Sept ans après le très bon
« Portals To Canaan » on n’imaginait pas revoir les Californiens avec un nouvel opus du fait du décès en 2018 de son leader Eric Lindmark, vu qu’il semblait difficile pour les rescapés de continuer l’œuvre entamée vingt-cinq auparavant. Pourtant ceux-ci ont décidé de donner vie aux idées et parties déjà composées et enregistrées par le chanteur-guitariste avant sa mort, et rien que pour cela on ne peut que saluer l’initiative de continuer l’aventure (ainsi que le retour de Jacoby Kingston), tout comme la participation de nombre d’invités prestigieux pour donner de la voix sur ce nouvel (et ultime ?) album. En effet quoi de mieux pour rendre hommage au patron d’Unique Leader que de voir nombre de vocalistes célèbres et réputés prendre place derrière le micro, et ainsi donner plus de force à ces nouvelles compositions qui sur le papier ont tout pour plaire. Cependant entre les beaux projets et le rendu final il y’a parfois de grosses différences voire carrément de la déception, et malheureusement ici c’est cela qui va primer car malgré le pedigree proposé au sein du chant (Luc Lemay, Georges Fisher, Frank Mullen, Robbe Kok, John Gallagher et tant d’autres) l’alchimie ne va pas se faire, surtout avec des morceaux trop basiques et inégaux pour être mémorables. Tout cela sans compter le coup de grâce porté par l’infâme production compressée et en plastique, tant adorée par mon camarade Keyser (ce coup-ci le label s’est surpassé en matière de son 100% tupperware).
Si celle-ci n’est pas seule responsable du naufrage de ce disque elle y prend néanmoins sa part, tant tout y est étouffé à l’extrême sans aucune puissance et où aucune âme ne se dégage, à l’instar de l’écriture en roue-libre où les membres semblent juste être là pour réciter leurs gammes. Car avec « Odyssey » on s’aperçoit directement que l’écoute ne va pas être une partie de plaisir tant les vieux briscards y enchaînent blasts peu convaincants (et presque inaudibles) au milieu de riffs bateaux d’une grande pauvreté, ponctués de quelques ralentissements et cassures afin de montrer qu’ils sont bels et biens réveillés et pas seulement en pilotage automatique. Cependant cette désagréable sensation ne va pas quitter l’auditeur durant les quarante minutes que dure ce neuvième opus tant les moments où s’emballer vont être rares, côtoyant souvent au mieux des passages intéressants voire au pire carrément chiants et pathétiques. En effet que ce soit avec l’insupportable « Alyen Scourge » (qui se ressemble quasiment en continu du début à la fin) ou le chiantissime et synthétique « Ascension Vortex » (aux accents groovys qui auraient pu être intéressants mais tombent finalement à l’eau), on ne peut pas dire que ce premier tiers donne envie de s’enflammer.
Pourtant quand démarre « Catacombs Of The Monolith » on se dit qu’il reste un soupçon d’espoir dans ce bas-monde, de par ses passages plus lourds et techniques où l’on retrouve quelques instants la marque de fabrique de ses géniteurs, sans pour autant qu’il y ait de quoi sauter au plafond. Et curieusement ce bon point (pour ne pas être trop acide) va se confirmer dans la foulée sur « Ethereal Ancestors » où le niveau global monte d’un cran tout comme le solo de bonne tenue (jusqu’à présent ils donnaient l’impression d’être bâclés et joués à l’arrache), même si là-encore les gars ont fait nettement mieux dans un passé pas si lointain… un constat partagé sur « Nucleus » plus sombre, lourd et opaque (sans pour autant mettre la vitesse de côté) qui offre un moment agréable, classique et efficace… à défaut de mieux.
Cependant il était dit que rien ne nous serait épargné et après ce léger rebond l’ensemble va retomber dans ces travers, tant « Races Conjoined » bien qu’étant plus éthéré et lumineux que le reste va donner la désagréable sensation de partir dans tous les sens, comme si les gars avaient voulu caser le maximum de notes dans un minimum d’espace, et ça n’est pas avec « Terror » que ça va remonter la pente. Outre une durée beaucoup trop (et inutilement) longue l’entité va nous sortir un mic-mac de tout ce qu’elle sait faire en termes de technicité et de tempos, sans arriver à captiver quoi que ce soit tant ça brasse de l’air sans aucune conviction.
Autant dire qu’il n’y a pas grand-chose à sauver là-dedans et que ça sent le sapin pour l’avenir du combo qui semble n’avoir plus rien ou presque à dire, même si après autant d’années d’existence et la perte de son frontman cela n’a finalement rien d’étonnant. Du coup sans savoir s’il s’agit pour lui du chant de cygne il est en revanche certain qu’il va devoir se remettre en question et réfléchir sur son avenir, à savoir s’il vaut mieux repartir sous un autre nom (et mettre ainsi un point final à l’existence de DEEDS OF FLESH), ou carrément raccrocher les amplis et passer à autre chose. Car avec un rendu pareil n’importe quels jeunes loups ou vétérans de deuxième division se seraient fait retoqués par les fans comme la critique, alors quand il s’agit d’un nom avec un prestige pareil cela est encore plus grave et désolant. Même si ça fait du mal de le dire et de l’entendre il faut hélas se rendre à l’évidence, le roi est mort vive le roi… confirmant que les anciens du Death d’outre-Atlantique (INCANTATION, MALEVOLENT CREATION…) sont vraiment à la peine ces temps-ci.
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