Mais qu'est-ce que c'est que ce bordel nom d'un foutre! Plus de chroniques de brutal death, du screamo de pleureuse, du post-rock de hipster, trop de heavy de tarlouze et de black metal qui fait pleurer Alain Jakubowicz. Tout juste peut-on se rattraper avec du death old-school! Thrashocore, c'était mieux avant! La preuve, ça fait cinq mois que Gorgasm a sorti son nouvel album
Destined To Violate et pas une ligne sur le site! Il y a un ou deux ans, le disque aurait été chroniqué en top priorité. Mais non, le Keyser maintenant il préfère nous emmerder avec ses groupes de heavy dont tout le monde se contrefout ici!
Ami bourrin, sache que je ne t'en veux pas! Je comprends même ton désarroi à une époque où les bonnes sorties brutal death se comptent sur les doigts de la main droite de Tony Iommi. Alors si le peu d'albums valant le coup n'est même pas chroniqué sur Thrasho où va le monde! Droit dans le mur ma bonne dame! En attendant, tu peux sécher tes larmes mais garder tes mouchoirs pour une activité plus juteuse. Car Thrasho t'amène
Destined To Violate sur un plateau juste avant Noël!
On avait quitté Gorgasm un peu fâché. Pas trop non plus puisque
Orgy Of Murder restait infiniment supérieur à 90% du reste de la scène BDM américaine, mais quand même un peu. C'est que le précédent album, marqué par un line-up quasi entièrement renouvelé par des membres de Human Filleted, laissant Tom Leski comme unique membre originel, dénotait dans la discographie jusque-là exemplaire du groupe par son côté slammy trop prononcé. Lui qui avait fait tant d'efforts pour se démarquer par son mélange fameux de brutalité, de groove, de mélodie et de technicité s'en trouvait réduit à faire du slam death! Gorgasm n'était plus Gorgasm! Bon, je grossis le trait parce que ce n'est pas tout à fait vrai et que j'avais tout de même bien aimé l'opus mais c'est ce qui ressortait de ce
Orgy Of Murder polémique pour les fans de la première heure qui préféraient se tourner vers
Peshmerga (RIP) aka 3/4 de l'ancien line-up de Gorgasm et son
Murderous Acts Of Cruelty davantage gorgasmique.
Gorgasm allait-il poursuivre dans cette voie plus graisseuse et générique? C'était tout le suspense de
Destined To Violate, sorti fin juin sur le petit label brutal death qui monte, New Standard Elite (Abhorrent Castigation, Cerebral Effusion, Euphegenia...). Mais différents indices laissaient supposer le contraire. D'abord les discours du groupe lui-même indiquant un retour aux sources. On sait ce que valent les commentaires des musiciens sur leurs propres réalisations (rien!) mais tout de même. Puis en apprenant le nom de l'album et la tracklist. "Destined To Violate" est la première moitié de la démo 2-titres de 2006. "Visceral Discharge" la deuxième. "Kuntkiller", le titre annoncé de l'album qui n'a jamais vu le jour suite au split de 2008. Et "Corpsified", sur laquelle Shaun LaCanne de Putrid Pile vient pousser la chansonnette, un vieux morceau exhumé de la toute première démo du combo (1996!). Enfin, cette pochette au crayon de Jon Zig. Oubliée la merde plastique photoshoppée de
Orgy Of Murder. Là c'est laid aussi mais on retrouve un côté plus authentique dans le gore bis type série Z cher au groupe et ses thématiques grand-guignolesques. Des morceaux comme "Kuntkiller", "Funeral Gangbang", "Carnivwhore", "Preserved For Pleasure", "Lubricated In Vomit" ou "Mouthful Of Menstruation" annonçait en effet un programme bien misogyne comme on les aime! Qui c'est qui va encore trinquer?! Planquez les chiennes de garde parce que ça ne va pas être joli à voir!
Mais joli à entendre par contre! Enfin, "joli", on se comprend! Effectivement, Gorgasm n'avait pas menti sur le retour aux sources. Même s'il persiste encore, l'aspect slammy grassouillet a été mis en retrait. Les breakdowns groovy enrichis en graisse sont toujours là ("Starved For Perversion" à 1'30, "Funeral Gangbang" à 1'15 après un gros bass drop et à 2'50, "Carnivwhore" à 2'52, "Preserved For Pleasure" à 0'37, "Infected With Lunacy" à 1'09, "Sadistic Bliss" à 0'29...) mais beaucoup moins utilisés et plus intelligemment. Moi qui sais apprécier le style quand c'est bien fait, je n'ai rien à redire là-dessus. Le côté groovy a toujours fait partie du groupe après tout. On note d'ailleurs en passant une basse enfin revenue sur le devant de la scène. Et de toute façon, ces slam parts se font quand même foutrement jouissives. D'autant plus parmi le reste de la musique plus fidèle au style d'origine de l'ancien combo de Chicago depuis délocalisé dans l'Indiana. Gorgasm lâche ainsi tout ce qu'il a sur un tonitruant
Destined To Violate joué pieds au plancher la plupart du temps. Une intensité de tous les instants marquée par une forte propension à enchaîner les morceaux courts et expéditifs (à ce petit jeu le gagnant est "Lubricated In Vomit" et ses 1'36!), morceaux alignant les plans rapides sur fonds de semi-blasts épileptiques sans beaucoup de temps morts. Cette brutalité continue se trouve également accrue par le retour des vocaux à trois que se partagent Anthony Voight, Tom Leski et Kyle Christman pour encore plus de puissance et d'intensité, même s'ils ne sont souvent que deux à se répondre ou à superposer leurs lignes. Un vrai bonheur en tout cas car il s'agit une des marques de fabrique de Gorgasm.
Son autre marque, ce sont les riffs sournoisement mélodiques. Quelque peu remisée au placard sur un
Orgy Of Murder plus concentré sur le groove, la mélodie refait surface sur ce quatrième full-length. Plus travaillé et surtout plus inspiré, le riffing se révèle la grande force de
Destined To Violate. On retrouve ainsi avec plaisir ce tissu mélodique omniprésent qui faisait la force du combo et manquait à la majorité des autres formations américaines de brutal death. Inutile de tout citer mais disons que le riff à 1'13 de "Kuntkiller" ou l'excellent break qui suit, "Destined To Violate" à 0'34, l'introduction de "Preserved For Pleasure", "Visceral Discharge" à 2'47 ou encore le break de "Depraved Depredation" à partir de la deuxième minute font partie des passages les plus marquants. Sans oublier pas mal de petites leads et solos bien branlés ("Destined To Violate" à 3'00, "Funeral Gangbang" à 3'11, "Carnivwhore" à 1'35, "Corpsified" à 2'40, etc.) venant enrichir des compositions courtes mais loin d'être vides. Gorgasm dit juste beaucoup de choses en peu de temps! On appréciera aussi les séquences où l'ambiance s'obscurcit par des riffs ou des leads plus sombres comme au début de "Kuntkiller" et "Funeral Gangbang", le break posé un peu technique de "Destined To Violate" vers 1'35, l'accélération à 1'22 sur "Carnivwhore", la lead dark de "Preserved For Pleasure" à 2'53, "Infected With Lunacy" à 1'32, le tremolo de "Sadistic Bliss" à 1'48...). Ce n'est pas Dead Congregation bien sûr mais le tableau que dépeint Gorgasm a aussi du noir parmi le rouge sang bien gore majoritaire. Comprenez que si le BDM US manque souvent de véritable ambiance, ce n'est pas le cas ici. Et comme d'habitude, on a le droit à ces samples où le sexe faible prend cher. Écoutez les intros de "Starved For Perversion", "Destined To Violate", "Carnivwhore" (le criminel se moque de sa victime agonisante, priceless!), "Lubricated In Vomit" ("
Mmmmh I love the smell of your asshole", nous aussi on veut sentir!), "Sadistic Bliss" (bruit de gorge tranchée sur notes de piano lugubres suivi de suffocation, très excitant!), "Depraved Depredation" ("
she's just a fuck-tube!" extrait du film
Hobo With A Shotgun qui m'a l'air d'être une usine à quotes) et l'outro en fade out de "Mouthful Of Menstruation" (une femme terrorisée qui hurle, simple et efficace!). Bref tout un programme!
Et ce programme? Serait-il le meilleur jamais préparé par Gorgasm? Si je ne peux que me satisfaire de ce retour à un son plus en rapport avec le style et les capacités techniques d'une formation bien au-dessus de la médiocrité ambiante, je réponds par la négative.
Bleeding Profusely et surtout
Masticate To Dominate, l'apogée du groupe, restent supérieurs à ce
Destined To Violate qui est toutefois loin de démériter pour toutes les raisons évoquées plus haut. Mais il y a une chose qui m'énerve sur ce nouvel album, sans laquelle il aurait peut-être pu prétendre à encore mieux. Non pas le côté très répétitif des compositions bien présent mais plutôt excusable sur moins de quarante minutes (trente auraient néanmoins suffi). Plutôt l'overdose de semi-blasts contre lesquels j'ai toujours une dent. Alors d'accord ils sont joués à une vitesse bien plus importante que les semi-blasts patauds des innombrables clones de Disgorge et compagnie, font partie du style et ne sapent pas l'intensité. Mais bordel de couilles à putes, ça sonne quand même mieux quand ça blaste vraiment, non?! On entend tout de suite la différence les très rares fois où Kyle Christman balance la sauce sur "Carnivwhore", "Preserved For Pleasure" et "Mouthful Of Menstruation"!
Voilà mon gros grief envers
Destined To Violate qui autrement demeure une franche réussite. Car en ces temps troubles où trouver un bon album de brutal death à l'américaine s'avère plus compliqué que tomber sur un bon match du PSG (un point en deux matches contre des tocards, bravo les gars!), Gorgasm fait figure de messie. D'autant que l'on retrouve ici le Gorgasm pre-
Orgy Of Murder que l'on a tant aimé. Difficile donc de faire la fine bouche même si j'aime bien toujours trouver quelque chose à redire et que je reste agacé par tous ces semi-blasts irritants (et dans une moindre mesure le manque de variété des morceaux)!
Destined To Violate est donc bien la démonstration du talent de musiciens qui ont su, malgré la présence d'un seul rescapé de la grande époque, retrouver l'essence et la musique de Gorgasm, cette orgie de brutalité intense à base de riffs rapides agiles, de mélodies pernicieuses, de groove qui tâche et de misogynie outrancière. La vie rêvée quoi!
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