qualité globale de
Regiment Ragnarok.
En se portant habilement sur un autre terrain, qui n'est plus celui du brutal death ultra dense, mais d'un black/death assez varié, voire contrasté, qui peut être à la fois bien plus lent et plus rapide que tout ce que le groupe fait depuis
Soul Collector, Panzerchrist surprend sans réellement dépayser. Voilà une démarche particulièrement intelligente qui ne peut que séduire, à moins d'être allergique au gravity blast ou d'être un inconditionnel de Bo Summer, pourtant battu sur tous les plans par Magnus Jørgensen. Allez, je laisse
Bataillon Beast un léger cran au dessus pour sa quasi absence de moments faibles (hormis le break de « He Is The Dead Who Wil Not Fight ») et les petites trouvailles mélodiques comme l'intro de « Infant's Grave » ou le refrain de « The Spirit f Soldiers » qui le parsèment. Mais une fin d'album à fond de sixième voire le seul « Ode To A Cluster Bomb » devraient achever de convaincre les inconditionnels du groupe, tout en ramenant les amoureux d'une frange du black/death aujourd'hui délaissée dans le sillage du saint char d'assaut. Panzerchrist est la guerre mise en musique, une ode non pas seulement à la bombe à fragmentation mais aussi à tout ce que le metal à vocation extrême se devrait d'être. Le genre d'album qui me donne envie de gambader joyeusement dans la nature en pêchant à la grenade au coin de la rivière. Un petit regret toutefois : le batteur aurait pu blaster un peu plus. Ça ne blaste jamais assez. Ô non, rien ne blaste jamais assez. Je veux encore du blast. Encore ! ENCORE !!!
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