Posthumous Blasphemer - Exhumation Of Sacred Impunity
Chronique
Posthumous Blasphemer Exhumation Of Sacred Impunity
Rendons à César ce qui appartient à César. C’est grâce à un fidèle lecteur de Thrashocore, notre estimé Ander, que j’ai fait la connaissance tardive de Posthumous Blasphemer. Bien que ma curiosité ait déjà été piquée au vif grâce à quelques artworks pour le moins intéressants (notamment ceux de Putrespermfaction Versus Fertiholyzation et Crucified Humiliation), il y avait - au moins sur le papier - quelques éléments pour freiner mon envie de découverte. Que voulez-vous, les stéréotypes ont la vie dure... Aussi lorsque j’ai vu associé l’origine de Posthumous Blasphemer (Biélorussie) au style pratiqué (Brutal Death Metal), j’ai tout de suite pensé à un quelconque ersatz en plastique comme ce pays nous en offre encore tous les jours (artwork futuro-gore, production synthétique, riffs insipides en carton-pâte, siphon ou gruik-gruik en guise de voix...).
Force est de constater que je me suis bien planté car si les Biélorusses pratiquent en effet un Brutal Death tout ce qu’il y a de plus moderne, l’intensité des compositions, le niveau technique des musiciens et l’inspiration dont ils font preuve n’ont rien à envier aux meilleures des formations européennes ou américaines en la matière.
Originaire de Minsk, Posthumous Blasphemer compte depuis sa formation en 2001 une discographie plutôt conséquente avec notamment cinq albums auxquels viennent s’ajouter quelques splits ainsi qu’un EP intitulé Damned Epiphany. Si je ne suis pas certain de me pencher un jour sur le reste de leur discographie (au moins en termes de chroniques), il me semblait tout à fait à propos de revenir sur Exhumation Of Sacred Impunity, dernier album en date sorti en février 2014 sur Coyote Records.
Afin d’illustrer ce cinquième album, Posthumous Blasphemer a fait appel au jeune et talentueux Vadim Moskalenko (21 ans). En plus de tenir les rênes du label Ungodly Ruins Productions (Embludgeonment, Impure Violation - groupe dont on devrait normalement vous parler très vite - etc...) et de chanter au sein de Gorged Bile, Egregious et Cranial Osteotomy, le jeune homme réalise à ses heures perdues quelques travaux graphiques de premier ordre. Dans le cas d’Exhumation Of Sacred Impunity il offre à Posthumous Blasphemer un visuel plus moderne qu’à l’accoutumée tout en évitant l’écueil de l’artwork ultra gore/sci-fi/mal photoshopé/plastique caractérisant souvent les productions du genre.
Ce cinquième album s’ouvre sur une longue introduction (3:17) épique où viennent se mêler nappes de synthétiseur, piano et leads mélodiques pour une mise en bouche alléchante rappelant ainsi celle de Incurso ("Abodment"), dernier album en date des Suédois de Spawn Of Possession. Un lien de parenté plus que flagrant à l’écoute d’Exhumation Of Sacred Impunity qui fait preuve lui aussi d’un niveau technique plutôt impressionnant, que ce soit dans la construction et la mise en place de ces huit titres ou dans l’exécution individuelle de chaque instrument, notamment de la guitare et de la basse toutes les deux particulièrement démonstratives.
Sans arriver tout à fait au niveau de composition et d’exécution d’un Jonas Bryssling (il ne faudrait surtout pas froisser quelques techniciens adeptes du métronome), Posthumous Blasphemer livre ici un album de Brutal Death technique extrêmement convaincant et surtout toujours ultra efficace. Comprenez par-là que les Biélorusses ne se perdent jamais sur le chemin de la technique et gardent ainsi toujours en ligne de mire ce degré d’efficacité nécessaire pour espérer ne pas noyer l’auditeur dans ce qui aurait pu être un exercice purement démonstratif. Ainsi, ce qui caractérise la musique de Posthumous Blasphemer c’est dans un premier temps une construction rythmique pour le moins nerveuse et alambiquée, pour ne pas dire épileptique. Changements de rythmes incessants et cassures franches (accélérations, blasts, breaks, séquences plus modérées...) constituent ainsi les fondations de cet album à la fois brutal et complexe et dont la densité, si elle n’égale pas celle d’un « Incurso », demandera néanmoins à l’auditeur quelques écoutes attentives avant d’en saisir tous les détails. Car si d’un point de vue des BPM, Exhumation Of Sacred Impunity est loin de figurer dans la liste des albums les plus véloces, ses structures extrêmement changeantes en font un album physique qui donne vraiment le sentiment d’en prendre plein les oreilles, tout le temps, partout, pendant presque quarante minutes.
Au-delà de ces structures polymorphes éreintantes, la musique de Posthumous Blasphemer doit également beaucoup au travail de son guitariste Alexander Gaydukevich aka Fiendharon. S’il est le principal compositeur à la barre de l’entité biélorusse, il est également un excellent guitariste rapide, technique et plutôt original qui assure ici à lui seul toutes les parties de guitare. Un sacré boulot tant Exhumation Of Sacred Impunity regorge de riffs nerveux et épileptiques, de leads et autres soli mélodiques ("Drowning In Brutality" à 3:36, "Symbol Of Despair" à 2:16 et 3:48, "Bloody Hatchet Of Forgiveness" à 3:41, "From Faith To Sadism" à 3:59, la conclusion de "Second Coming Instincts" qui reprend le thème de l’introduction "Rivers Of Poisoned Faith") ou encore de séquences en sweep plus ou moins longues à faire pleurer - si ce n’est démissionner - tous ceux qui grattent péniblement leurs six cordes dans leurs chambres ("Ash For Utopia" à 2:37, le début hallucinant de "Drowning In Brutality", les multiples fulgurances sur "Symbol Of Despair", "Mind Mutilation Substance" à 0:20 et 3:38, "Bloody Hatchet Of Forgiveness" à 3:17, "Second Coming Instincts" à 2:06). Bref, Alexander Gaydukevich est loin d’être un manchot et son jeu varié, tantôt dissonant, tantôt syncopé, tantôt mélodique, tantôt rapide, tantôt plus mesuré offre à Posthumous Blasphemer un panel de sonorités qui donne pas mal de couleur à ce Brutal Death technique sans concession.
Mais Fiedharon n’est pas le seul à tirer son épingle du jeu. Son collègue bassiste n’est pas en reste, offrant de nombreuses séquences au groove venimeux en faisant résonner avec énergie les cinq cordes de son instrument. Finalement, il n’y a que le chant et la batterie qui se montrent tous les deux plus "classiques" ou en tout cas moins marquants. A leur décharge, je n’ai rien à leur reprocher. Le growl de Zubov est classique et amène peu de variations mais se montre néanmoins efficace et surtout naturel. Tout comme la batterie de Dan dont le seul défaut concerne selon moi le son de caisse claire sur les parties blastées qui claque un peu trop à mon goût. Pour le reste, la production est excellente grâce à un son moderne mais pas non plus aseptisé.
Si comme moi vous avez loupé la sortie de cet album en 2014, je ne saurais que trop vous conseiller d’y remédier en y jetant au plus vite une oreille attentive. La Biélorussie a engendré bien des horreurs en matière de Brutal Death mais Posthumous Blasphemer n’en fait assurément pas partie et relève même très haut le niveau grâce à un Exhumation Of Sacred Impunity particulièrement abouti qui tend quand même à lorgner pas mal du côté d’un Spawn Of Possession à qui ils me font énormément penser. Une comparaison élogieuse mais justifiée qui je l’espère donnera suite à un prochain album encore meilleur. Quoi qu’il en soit, il serait bien dommage de passer à côté de Posthumous Blasphemer pour les mêmes raisons qui m’ont poussé à l’ignorer jusqu’à il y a tout juste quelques semaines.
| AxGxB 13 Mai 2015 - 1549 lectures |
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