Scent Of Death - Of Martyrs's Agony And Hate

Un an. Plus d'un an que j'ai promis de chroniquer cet album. On me l'a même proposé gratos. Rien n'y a fait. Pourquoi? Je n'en sais foutre rien. Les raisons de ce retard, on s'en branle de toute façon. Le principal, c'est qu'il apparaisse enfin dans nos colonnes. Mieux vaut tard que jamais, en somme. Car ce Of Martyrs's Agony And Hate méritait vraiment qu'on se penche sur son cas.

Ce que je fais depuis des mois d'ailleurs, écoutant toujours l'album au moins deux-trois fois par mois depuis sa sortie fin 2012. Je me suis dis qu'il serait peut-être temps de parler de la bête avant que ne démarre 2014. C'est désormais chose faite. Scent Of Death c'est bon, mangez-en. Voilà. De rien.

Quoi? Développer ma pensée? Alors que je peine à bouger mes doigts boudinés par les excès gastronomiques de fin d'année et que je n'ai toujours pas fini GTA V? La belle pochette blasphématoire ne vous suffit pas à comprendre ce qui vous attend? Il y a même des extraits pour les moins perspicaces! Il faut vraiment vous mâcher tout le travail!

Scent Of Death nous vient donc d'Espagne. Et s'il ne jouit pas de la même popularité que d'autres formations de bourrinos de la scène ibérique telles Avulsed, Wormed ou Haemorrhage, sa naissance ne date pourtant pas d'hier. Formé dès 1998, le groupe avance simplement à pas d'escargot tétraplégique. Un EP auto-produit, Entangled In Hate, en 2002 puis un full-length sous le titre de Woven In The Book Of Hate sorti en 2005 sur le mystérieux label Bloody Productions, voilà à quoi se résumait la discographie du groupe jusqu'ici. C'est donc après un long break de 7 ans que Scent Of Death refait surface chez Pathologically Explicit Recordings (distribution US par Sevared Records) avec un second full-length, le Of Martyrs's Agony And Hate qui nous intéresse aujourd'hui et qui m'a permis de faire connaissance avec le talentueux quintette.

Talentueux, parce que Scent Of Death réussit à pratiquer un brutal death intense sans ennuyer en gardant le même niveau d'exigence tout au long des presque 40 minutes de l'opus et en sachant varier le jeu juste ce qu'il faut pour faire respirer la musique sans trop casser le rythme. Certains morceaux sortent du lot comme "The Fathers's Sins" (ça mitraille du début à la fin!) ou "Sear Me In A Sea Of Snakes" (pour une fin d'album retentissante) mais dans l'ensemble, Of Martyrs's Agony And Hate s'avère très homogène et d'une rare qualité. Le disque s'ouvre d'ailleurs sur le puissant "Awakening Of The Liar" dont le titre renvoie à un certain Hate à une époque où les Polonais faisaient encore de la bonne musique. Et de Pologne, Scent Of Death aurait tout à fait pu en venir vu la puissance, la brutalité, l'ambiance sombre et la maîtrise technique dégagée. Behemoth vient ainsi à l'esprit. Mais c'est en fait surtout Morbid Angel la principale influence du combo espagnol. Une influence encore plus palpable quand Scent Of Death ralentit sur du mid-tempo groovy et dark. "Ego Te Provoco" fait ainsi écho à "Where The Slime Lives". Des riffs rappelant la bande à Azagthoth, on en croisera un paquet. Scent Of Death, comme beaucoup, ne brille donc pas par son originalité. Peu importe tant que la qualité suit, ce qui est le cas pour la formation. D'autres influences viennent en plus enrichir la musique des Ibériques. Les blast-beats mitraillettes quasi constants à la Krisiun (quelle santé ce batteur, il nous sort même quelques gravity comme sur "Feeling The Fear", réenregistrement de 2002) ainsi que l'intensité bouillonnante et le chaos maîtrisé proches d'un Hate Eternal font de Scent Of Death une chaude recommandation pour tous les amateurs de ce style de death metal éprouvant. On peut aussi rapprocher Scent Of Death des Tchèques de Heaving Earth, en moins dissonant et evil (les flammes de l'Enfer d'Immolation ne viennent pas nous lécher le visage) mais plus rapide et technique (ça bourre et ça joue!). Autre point important qui fait la différence, les leads. Le quintette de Galice a apporté un soin tout particulier dans ce secteur en proposant une palette de solos mélodiques inspirés et travaillés, sublimant des compositions déjà très convaincantes sans ça. On n'atteint pas encore le niveau des géniaux Beyond Mortal Dreams, nouveaux leaders en la matière, mais Scent Of Death se débrouille foutrement bien (médaille d'or pour celui de "Man Kills, God Too" à 2'41, somptueux!). Une des compétences qui m'a le plus impressionné chez la formation.

Avec tous ces bons points distribués, vous devez sans doute vous demander pourquoi la note ne monte pas plus haut que 7.5/10. D'abord, parce que. Ensuite, parce que le groupe me semble avoir encore une marge de progression. Enfin et surtout parce que tout n'est évidemment pas de bon goût. Entre autres quelques passages moins percutants, certains riffs moins marquants, des growls ultra génériques même si bien maîtrisés et épaulés de temps en temps par des shrieks, un son de batterie un peu trop plastique ou encore des blasts mitraillettes assez soûlants à force (j'aurais préféré davantage de blast-beats classiques).

On est toutefois souvent très proche d'un bon gros 8/10. En ces temps de disette, il ne faudrait pas dédaigner le peu de vrais bons albums qui sortent. Of Martyrs's Agony And Hate est de ceux-là. Scent Of Death peut encore se perfectionner mais sur ce qu'il démontre ici, il faudrait être bien difficile pour ne pas voir chez les Espagnols un potentiel important. Les groupes de brutal death avec un tel feeling, notamment niveau leads, se font rares et le combo est d'autant plus méritant. Si vous aimez votre death metal brutal, rapide, intense, technique et non dénué de mélodie, si des noms tels que Morbid Angel, Krisiun, Hate Eternal et Behemoth vous parlent, vous savez ce qu'il vous reste à faire. Et si Scent Of Death veut confirmer et s'installer parmi les formations de BDM qui comptent, il lui faudra travailler plus vite et faire encore mieux. Challenge accepted?

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