Le coup de foudre. Je crois que c'est ce qui s'est passé lors de ma première rencontre avec Gorgasm. C'était un après-midi d'été, il faisait chaud, lourd, écrasant et je suais plus qu'un sumo constipé sur ses chiottes. Torse nu bedonnant, tongues aux pieds noircis par celles-ci, ne portant comme seul vêtement que mon caleçon Donald , caleçon (acheté 14 euros à la boutique Disney des Champs Elysée) qui avait dû être string dans une vie antérieure vu sa propension à s'introduire là où il ne devrait pas malgré mes nombreux rappels à l'ordre, les cheveux collés à mon front par soit:
1) la transpiration
2) l'annulation de mon shampooing bimestriel
3) les deux,
un Yop pêche/nectarine (f'zait une promo chez Carrefour) à la main, j'étais pour ainsi dire aussi actif qu'un fonctionnaire de La Poste. Mais c'est quand on s'y attend le moins que notre vie bascule. Par un soudain élan de pur génie qui, je l'apprendrai quelques minutes plus tard, allait bouleverser mon existence à tout jamais, je me dis: "tiens, et si j'écoutais Gorgasm pour voir ce que ça donne, 'parait que c'est pas mal!". Pas mal, ouais j'étais loin du compte!
Après cet interlude "Keyser découvre Gorgasm", un nouvel épisode palpitant des "Aventures de Keyser", disséquons la bête. Continuant sur la lancée de son excellent EP
Stabwound Intercourse (enfin 3 ans après quand même!), Gorgasm sort en 2001 son premier véritable album,
Bleeding Profusely. Rien qu'à la vue de cette lame maculée de sang, un frisson de plaisir malsain m'envahit. Mais que dire de la musique, si ce n'est qu'on est en présence d'une des boucheries les plus impressionnantes qu'il m'ait été donné d'entendre. Gorgasm ne fait pas dans la demi-mesure, on s'en était déjà aperçu sur
Stabwound Intercourse. Mais là, le groupe a mis les bouchés doubles: plus technique, plus bourrin, plus rapide, plus puissant et bénéficiant d'une prod' énorme,
Bleeding Profusely est une tuerie anonyme (ou une tuerie sans nom comme vous voulez) comme il en existe peu. 11 morceaux (dont un réenregistrement de "Disembodied" qui figurait déjà sur
Stabwound Intercourse) au format grind pour 23 minutes de barbarie jouissive (qui passent malheureusement trop vite), voilà le programme des réjouissances. Pas le temps de poser une intro d'arpège de 3 minutes, Gorgasm est là pour fracasser des crânes. Si vous n'aimez pas les blasts-beats, vous pouvez retourner jouer aux Playmobil parce qu'ici ils règnent en maître. Les parties de batterie sont d'ailleurs un des nombreux atouts de cet album: extrêmement physiques et techniques, d'une puissance et d'une vitesse incroyables, la performance m'a laissé sans voix. Et je ne vous raconte même pas les accélérations de blasts c'est délirant! Quand on sait que c'est Dave Culross (Malevolent Creation, ex-Suffocation) l'auteur du massacre, on comprend mieux pourquoi. Et s'il est vrai que les blasts se taillent la part du lion, n'allez pas croire que cet opus est linéaire, pas du tout. Gorgasm a la bonne idée de parsemer ses démonstrations de brutalité de breaks mid-tempo (voire lents) monstrueux à faire headbanguer même le plus atteint des tétraplégiques!
Mais là où Gorgasm se démarque nettement, c'est dans l'ingénuosité de ses riffs, tout sauf basiques, qui sont enrichis de nombreuses complexités intéressantes qu'il est d'ailleurs difficile de décrire. On pourrait presque parler de tissu mélodique (ça ne veut pas dire grand chose je sais mais c'est tout ce qui me vient à l'esprit!) dont les quelques soli ne constituent que la partie émergée de l'iceberg. A première vue uniquement bourrin, les bouchers de Gorgasm se révèlent en fait de fin techniciens. La basse de Russ Powell, mixée comme il faut pour me faire saliver, joue également une part importante dans ce complexe tissu musical. La digestion et l'assimilation de l'ensemble demandent ainsi de nombreuses écoutes mais n'ayez pas peur amis lecteurs à l'estomac fragile, et c'est une des nombreuses forces du combo américain, l'accroche se fait dès la première écoute malgré la technicité des compos et le rythme éffréné qui ne tient pas en place.
Gorgasm ne serait pas non plus Gorgasm sans son ambiance bien gore où les paroles d'une profondeur admirable relatent des pratiques sexuelles somme toute peu courantes mais dont il faut bien parler: "Fucking The Viscera", "Post Coital Truncation", "Lesbian Stool Orgy", "Fisticunt", z'en avez pour votre argent! On retrouve à nouveau le jeu des trois voix déjà de mise sur le précédent EP, avec une voix gutturale, une voix de goret (qui reste audible, on est pas encore au niveau d'un Prostitute Disfigurement!) et une voix criarde moins fréquente, un mélange qui évite tout sentiment d'ennui ou de linéarité.
Voilà c'est dit j'adore cet album et j'adore ce groupe. A la fois brutal, catchy, technique et discrètement mélodique, Gorgasm est vite devenu l'un de mes groupes chouchoux. Bon j'arrête de leur lécher le cul sinon on va douter de mon intégrité de chroniqueur incorruptible. En tout cas, Gorgasm mériterait un statut moins anecdotique. L'étiquette de digne successeur de Cannibal Corpse et Suffocation ne serait d'ailleurs pas usurpée!
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